J’aime ça la crème glacée — Texte : Kim Boisvert

Moi j’aime ça la crème glacée.

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Moi j’aime ça la crème glacée.

Je me suis longtemps levée la nuit pour en manger. En appartement ? Certes. Mais aussi quand j’habitais chez mes parents, jadis.

Je me levais et je prenais une grosse cuillère à soupe. Ne vous demandez pas comment j’ai eu ce corps de déesse grecque.

Avouez que le soir, ou plutôt la nuit, de la crème glacée au chocolat, ça se mange à la pleine 15 ml. Même que tout le temps, ma 15 ml ressemblait bien plus à une 5 012 047 ml. Je la plongeais vigoureusement en plein dans le milieu du rectangle cartonné de la marque maison de crème glacée présente dans notre congélateur. Et je me délectais de cette matière ultra calorique comme si c’était le meilleur truc que j’avais mangé à vie ! Ma mère avait le tour avec les cochonneries. Je suis certaine qu’elle se disait : tant qu’à manger de la scrap, aussi bien en prendre de la vraie, pas chère !

On était loin du Chocolats Favoris ! Sélection Mérite, Chapman’s et President’s choice guidaient mes nuits à tour de rabais.

Dans ma vie d’adulte, eh bien, même affaire. Insomnie ? Pourquoi pas me récompenser d’être debout par une belle grosse pioche à saveur de menthe et pépites de chocolat. J’avais presque hâte de faire de l’insomnie ! Je crois que mon cerveau disait : Menthe Glacée à Kim Boisvert. Vite, lève-toi !

Mais dans la crème glacée, il y a du lactose et de la caséine (j’ai vérifié dans Google pour ne pas l’écrire tout croche, je ne voudrais pas que ma kiné pleure devant un amas de lettres mal alignées !) Et moi, le lactose et la caséine, ça marche moyen dans mon système. Je pète, je viens le ventre dur comme la tête à ma sœur et je feele pas bien. Bref, ça me fuck le système. Ça et le gluten. Et les gens qui ne savent pas payer aux caisses libre-service du Dollarama. Même affaire.

Pendant un souper avec des patrons hauts placés, un d’eux m’a demandé  (je vais traduire ça pour mon beau-père, pour être certaine qu’il comprenne que je suis capable d’y faire honte, même en anglais !) :

JG —What about the gluten free ? (C’est quoi l’affaire du sans gluten ?)

Moi : I’m intolerant. (Je suis intolérante)

JG : What happens when you eat gluten? (Qu’est-ce que ça fait quand tu manges du gluten ?)

Moi : I fart and it smells like shit. (Je pète et ça sent la marde)

Alors voilà. Moi j’aime ça la crème glacée. Mais dès demain, je fais le choix de couper les produits laitiers et le gluten. Parce que c’est pas bon pour moi. Oh, mes nuits d’insomnie ne seront plus les mêmes. Mes cuillères à soupe serviront pas mal moins.

Mais parfois, y a des moments où on choisit de faire les choses pour nous, pas pour les autres. Pas juste de dire : je vais essayer. Non. Je vais le faire. Pour moi. Pas parce que Dr Leclerc me l’a demandé. Parce que je comprends que ça me nuit. Et c’est pas comme si les boyaux internes du côté maternel étaient faits de béton armé. Une plomberie digne d’Aurore.

C’est donc pour ça que je vais retirer ça de mon alimentation.

Parce que je suis assez grande pour faire mes choix et que de dire non à du pain, de la farine, du fromage et de la crème glacée, c’est de dire oui à une qualité de vie bien meilleure.

C’est dire non à des kilos en trop.

C’est dire non à des pètes odorants.

J’ai envie de vous demander si vous, vous faites vos choix ou si ce sont les autres qui les font pour vous. J’ai 28 ans et j’ai encore de la difficulté à aller contre-courant de l’opinion des gens. J’entends déjà les gens dire : une fois, ça te tuera pas !

C’est bien vrai. Mais j’ai envie que ça vienne de moi. Pas des jugements des autres.

Faites vos choix. Vivez-les mais surtout, vivez avec. Si vous avez le goût de vous marier en Irlande, cool ! Nouveau piercing ? Génial ! Nuit blanche un mardi soir ? Mais certainement ! Mais vivez. Y a que ça de vrai.

Je vous embrasse. Je repousse le moment où je parlerai des gens extraordinaires de ma vie. Mais je suis de même, un peu feeling, beaucoup Freestyle.

Pour le moment, j’avais envie de vous assurer que même si je fais des pètes odorants (et que ça me rendait attachante), je ne lâche pas ! ÇA ACHÈVE ! 🙂

Kim Boisvert