Plus tard! Je n’ai pas le temps!

Mon fils marche en équilibre, tel un funambule, sur ce fil qui sépare l'enfance de la préadolesce

Mon fils marche en équilibre, tel un funambule, sur ce fil qui sépare l’enfance de la préadolescence. Ça fait un bout déjà que les bisous en public sont interdits et que j’ai perdu mon titre de mère “cool”. Je me souviens d’une époque, pas si lointaine, où j’étais tout pour lui : son infirmière, son encyclopédie, sa source de réconfort, etc. Dans les derniers mois, j’ai été bumpée par Google, sa tablette électronique et ses « chums » de gars. Je ne suis plus le centre de son univers : c’est clair!

 

Ne vous méprenez pas, j’ai toujours su que ce moment viendrait. J’espérais que cette étape se fasse attendre, mais comme tout va si vite dans ce monde, il fallait s’y attendre. C’est pourquoi j’ai profité de chaque instant de sa petite enfance. Cet enfant, je l’ai bourré d’amour; je lui ai donné de la confiance par intraveineuse; je lui ai fait des traitements chocs d’attention et d’affection. C’était l’enfant le plus doux, le plus sensible et le plus intelligent du monde! Je l’ai regardé grandir, m’émerveillant devant chacun de ses petits exploits. Une culotte d’entraînement propre ou un nouveau mot lui valaient une pluie d’éloges!

 

Pourtant, ce soir, quand mon grand m’a demandé de prendre un moment avec lui pour jaser et me faire des câlins, j’ai été tentée de me défiler. J’ai pensé à ma fatigue, au bon bain chaud qui m’attendait, à la vaisselle que je devais ranger et aux lunchs que je devais préparer pour le lendemain. Ce soir, j’ai réalisé que peut-être…peut-être que ce n’est pas tant moi qui ai perdu de l’importance aux yeux de mon fils, mais plutôt lui qui s’est fait bumper par le train-train quotidien.

 

Je repense à tous les « Plus tard! Je n’ai pas le temps! » et les «  Tu ne vois pas que je suis occupée? » Je songe aux nombreuses occasions où il a voulu me parler de statistiques de la LNH ou de ses nouvelles cartes « Pokémon »”, et que j’ai acquiescé de la tête sans véritablement l’écouter. Je ne compte plus les occasions où il m’a tout simplement exaspérée avec ses questions en rafales et ses blagues sans queue ni tête. C’est avec le cœur serré que je revois tous ces moments où je n’ai pas pris le temps.

 

Alors ce soir, j’ai pris le temps : je me suis étendue avec mon grand et on a parlé. On a jasé de l’amitié et de l’importance d’être soi-même, d’être intègre. Il m’a également parlé de hockey et de ses fameuses cartes « Pokémon », et j’ai écouté sans le quitter du regard. Je l’ai encouragé, je l’ai félicité et je l’ai questionné. Ce soir, j’ai été présente, physiquement et mentalement, pendant 10 minutes… 10 petites minutes. J’ai failli laisser filer cette opportunité, mais je l’ai rattrapée de justesse. J’ai savouré ce moment avec le grand garçon, qui est toujours, d’ailleurs, le plus doux, le plus sensible et le plus intelligent du monde!

 

Je ne suis plus le centre de l’univers de mon grand garçon et c’est sans doute mieux ainsi. Les petits moments comme ceux de ce soir se font plus rares, mais je compte m’y accrocher de toutes mes forces. Je continuerai à le bourrer d’amour et à le gaver d’affection. Je lui donnerai même des bisous en public parce que je suis sa mère et qu’une mère qui a perdu son titre de mère “cool” n’a rien à perdre!

 

Stéphanie Nesteruk

Maman de trois beaux enfants et belle-maman d’une grande fille. Diplomée en  Éducation à la petite enfance , j’ai œuvré pendant plus de 10 ans dans le milieu des petits comme éducatrice et ensuite comme intervenante aux relations mère-enfants. Suite au décès du père de mes enfants, j’ai entrepris un retour aux études en Traduction pour poursuivre mes rêves et me dédier d’avantage à mes cocos.