Je vais être père et je freak

Un soir, alors que je venais à peine d’avoir 24 ans, ma blonde m’a réveillé à 3h du matin pour m’annoncer la plus grande des nouvelles: “Tu vas être père!”.

Comme un peu tout le monde, j’aurais aimé réagir en chanson avec un numéro digne de Glee, puis passer tout le reste de la nuit à préparer la chambre du petit en construisant moi-même les meubles avec du bois éco-responsable. Ce que j’ai appris à ce moment-là, c’est que la réalité n’est pas toujours aussi cute que dans les films de Disney.

J’allais être père. Ma réaction ?

Je crois avoir marmonné un “merci” pis un “on verra ça demain ok?”. Non non, n’applaudissez pas tout de suite! Je sais ce que vous pensez: “Il est génial cet homme”, “où puis-je trouver un père comme lui pour mon enfant?”. Get in line ! 😉

Un mois ou deux plus tard, on allait rejoindre des amis pour souper. Nous avions un plan secret de leur annoncer la nouvelle. Quand est venu le moment de sortir de l’auto, rien. Je suis resté figé. Ma blonde a questionné mon immobilisme et j’ai répondu en balbutiant quelque chose comme: “… merfiterm derf…”. J’étais complètement paralysé et incapable de parler. Ma blonde croyait y reconnaître mon humour parfois douteux et me rappella qu’on était en retard. J’avais la tête qui spinnait, le coeur qui voulait me sortir de la poitrine et la gorge grosse comme une aiguille. En me regardant, elle finit par comprendre.

Nous étions déjà un couple depuis 5 ans et moi ben, j’étais moi depuis 24 ans. Mais ni elle ni moi n’avions eu à faire à ce genre de réaction de ma part. Grâce aux effets de l’alcool ce soir-là, la soirée s’est quand même bien déroulée.

En rétrospective, je me rends compte que l’angoisse ne m’a jamais vraiment quitté pendant toute la grossesse. Une sorte d’anxiété étrange, latente et omniprésente. Un feeling que je n’avais jamais connu auparavant. À la naissance de mon fils, lorsque je l’ai tenu pour la première fois, mes genoux ont flanché et la pièce s’est mise à tourner. Cette fois, ce n’était pas la peur (ni l’alcool haha). C’est là que j’ai compris, ça venait de me frapper comme une tonne de brique… j’étais devenu père.

Vous vous demandez pourquoi je vous raconte tout ça? Parce que quand ça m’est arrivé, j’aurais vraiment aimé entendre une voix honnête, pas celle d’une hippie idéaliste qui écrit des livres sur les merveilles d’être parent. Une voix qui m’aurait dit que c’est correct et normal de freaker un peu, car c’est cette peur qui va t’aider à devenir un meilleur père.



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