Écoresponsable : un peu, beaucoup, pantoute?

L’autre soir, j’attendais dans une chaîne de restauration rapide pour me commander un petit café à emporter. Il n’y avait qu’une cliente devant moi, donc pas de stress : trente secondes et ce serait tiguidou! Ben non, toi! De tous les clients du monde, il fallait que je tombe sur une écoresponsable, une freak de l’environnement, une… « zéro déchet »! J’étais au bord du désespoir! Quand je l’ai vue sortir sa trâlée de plats de plastique et envoyer la petite caissière annoncer ses caprices aux employés dans la cuisine, j’ai sérieusement songé à tourner les talons avant qu’une veine me pète dans le front.

Vous savez, moi aussi, je contribue à préserver notre environnement. Il y a des jours où je me trouve même assez hot écologiquement parlant. J’ai un super bac à compostage dans le fond de ma cour : un bijou qui ferait saliver David Suzuki et Hubert Reeves, j’vous jure! Et ce n’est pas pour me vanter, mais mes trois enfants ont porté des couches lavables (à temps partiel, mais quand même!), mes filles ont porté les guenilles de la cousine et de la voisine, j’utilise des plats réutilisables dans les dîners des cocos, je lave les vêtements à l’eau froide (et à deux brassées par jour, ça doit compter un peu, non?), j’essaie d’acheter local, je recycle, etc.

Mais force est de constater que je suis loin d’être la meilleure amie de la Terre. Si je suis « verte », je suis sans doute du vert le plus pâle du spectre des couleurs : un p’tit vert menthe, genre. Il me pogne des lubies, mais généralement, ma paresse et mon manque de volonté me rattrapent assez vite.

Je dois faire mon mea culpa :

  • Je jette mes boîtes de conserve de pâte de tomates : ça me tente assez moyennement de vider un océan et ma réserve de patience pour les nettoyer avant de les mettre au recyclage (Non, mais! Y a-t-il quelque chose de plus difficile à laver que ça? Ciboulot!)
  • Je me suis payé le luxe à quelques reprises de servir des repas d’anniversaire dans des assiettes en styromousse avec des ustensiles en plastique : juste comme ça, pour me sauver de la vaisselle!
  • Je n’utilise pas, et n’utiliserai jamais, de Diva Cup: ça m’écœure au plus haut point! J’ai assez de me vider de mon sang tous les mois, je ne me mettrai pas à gerber par-dessus le marché!
  • J’ai environ vingt-cinq sacs réutilisables qui ne servent quasiment jamais, car je les oublie toujours dans ma valise d’auto (et pour en rajouter une couche, j’ai un véhicule sport utilitaire. Figurez-vous donc que ça coûte cher rouler « vert » et que ça accommode rarement les familles nombreuses!)
  • Chez nous, on ne mange pas bio : parce qu’un fruit au triple du prix, ça me coupe l’appétit! Pire encore, il m’arrive de manger des framboises et des mûres à même le casseau, sans les laver: Bonjour le chimique!
  • J’ai la ferme intention de continuer à utiliser de bons vieux essuie-tout parce qu’on va se le dire : il y a des choses que même ton torchon ne mérite pas de vivre!

En fin de compte, la petite madame « zéro déchet » du resto, je l’envie, OK? Oui! J’ai trouvé ça long attendre quinze minutes pour un café et je ne serai manifestement jamais aussi intense dans mon respect de l’environnement, mais j’admire son dévouement et ses convictions. J’ai des croûtes à manger avant d’être considérée comme écoresponsable, mais en attendant d’atteindre les standards des Suzuki de ce monde, je continuerai à tenter de réduire mon empreinte écologique, un petit geste à la fois.

Steph Nesteruk

 



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