Archives décembre 2020

Faites-vous partie du 10 % ?

3 décembre, journée internationale des personnes handicap

3 décembre, journée internationale des personnes handicapées.

Levez la main (ou sifflez, si vous ne pouvez pas lever la main), ceux qui se considèrent handicapés ou qui ont un proche handicapé.

Combien de Québécoises et de Québécois souffrent d’une incapacité handicapante, selon vous ?

Qui est considéré comme handicapé ? Si tu as tes deux yeux, tes deux oreilles, tes deux bras et tes deux jambes, ça roule, n’est-ce pas ? Mais le handicap peut être divers, il peut même être invisible. Il peut être temporaire, permanent, périodique… Chose certaine, s’il vous dérange, imaginez à quel point les personnes qui le portent tous les jours doivent se sentir dérangées par leur handicap !

Pour assouvir votre soif immense de connaissances, près de 10 % de la population québécoise de 15 ans et plus serait atteinte d’au moins une incapacité. Parce que comme plusieurs désagréments de la vie, ça vient souvent accompagné. Un diagnostic en annonce souvent un autre.

Dans mon jeune temps, une personne handicapée se déplaçait en fauteuil roulant ou en planche à roulettes (je ne parle pas des ados qui roulent pour aller au dépanneur du coin, mais bien de cet homme sympathique qui sillonnait les rues du village sur sa planche parce que la vie avait oublié de lui donner des jambes). Une personne handicapée pouvait aussi avoir un retard mental ou se promener avec une canne blanche. C’était limité comme vision, mais c’était l’époque.

Avec le temps, la vision s’est élargie. On comprend maintenant qu’un handicap est une incapacité partielle ou totale à accomplir certaines activités de base comme se nourrir, aller à l’école, travailler, se déplacer, apprendre, etc. Votre collègue qui souffre de douleurs chroniques à cause d’une fibromyalgie, votre enfant qui a un déficit d’attention ou une dyslexie, votre mère qui n’entend plus grand-chose ou votre oncle qui entend des voix, votre ami qui a vu trop d’explosions en terrains minés et qui est revenu changé, traumatisé… ils ont tous un certain degré de handicap. Ces situations ne mènent pas nécessairement à une déclaration officielle au gouvernement ou à des subventions, mais elles ont toutes un impact sur la vie de la personne atteinte et sur son entourage.

Donc, quelqu’un qui a ses deux yeux, ses deux oreilles, ses deux bras et ses deux jambes peut être handicapé, à ses propres yeux et peut-être aussi aux yeux du gouvernement. Ça peut sembler banal, mais dans certains cas, le soutien financier s’avère essentiel parce qu’être dans l’incapacité de cuisiner, de marcher, d’apprendre, de parler, de gérer ses émotions ou de faire son budget, ça peut coûter cher et ça peut même être dangereux si on ne reçoit pas les soins appropriés.

Certains handicaps sont invisibles et même silencieux. Ils prennent du temps à être diagnostiqués et traités. Ils peuvent générer de la gêne, de la honte, des non-dits. La personne qui en souffre a le droit de révéler sa condition ou non à son employeur par exemple. Le silence peut malheureusement limiter l’aide et l’adaptation de l’environnement de travail. Même chose pour l’école et la famille. On veut à tout prix que nos enfants en difficulté d’apprentissage aient un plan d’intervention solide avec des moyens d’adaptation béton. Comme adultes, ne devrait-on pas aussi demander que des moyens (souvent gratuits ou peu dispendieux) soient mis en place pour qu’on puisse s’accomplir dans notre milieu de vie et de travail ? Une chaise adaptée, un lecteur d’écran, un preneur de notes pour les réunions, un poste de travail plus silencieux ou exempt de parfums, un horaire adapté… ce n’est pas juste pour les moins de 18 ans ! Encore faut-il en parler et proposer des pistes de solutions.

Dans tout ça, la clé, c’est toujours la sensibilisation et l’information. Communication is the key.

Si on avait plus entendu parler des handicaps invisibles quand j’étais petite, peut-être qu’on aurait moins potiné à propos du gars qui était parti en ambulance après une tentative de suicide. Ou qu’on aurait moins jugé la fille qui avait donc de la misère à mémoriser ses tables de calcul mental. Ou qu’on aurait pu nommer avec les vrais mots ce qui rendait madame Unetelle un peu coucou.

Les personnes handicapées, officiellement ou pas, ouvertement ou en silence, se seraient sûrement senties portées par tout un village, au lieu d’avoir honte de se promener dans le village.

3 décembre : n’est-ce pas une belle journée pour poser un regard différent sur une personne handicapée, pour lui poser la question : « Qu’est-ce qui te ferait du bien ? », et pour poser un geste concret et simplement gentil ?

Go, vous avez la capacité de le faire !

Nathalie Courcy

Pour Noël, ressortons nos classiques

Encore un texte sur Noël en temps de COVID. Ouais… c’est lourd,

Encore un texte sur Noël en temps de COVID. Ouais… c’est lourd, comme diraient mes ados. C’est vrai. C’est lourd. Pour cette année exceptionnelle, on s’y attendait. Alors, réfléchissons. Comment rendre ce temps des fêtes positif ? Même si on travaille pendant les fêtes, on peut quand même se rendre la vie plus agréable.

D’abord, fermons la télé. Être informé de l’actualité, c’est important. Mais connaître le nombre de cas de contamination à la COVID, chaque jour, chaque heure, ce n’est pas nécessaire. Alors étape 1, on déconnecte. Pourquoi ne pas en profiter pour déconnecter des médias sociaux pour quelques jours ?

Réfléchissons à toutes les activités qui nous plaisent et qui nous font plaisir. Ce n’est pas nécessaire d’être coûteux ni d’être très organisé. Donc, étape 2, on se fait une liste de plaisirs.

Voici une liste de petits bonheurs qui me font sourire, vous serez peut-être inspirés :

– Marcher tard le soir quand il neige à plein ciel.

– Apporter des chocolats chauds et partir en voiture pour visiter les décorations de Noël des plus beaux quartiers de notre ville (avec la musique de Noël à tue-tête, évidemment).

– Faire un feu à l’extérieur et y faire cuire des saucisses ou des rôties. Pourquoi ne pas se faire des guimauves grillées que l’on glisse dans un verre de liqueur de café (Bailey’s, ou des produits québécois comme Barista ou Hywilde) ?

– Aller glisser comme des enfants, même sans enfants.

– Préparer un pique-nique d’hiver : une soupe poulet et nouilles dans un Thermos, des biscottes et du fromage, et aller manger à un endroit où la vue est magnifique.

– Ramasser des branchages pour créer des décorations de Noël.

– Faire le plus beau bonhomme de neige, même si on n’a pas d’enfants, et l’entretenir pour qu’il reste beau pendant tout le temps des fêtes.

Maintenant, pensons un peu aux autres. On ne peut pas se voir, mais cela ne nous empêche pas de penser à ceux qu’on aime. Notre étape 3 est de fêter avec notre famille, mais à distance. Il est temps de ressortir les vieux classiques. Allons frapper à la fenêtre des êtres aimés et chantons des cantiques de Noël. Fabriquons nous-mêmes des cartes de Noël comme le faisaient nos grands-mères et allons les poster. Même si on n’est pas la meilleure bricoleuse, un simple mot peut faire un bien immense. Appelons la famille que l’on voit normalement dans le temps des fêtes et prenons quelques minutes pour jaser. Parlons de tout et de rien, mais essayons de rester positifs.

Finalement, cette année, le temps des fêtes sera différent. Il faut se rendre à l’évidence. Si nous avons la santé, il ne tient qu’à nous de rendre ce moment le plus agréable possible. Je me permets donc de vous souhaiter de joyeuses fêtes !

Nancy Pedneault

Je ne vais pas bien, mais je ne te demande pas de solutions

« Oh. »

C’est la répon

« Oh. »

C’est la réponse que j’ai eue d’une amie que j’aime d’amour lorsque je lui ai répondu honnêtement à sa question.

Elle : Salut ma poule, tu ne posts plus sur Insta et je ne te vois pas souvent non plus en ligne nulle part. Ça va ?

Moi : Non, ça ne va pas bien. Pas du tout. Mon monde a éclaté et je crois que je suis en train d’abandonner.

Elle : Oh.

Voilà comment le malaise d’une réponse franche peut se traduire. Oh. Deux lettres toutes simples. Mais ohhhh combien lourdes de sens. Son malaise de se sentir obligée (ou pas) de demander le pourquoi de mon mal‑être. De ne pas avoir de réponse. De ne pas avoir non plus de solutions. C’est quand même lourd, quelqu’un qui ne va pas super bien. Ça teinte ton indice de bonheur personnel puisque ça ajoute un point d’alarme inattendu dans ta journée. Personne ne veut ça. Personne ne veut le bagage de l’autre. Amie ou non, c’est toujours un peu étrange d’avoir à absorber la peine de l’autre et la lui redonner en amour. Ça prend beaucoup de bienveillance envers soi ET l’autre.

Personne ne veut voir une face avec les yeux bouffis à force de pleurer tout un après-midi.

Je sais qu’elle le fait avec plein d’amour. Qu’elle veut bien, au final, savoir que je ne vais pas super bien. Mais mon cœur a fendu en voyant la peine dans ses yeux sur un Facetime trop court.

Parce que je dois recommencer dans une des sphères de ma vie qui a toujours été amazing. Parce qu’un processus judiciaire pour agression, c’est lourd et stressant. Parce que voir son réseau d’amies s’effondrer, c’est douloureux. Parce que le chômage refuse des demandes et qu’on ne peut rien y faire, malade ou non. Parce que, parce que, parce que.

Fait que je me suis obligée à sortir au Starbucks. Je pense devenir Barista à nouveau tellement ici, c’est mon safe place.

Ici, c’est doux. Je peux me permettre de ne pas aller, d’écrire que ma vie est lourde mais que j’essaie.

T’as un safe place toi ? Où c’pas grave si tu pleures devant un faux feu de foyer avec un Venti thé vert glacé secoué à la pêche et limonade trop cher ?

Recovery is hard, hey ?

Kim Boisvert

T’es bin trop fine, tu t’fais niaiser

C’est ça qu’elle m’a dit alors qu’on partageait notre éniÃ

C’est ça qu’elle m’a dit alors qu’on partageait notre énième coupe de vin.

Je comprends ses mots, mais je ne suis pas d’accord. Je m’explique.

C’était en référence au fait que j’avais pris le temps de jaser avec un SDF dans le coin d’un ancien boulot. Un bout de la ville riche en trucs locaux et underground. Ma personnalité funky y trouve son compte à chaque visite… J’me tannerai jamais. Surtout pas des gens qui tourbillonnent dans cette partie de la Grande Capitale Nationale.

Un gars super sympathique à qui il manquait quelques dents mais aucune lumière. De la conversation et des pantalons sales. Rien qui ne faisait en sorte qu’il mériterait moins de considération de ma part. Je me souviens que cette journée‑là, j’étais partie travailler avec les yeux dans le même trou et des bas de laine pour le chalet. Pas super chic pour une fille en com, mais par chance, on pouvait travailler même en pantoufles.

Je ne suis pas mieux que lui. J’assumais autant mon look que lui. J’avais aussi froid sinon plus. Il était du genre pas dérangeant. Ni déplacé. Il a le statut de quêteux mais moi, j’y vois surtout un humain.

Je donne rarement mon change sans échanger avec la personne qui me le demande.

Il est dans la rue. Il est bien et aime la liberté que ça lui offre. Les gens sont majoritairement sympathiques et les autres trop occupés sur leur iPhone.

« Il voulait juste ton argent », qu’elle me relance en déposant sa coupe de Chardonnay.

Oui. Et c’était clair. J’ai fait le choix de lui en donner. Mais j’ai aussi fait le choix de lui donner de mon temps. De la considération. De l’écoute.

Trop fine ? Non. Si tous prenaient le temps de considérer leur prochain, on n’aurait pas eu de gamin malien de 14 ans qui a cru bon de coudre son bulletin à l’intérieur de sa veste dans l’espoir d’une vie meilleure.

Prenez donc quelques minutes de votre temps pour considérer les gens qui vous entourent.

Kim Boisvert