Je suis une mère sauvage

Non, je n’ai pas été élevée par un ours au beau milieu de la jungle. Je n’aime simplement pas les grands évènements ni les grands rassemblements. J’angoisse juste à l’idée d’y penser. Je suis bien entourée des miens, c’est-à-dire de mon conjoint et mes enfants.

La plupart du temps, lorsque je suis dans une foule, je me sens extrêmement seule. Que ce soit des connaissances ou bien de parfaits inconnus, je n’ai aucun sentiment d’appartenance. J’observe les gens interagir et bien souvent, tel un film, le temps s’arrête. Le monde m’apparaît au ralenti. Les gens sourient, s’embrassent ou ont de grandes discussions sérieuses et moi, je suis là… mais qu’est-ce que je fais là? Pourquoi suis-je sortie de mon cher cocon douillet? Je n’ai rien à faire ici, moi…

Est-ce le syndrome de l’imposteur? Sûrement, d’une certaine façon. Quoique j’aie lu à ce sujet et je ne m’identifie pas vraiment à la description. Mais toujours le même sentiment, ce détachement total vis-à-vis des autres.

Divers évènements au courant de ma vie m’ont transformée ainsi. Mais jamais je ne me serais doutée que le fait d’avoir des enfants est, en quelque sorte, une obligation à être plus sociable. Que ce soit au hockey, à l’école ou entre mères. Je dois socialiser pour le bien de mes enfants. Et sans même le savoir, mes enfants m’aident à être moins sauvage. Les gens me perçoivent parfois comme une bitch ou une personne hautaine, mais je ne suis rien de cela. Je n’ai simplement aucun intérêt à faire de nouvelles rencontres.

Je n’ai aucun problème à m’exprimer en écrivant ou même en peignant, puisque je suis seule. Mais lorsqu’il faut que je socialise, ouf! Soit je m’exprime tout croche, soit je n’ai aucune affinité avec les personnes présentes, soit mon cœur bat la chamade et je rêve alors de prendre mes jambes à mon cou afin de retourner chez moi! Bref, la plupart du temps, je finis par avoir l’air simplement étrange.

Je ne veux en aucun cas cultiver ce sentiment chez mes enfants. Je les pousse à avoir plusieurs amis, à s’en faire constamment de nouveaux, mais je leur répète par contre de rester eux-mêmes. Nous voyageons, nous avons un horaire d’activités chargé. En aucun cas, je ne pénaliserais mes enfants à cause de mes inconforts.

J’aperçois parfois en mon aîné une petite lueur sauvage le traverser. Contrairement à son frère ou à sa sœur, je peux voir que c’est en lui. Se faire des amis est plus complexe, il se fait rarement inviter aux anniversaires, il ne cherche pas à impressionner qui que ce soit. C’est un grand observateur, il regarde et juge la situation avant de se lancer. Est-il malheureux pour autant? Non, pas du tout. Si mon fils est épanoui, alors tout va bien.

J’écris sur ce sujet parce que je sais que plusieurs sont comme moi. Juste une fête de famille, un mariage ou un simple dîner avec plusieurs personnes et voilà que plusieurs jours avant l’évènement, l’angoisse se fait sentir. Vous trouvez mille et une raisons pour ne pas y aller.

Et bien, sachez que quelqu’un est là, tout comme vous, avec cette angoisse malsaine. Vous n’êtes pas seuls dans votre solitude. Mais oui, parfois il faut se forcer et faire acte de présence. Alors, affichons notre plus beau «  faux sourire » et rentrons au plus vite à la maison.

Geneviève Dutrisac

 



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