Archives décembre 2018

Mon premier vrai sapin!

Depuis toujours, depuis toute petite en fait, je rêve d’aller mar

Depuis toujours, depuis toute petite en fait, je rêve d’aller marcher dans le bois parmi ses majestueux conifères. Les admirer, les tâter, les humer, bref en choisir UN. Un qui ornerait mon salon fièrement, avec ses apparats et couronné fièrement d’un ange festif.

Durant toute ma vie d’adulte, j’ai émis maintes et maintes fois le souhait d’aller choisir, couper et rapporter un superbe sapin, un VRAI sapin!

Oh, je sais bien que d’aucuns diraient que je ne suis pas dans mon ère de « il ne faut pas couper les arbres », mais que voulez‑vous, je ne suis clairement pas de mon temps pour la nostalgie du « bon vieux temps ».

Bref, dimanche dernier, forte de mon envie de toujours, j’ai amené mes trois enfants sur une ferme de sapins de Noël! Vous auriez dû voir leurs yeux s’illuminer encore plus que les guirlandes multicolores du temps des fêtes. Dix mille étoiles resplendissaient dans leurs regards d’enfants et assurément autant d’étoiles dans les miens!

Nous avons rejoint la plantation avec les fesses humides, bien installés sur des bottes de foin mouillées, dans une longue carriole tirée par un tracteur de ferme. Mon plus jeune étant un amoureux de tout ce qui contient un moteur était au paradis du haut de ses six ans!

Nous avons marché calmement, non pas du tout! Nous étions aussi excités que le matin de Noël!

Bref, nous avons couru parmi les arbres, attendant patiemment le choix de leur futur acquéreur.

— Celui‑ci, maman?

— Celui‑là?

Jusqu’au moment où, de façon unanime, de nos quatre voix, nous nous sommes arrêtés devant LE sapin!

— Le voilà!

Avec mon aîné, nous avons scié et en équipe, nous avons rapporté à la charrette le résultat de notre labeur. Il a été attaché et c’est de peine et de misère que néophyte que je suis (j’avais oublié d’apporter de la corde…), j’ai réussi à caser notre arbre à l’intérieur de ma Mazda 5!

Depuis, il trône fièrement, de bleu et de blanc vêtu dans notre salon. Je suis heureuse de cette expérience. Malgré les épines, l’odeur qui circule dans la maison est simplement sublime!

Je ne sais pas si nous renouvellerons l’expérience l’an prochain (reste à voir comment se passeront les prochaines semaines!), mais une chose est certaine, sur ma checklist, le VRAI sapin est barré!

Avez-vous de ces histoires de coupe de sapin à me partager?

Simplement, Ghislaine

Cher futur enseignant…

On te rabat sûrement les oreilles avec tes futures vacances d’ét

On te rabat sûrement les oreilles avec tes futures vacances d’été…😉

Avec tout ce qu’on raconte dans les médias, on doit souvent te demander si tu es certain de ton choix.

Tu crains sans doute tes débuts dans la profession, les moments d’incertitude, la peur de te tromper, le jugement des parents à ton égard.

Tu souhaites assurément que les petits humains qui seront devant toi, chaque jour, t’aiment.

J’aimerais te confier quelques vérités sur le métier. Te mettre au fait qu’en ce moment, notre métier, il comporte des défis et que tes vacances d’été, tu les auras pleinement méritées.

Depuis longtemps, il m’arrive de faire de l’insomnie; penser à un élève, imaginer une solution miracle pour l’aider, me souvenir d’une rencontre et tant encore.

La nuit dernière, pour la première fois, j’ai dormi sur une oreille, mais parce que j’ai eu peur.

Peur de mettre mes collègues dans le trouble.

Savais-tu que les enseignants se font rares? Que ceux qui font le choix de partager leur quotidien et leurs connaissances avec les jeunes, il s’en fait de moins en moins?

Alors quand ton enfant est malade, tu angoisses.

Y aura-t-il quelqu’un pour me remplacer? Est-ce que mes collègues devront se partager ma tâche, augmentant, du même coup, la leur?

La situation est grave.

Toutefois, j’aimerais te dire tant d’autres choses…

Souvent, tu feras la différence pour un enfant. Peut-être même sans le savoir.

Lorsque tu constateras les progrès de tes élèves, un sentiment de fierté immense t’envahira; tu seras fier de toi (il le faut!), mais surtout, de chacun d’eux.

Petit à petit, tu forgeras le style d’enseignant que tu veux devenir.

Chaque jour, tu apprendras. Sois bien à l’écoute des enfants; ils te conduiront sur des chemins significatifs que tu n’aurais peut-être pas pensé explorer…

Tes petits humains, tu les aimeras. Certains vont te marquer à jamais. Toi aussi, tu laisseras une trace dans leur cœur.

Futur enseignant, on a besoin de toi!

Je veux simplement te dire que même si tu fais le choix de ramener des devoirs à la maison pour la vie, tu seras heureux et comblé!

Futur enseignant, je t’attends…

Karine Lamarche

 

Au bout de sa route

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C’est arrivé au fil des jours. Au début, je n’ai pas voulu voir. Je n’ai pas voulu y croire non plus. C’est cliché, mais c’était quand même comme ça : ça arrivait aux autres, mais pas à moi.

 

Je perdais mes couleurs. Je devenais gris terne. Même pas un beau gris. La vie, ma vie, perdait aussi un peu de ses couleurs. Mon travail m’épuisait. Je n’y arrivais plus. Ça m’a pris beaucoup de temps avant de le reconnaître. Probablement trop. Je me suis perdue solide.

 

J’ai commencé à oublier des choses. Futiles, puis importantes. La concentration avait oublié de se concentrer sur moi. Les hamsters qui couraient dans ma tête se sont mis à faire des bébés et dieu sait que ça se reproduit vite ces bibittes‑là. L’anxiété prenait sa place tranquillement mais sûrement. Je perdais le contrôle. Et ça m’effrayait. Et quand on a peur, eh bien, on fait deux choses : on affronte le monstre avec sa lampe de poche ou on se cache en dessous des couvertures. J’ai choisi les couvertures.

 

Je ne me suis pas bien cachée. Je devenais de plus en plus fatiguée, de plus en plus fragile. J’arrivais toujours à maintenir la façade pour moi, pour ma famille, pour mes collègues, mais je sentais bien que quelque chose en moi s’effritait. Je ne voulais pas. Je voulais être un beau paysage de Monet. Un beau lac bleu pastel avec de petits nénuphars dessus. Je me sentais plutôt comme une toile de Picasso. Tout abstraite. Toute défaite. Une belle toile, mais chaotique.

 

J’ai rapporté du travail à la maison. Des fois pour vrai, des fois dans ma tête. J’enchaînais les heures supplémentaires parce que tout était plus long, plus difficile à faire, me demandait plus d’énergie. La fille était brûlée, mais travaillait plus. J’essayais de reprendre le rythme. Ça n’a pas fonctionné.

 

À la maison, rien n’allait plus. Les demandes de mes enfants m’irritaient, tout comme leur insouciance. Ça courait partout, ça riait fort, ça criait quand on les chatouillait. Un genre d’allergie au bonheur. J’ai failli m’acheter des bouchons pour les oreilles. Je me sentais coupable. Je n’y arrivais plus au travail, je n’y arrivais plus à la maison. Mon homme voulait faire l’amour. Moi, je voulais dormir.

 

 

Et le matin est arrivé. Un évènement et je me suis effondrée. J’ai réussi de peine et de misère à sortir du bureau et je suis allée me réfugier dans ma voiture. Milieu neutre et connu. Pas bon et rassurant comme la maison mais bon, j’ai pris ce que j’avais pas loin. Sangloter à ne plus respirer. Je me suis dit que c’était fini. Je me suis dit que je l’étais aussi. Ce matin‑là, je ne suis pas retournée au bureau. Je me suis inventé une urgence avec les enfants. Mais l’urgence, pour vrai, c’était moi.

 

Ça m’aura pris des mois, si ce n’est pas un an pour m’être rendue là. Dans le fond de ma peine, dans mon sentiment d’incompétence au travail qui s’est transformé en sentiment d’incompétence de maman, puis de conjointe, puis de sœur, puis d’amie, etc. J’ai eu mal. Je somatisais de partout, mon corps réagissait au fait que je ne veuille pas arrêter. Mes émotions devenaient de plus en plus difficiles à gérer. J’avais l’impression d’avoir perdu la bataille. J’étais une perdante. Et ça, tout ça, ça m’a fait beaucoup pleurer.

 

J’ai mis mes couvertures dans la salle de lavage et j’ai allumé la lumière, même pas la lampe de poche. J’ai parlé à mon conjoint, il m’a donné sa main et j’ai respiré mieux. Je suis allée voir mon médecin, j’ai arrêté de travailler et je me suis posé un million de questions. J’ai finalement quitté le domaine d’emploi dans lequel je travaillais depuis plus de dix ans. Aujourd’hui, je suis ailleurs. Je suis à la maison. Mais je suis rose. Un beau petit cochon avec une petite patte cassée, mais ça va aller. Ça prendra le temps qu’il faudra. Là, j’ai des enfants qui veulent rire et se faire chatouiller.

 

Eva Staire