J’ai une grosse famille… ouin, pis?

#jaiunegrossefamille

On a tous ce genre d’amie. Vous savez, le genre d’amie péteuse, celle qui est venue à l’épicerie uniquement pour acheter les ingrédients de son Général Tao qu’elle fera en souper. Son petit panier à bras posé sur la hanche. Celle qui te dit depuis des mois, voire des années, qu’elle va t’inviter à souper, mais qui te sort toujours des excuses bidon.

« Je t’inviterais bien à souper, mais les enfants qui aiment le Général Tao, y en a pas beaucoup. » Sur mon visage, il y a un sourire forcé, mais dans ma tête, je saute et trépigne en hurlant que mes enfants y aiment ça, le Tao.

Je continue de la regarder avec les yeux vides. J’ai réellement envie de lui faire une crise du bacon drette là dans l’allée des épices. Y’a pas juste mes enfants qui sont cinglés! Tu vois, y tiennent de leur mère.

Et comme si je n’étais pas déjà sur le bord de la folie, elle en rajoute.

« De toute façon, j’ai seulement six chaises. Ta grande famille (dit-elle avec dégoût ou mépris) remplirait ma table, plus de place pour personne. »

Je sens les fils de la folie qui se connectent dans ma tête. Non mais je ne sais pas sur quelle planète, elle vit. #laplanetedesexcuseslespluspochesdelhistoire

Je la vois, elle continue de parler. Je le sais parce que sa bouche bouge toujours. Mais moi, je n’entends plus rien. Même mon cerveau a déconnecté, il n’en pouvait plus d’entendre de telles conneries. Il a choisi la meilleure des deux options. La première étant : je déconnecte le sens de l’ouïe et la deuxième étant : je la ramasse par son foulard infini et je la brasse jusqu’à ce que son cerveau fonctionne normalement.

Je reviens subitement à la réalité. Je dois trouver un moyen de m’échapper de là. Je lui sors un « Booon! Je vais y aller! Faut bien que j’aille faire le souper pour ma tribu n’est‑ce pas? »

Elle me regarde un peu hébétée, parce que j’ai osé la couper dans l’élaboration de son menu et de son accord mets et vin.

Je pousse mon panier et me libère. Je vous jure que si elle pouvait lire dans mes pensées, voici ce qu’elle découvrirait :

« Tu peux te le fourrer où je pense, ton Général Tao et tant qu’à faire, tu peux aussi t’étouffer avec le bouchon de liège de ta bouteille vieillie dix ans. Moi, je vais aller faire des sandwichs accompagnés de crottes de fromage. Pis en plus, je vais pique-niquer en regardant un film d’animation. Tout en prenant une gorgée de vin acheté à l’épicerie. Bon souper!

Mélanie Paradis

 

 



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