Famille portes ouvertes — Texte : Nathalie Courcy

Quand j’étais jeune, j’étais une fille de gang. J’avais bien sûr ma garde rapprochée et je me réservais plein de moments seule. Mais le sentiment d’appartenance si important dans le développement des ados, je l’ai vécu à fond.

J’ai passé quatre années dans les cadets de l’air, avant de passer quatre autres années comme instructeur de cadets. Aussi bien dire que mes fins de semaine, mes soirées, mes vacances, ça se passait en groupe. Les camps d’été, la fanfare, les cours, les activités. Quand je n’étais pas avec une gang de cadets, j’étais avec une gang du collège… qui était surtout composée… de cadets.

Gars, filles, filles, gars, pas de différence. On avait du fun, on apprenait, c’est ce qui comptait. On jouait de la musique encore plus qu’on en écoutait. On dansait des slows à 120 autour du plancher de danse.

Je ne me souviens pas d’une seule fois où ma mère a refusé que j’invite mes amis ou que j’aille à une activité avec eux. La confiance régnait. Il y avait parfois de l’alcool, mais rarement de façon décadente. Et dans ce temps-là, c’est moi qui ramassais les autres (et qui leur lavais les cheveux avant d’appeler leurs parents…)

Et quand j’ai commencé à travailler pour payer mes études, c’était encore une job de gang. Une quinzaine de guides dans une salle beaucoup trop minuscule, mais si chaleureuse ! On passait 10 heures par jour ensemble dans le jour. On quittait le travail pour sortir en ville et fêter dans les festivals. C’était rarement silencieux.

J’avais hâte que mes enfants invitent plein d’amis à la maison. Les entendre rire, raconter plein d’histoires, parler trop fort, se coucher trop tard. En toute sécurité.

Mes enfants se sentent moins interpelés par la gang. J’étais aussi réservée qu’eux dans le temps, mais différemment. C’est vrai que si on voulait se parler, il y avait trois options : le téléphone à fil boudiné (et ma foi, on en a abusé !), une visite en personne (toc toc toc, viens-tu jouer ?) et les signaux de fumée.

Donc, on en a passé du temps ensemble à délirer, à refaire le monde, à se créer des insides et des souvenirs.

Mes enfants parlent probablement autant à leurs amis, mais différemment. Un éclat de rire par texto interposé, c’est moins libérateur. Mais j’imagine que ça fait la job ?…

Ce soir, c’est fête. Ma fille a invité des amies. Ça papote, ça popotte, ça jase, ça rit. Je me suis éclipsée pour leur laisser l’espace, mais de mon bureau, j’entends leurs voix heureuses. Et ça me fait sourire. Profitez-en, les girls ! Les liens humains, c’est ce qu’il y a de plus beau.

Nathalie Courcy



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