Archives décembre 2022

L’humanicide continue. Texte: Nathalie Courcy

Geneviève. Nathalie.</spa

Geneviève.

Nathalie.

Anne-Marie.

Maryse.

Anne-Marie.

Michèle.

Annie.

Hélène.

Barbara. 

Maud.

Maryse.

Sonia.

Annie.

Barbara.

 

À ces 14 lumières forcées de s’éteindre le 6 décembre 1989, se sont ajoutées cette année Jasmine, Anne-Marie, Monique, Patricia, Madeleine, Cynthia, Mary… et tant d’autres. Des femmes tuées dans le silence. Parfois dans l’anonymat. Parfois dans la masse. Tant de femmes mortes pour rien. Juste parce que. Mortes sans. Mortes seules. Assassinées par des malsains. Tuées parce qu’elles avaient des seins? Tuées pour leur enlever tout le sens qu’elles donnaient au monde. 

 

Au Canada, une femme ou une fille est tuée tous les deux jours. 

Dans le monde, c’est une femme ou une fille qui est tuée par sa famille toutes les 11 minutes. 

Le temps d’écrire ce court texte, au moins deux humaines de sexe féminin ont été tuées par leur père, leur mère, leur frère, leur conjoint. 

Sans compter toutes les autres, tuées en dehors de leur famille. 

L’humanité peut-elle encore se permettre de perdre toutes ces âmes, toutes ces forces?

Poser la question c’est y répondre… en sachant que la solution n’est pas trouvée.

 

Les féminicides pleuvent. 

Les femmes pleurent. 

 

Chaque fois qu’on tue une femme, une fille, un enfant, un homme, aussi, on tue l’humanité. 

Et l’humanicide continue…

 

Nathalie Courcy

 

Le Gros positif de la non-monogamie – Texte: Roxy Ka

Le polyamour, c’est un mode de vie, c’est une façon de penser.

Le polyamour, c’est un mode de vie, c’est une façon de penser. C’est un mode de vie où la jalousie est gérée autrement. Où l’on ne se sent pas coupable d’éprouver des sentiments qui se situent entre l’amitié et l’amour pour plusieurs personnes. As-tu déjà été en couple, tu sors avec tes chums dans un bar, t’es assise et bang! Ta tête divague, ton imagination part et tu t’imagines en train de baiser la belle rousse assise sur le bord de la table d’à côté. 

Pis après, tu te sens mal en esti d’avoir pensé à ça! Parce que dans un couple monogame, t’es pas censée de penser de même! 

As-tu déjà donné un câlin à quelqu’un et ressenti un choc dans ton corps, partant de ton bas-ventre et te parcourant les tripes, te nouant la gorge, tu te décolles vite en criss parce que tu veux pas ressentir ce genre de sentiments pour quelqu’un d’autre que ton partenaire de vie.

J’ai exploré le polyamour. J’ai aimé deux personnes à la fois. Je me suis permis de laisser aller mon cœur pour deux êtres en même temps. Je sais que c’est possible. 

J’ai exploré le couple ouvert (non monogame = du sexe pour du sexe en dehors du couple ou en couple avec d’autres). Je sais que baiser à plusieurs, c’est fucking bon. Je sais que je suis crissement voyeuse, pis tu vas peut-être me traiter de fuckée, mais regarder celui/celle que j’aime faire jouir une autre personne me procure une jouissance vraiment intense! Je suis super fière de voir ma/mon partenaire de vie arriver à faire jouir quelqu’un d’autre que moi pis voir quelqu’un d’autre jouir, ça m’excite en criss. 

Ces deux modes de vie là ont un point en commun : la confiance.

Ça ouvre la communication, le dialogue, les conversations franches, ça travaille le moi, l’intérieur, ça amène à se poser des questions sur soi, à travailler sur soi-même. Pis surtout, on se rend compte que la jalousie, ça va loin. Ça va très loin. La jalousie, c’est négatif, c’est sournois, ça surprend. Et surtout, c’est ancré dans nos mœurs, dans notre société.  

Personnellement, j’ai réalisé qu’à cause des gens que j’ai côtoyés et de mon enfance, aux parents qui m’ont éduquée, je pensais, par réflexe, que les gens étaient mal intentionnés. Mon premier réflexe était de me méfier de tous. Parce que je n’avais pas confiance. Tout simplement… Le jour où j’ai compris ça, tout a déboulé pour moi. Le travail a commencé. 

J’ai appris à faire confiance. Quand tu fais confiance en ton partenaire de vie, tu fais confiance que ce qu’il dit est la vérité, tu fais confiance qu’il sait ce qu’il fait, du moins, qu’il t’en parle, et de cette façon, t’as la conscience tranquille que tu peux cheminer. 

La jalousie descend d’un cran. Et la magie opère! Tu deviens content pour l’autre. Et ça, c’est le plus beau sentiment ever! Fuck que moi dans ma vie, jusque-là, je n’étais pas souvent contente pour le bonheur de mon partenaire. C’est con hein? Je viens de loin! Je n’étais pas contente qu’il vive une joie sans que j’en fasse partie. C’est affreux quand je me relis! Ben c’est ça. Pis c’est de même que ça se passe pour beaucoup de couples monogames traditionnels. La jalousie c’est large. C’est pas juste : tu « cruises », t’as pas le droit. Non non, ça peut aller jusqu’à : t’as pas le droit d’être heureux si tu partages pas ce bonheur avec moi.

Si je reviens au terme « polyamour ». Je disais donc : le polyamour, c’est se donner le droit d’avoir plusieurs personnes qui occupent la place entre amitié et amour en même temps dans notre vie. Ça fait aussi en sorte que nos amours redeviennent des amis dans la douceur, sans drame, sans coupure, juste tout doucement. Ça fait qu’on peut coller nos amis, se coller en cuillère en écoutant un film, le prendre sur ses genoux et leur flatter les cheveux. Ça fait qu’on peut voyager avec qui on veut sans rendre de compte à personne, on peut aller au cinéma avec une ex, on peut parler des heures au téléphone avec qui on veut. Et surtout, on peut parler de tout ça, on peut partager de vive voix, parfois à travers des affrontements, des pleurs, de la colère, mais souvent, de la douceur, de l’accueil et de la bienveillance, ces beaux moments avec son partenaire de vie. Tout ça, ça ne se fait pas quand tu es dans un couple monogame traditionnel. 

Quand j’étais en couple avec le père de mes enfants, jamais je n’aurais osé penser pouvoir écouter un film collée avec un de mes amis! En couple polyamour, oui. 

Être ouvert dans sa relation avec son partenaire de vie apporte de la douceur quand on a trouvé la bonne formule pour les deux. 

Roxy Ka… Ça c’est Mon expérience personnelle. Ce sont Mes définitions de couple polyamoureux vs couple non monogame vs couple monogame. C’est d’où Je viens, c’est Mon parcours. 

Roxy Ka

 

Noël avec moins de cadeaux, mais l’essentiel – Texte : Stéphanie Dumas

Dernièrement, je ressentais une forme d’inconfort face à tout le

Dernièrement, je ressentais une forme d’inconfort face à tout le contenu de ma maison. Je ne sais pas pourquoi maintenant, mais je ressentais le besoin d’alléger mon quotidien et la multitude d’objets se trouvant dans mon foyer. L’approche des fêtes commençait aussi à générer une certaine forme d’anxiété face à tous les cadeaux qui allaient entrer.

Depuis quelques années déjà, je tente de diminuer la mare de cadeaux qui viennent avec cette période de festivités. Je ressens le besoin de retourner à l’essentiel, c’est-à-dire les moments ensemble. 

Je tente d’aller à contre-courant face aux habitudes de notre société. Je comprends que pour plusieurs, le fait de donner est un témoignage de leur amour. Mais bien souvent, ces objets ne font que procurer un bonheur éphémère de quelques minutes pour ensuite être noyé dans l’ensemble. De plus, certains de ces cadeaux offerts de bon cœur sont inutiles ou non appréciés par la personne qui les reçoit.

Pourquoi ne pas tenter de conscientiser vos proches en douceur si vous ressentez aussi cet inconfort? Pourquoi ne pas suggérer un seul cadeau par personne ou bien recommander d’offrir des activités que vous ferez ensemble? Les moments sont plus précieux que les objets qui prendront la poussière. Les enfants seront plus heureux d’aller faire une activité avec leurs proches que de prendre quelques minutes pour déballer cadeau après cadeau. Surtout que finalement, ils ne vont pas réellement les voir et les apprécier sur le coup.

Pour ceux chez qui le message ne passe pas, prenez le temps de faire une courte liste des objets qui seront utiles pour des besoins réels et demandez à ces personnes de choisir un seul élément dans celle-ci.

Privilégiez la qualité de l’acte d’offrir plutôt que la quantité en plus de savourer de beaux moments. Et passez de joyeuses fêtes!

Stéphanie Dumas

 

Ça tourne dans ma tête – Texte: Audrey Boissonneault

Étendue sur le sofa, l’arbre de Noël éclairant la pièce avec s

Étendue sur le sofa, l’arbre de Noël éclairant la pièce avec ses couleurs chaudes. L’insomnie qui me rattrape ainsi que mes pensées qui tournent sans relâche dans ma tête. Les palpitations de mon cœur qui ne demande qu’à sortir de mon corps.

J’ai ce sentiment de faiblesse qui me rappelle que je ne suis pas assez. Pour personne ni moi-même. Lorsque je ferme les yeux, j’ai ce film qui découle seconde après seconde, jusqu’à tant que je n’en puisse plus et que mes yeux cernés s’ouvrent à nouveau. 

La fraîcheur du plancher amène des frissons tout le long de ma colonne vertébrale. Mon reflet dans le miroir m’indique que j’ai besoin de plus d’heures de sommeil. Plusieurs diront que j’en ai déjà assez, sans savoir que la moitié du temps, je suis réveillée à supporter mes pensées très tourmentées.

Je prends une gorgée d’eau pour soulager ma bouche sèche malgré le serrement qui se retrouve au niveau de ma gorge. Je me dirige au lit ; juste avant, je frotte quelques gouttes d’huile essentielle de lavande sur mon oreiller, afin de mieux me reposer. J’ajoute une de mes huiles préférées dans mon diffuseur et je prends de grandes respirations en fermant mes yeux. 

Rien n’est parfait, rien ne le sera. Je croise les doigts avec l’espoir qu’un jour à la fois, tout se réglera. Même si plusieurs fois, l’anxiété s’empare de moi, un jour, la peur partira.

Audrey Boissonneault

 

Je m’excuse de pleurer… pourquoi, donc? Texte : Nathalie Courcy

Tes larmes montent aux yeux. Ta gorge se transforme en nœud coulant. Ta voix se tord et fond. Les p

Tes larmes montent aux yeux. Ta gorge se transforme en nœud coulant. Ta voix se tord et fond. Les pleurs creusent une rigole sur tes joues.

« Je m’excuse… »

 

Pourquoi t’excuses-tu? En quoi c’est important pour toi, de t’excuser? Parce qu’il faudrait donnnnncccc garder le contrôle sur ton visage, tes yeux et le regard des autres? Parce que tu veux prendre soin des autres avant de prendre soin de toi? Parce que les autres te jugent sûrement autant que tu te juges toi-même?

Tu t’excuses de quoi au juste? De pleurer? De te montrer vulnérable? Te laisser monter tes émotions? D’oser être toi-même? De prendre du temps pour vivre ce que tu as à vivre? De peut-être faire vivre des émotions aux autres? Et si tout ça avait sa raison d’être?

À qui t’excuses-tu? À ceux qui te regardent? À ceux qui t’entendent? À ceux qui peuvent t’écouter? À ceux qui t’ont fait pleurer?

Est-ce que quelqu’un t’a dit que tes larmes le dérangeaient? Ou peut-être que c’est toi, que tes larmes dérangent… Ou peut-être qu’elles te démangent depuis longtemps?

Et si ce dérangement était positif? Ben oui… voir quelqu’un s’émouvoir, ça peut rendre mal à l’aise, mais ça peut aussi donner l’exemple. Prouver que pleurer n’est pas dangereux. Montrer que pleurer, ça fait souvent du bien, peut-être sur le coup, peut-être après. Ça libère, n’est-ce pas… Ça dégage ce qui était pris en dedans. Ça désemprisonne. Ça crée de l’espace.

 

Combien de fois ai-je entendu des personnes, des femmes surtout, avouons-le, s’excuser parce qu’elles pleuraient devant une autre personne, devant un groupe? Ces temps-ci, parce que je suis en démarche de développement personnel, chaque semaine. Ça arrive systématiquement. Une personne s’exprime et pleure : « Je m’excuse ». Comme si c’était péché. Comme si on faisait du tort à l’autre en pleurant. C’est plutôt à soi qu’on fait du tort en ne se donnant pas la permission de pleurer. Ou en s’excusant de pleurer.

« Je m’excuse »… Ben non, vas-y, pleure si tu en ressens le besoin! Si ça monte, c’est que c’est là! Ça veut sortir, laisse aller! Si c’est devant d’autres personnes, c’est une bonne chose : tu n’es pas seule à porter ces larmes. Elles sont accueillies, guéries.

Quand tu pleures devant ton miroir, t’excuses-tu à la glace? T’excuses-tu à toi-même?

Quand tu pleures dans le bois ou dans la nuit, t’excuses-tu aux arbres, aux écureuils ou aux étoiles?

Et quand tu réprimes tes pleurs, t’excuses-tu à tes larmes de les garder pour toi? Leur dis-tu à quel point tu aimerais les laisser sortir, mais que tu ne t’en sens pas la force? Et si c’était plus facile que tu le penses… laisse aller, juste laisse aller.

 

Je suis loin d’être la plus grande Madeleine du monde. Mes larmes me surprennent parfois, au coin d’un œil, ou dans un racoin de mon cœur. Je les laisse être ce qu’elles ont le goût d’être : petites et humides, grandes et mouillantes, silencieuses ou bruyantes. Et j’essaie de les laisser être sans me sentir désolée qu’elles soient. Comme moi, elles ont le droit d’exister.

Et je ne m’en excuse pas.

Nathalie Courcy