2h20 Top chrono : l’histoire de mon épuisement professionnel

2h20 Top chrono (Rive-Sud-Montréal), c'est le temps que j'ai mis à

2h20 Top chrono (Rive-Sud-Montréal), c’est le temps que j’ai mis à me rendre au travail la dernière fois que j’y ai mis les pieds… Il y a quelques semaines de cela.

 

La gorge serrée, l’envie de vomir, les tremblements, l’impatience, la migraine, la fatigue, les pertes de mémoire… J’avais le tableau clinique d’un épuisement professionnel et familial. Dans le bureau du médecin (elle-même surprise de me voir, me connaissant comme une personne sportive, impliquée, souriante et en bonne santé), j’ai craqué… C’est ma santé mentale qui n’allait pas cette fois-ci.

-Mais je l’aime mon travail et je ne peux pas laisser tomber mes collègues, que je lui ai dit.

Et elle de me répondre :

-Oui, mais il faut parfois se détacher de la culpabilité et prendre une pause. Revoir nos priorités et peut-être même trouver un emploi qui convient davantage à notre vie de famille.

Un deuil récent, quatre employeurs différents, une compagnie, quatre enfants, dont un TDA (Trouble déficitaire de l’attention), du bénévolat, le manque de sommeil, le peu de vacances, le trafic et un conjoint propriétaire … Effectivement, une mise au point s’imposait. Quand même tes enfants n’en peuvent plus de ton absence et de ton impatience, il est grand temps de prendre une pause!

 

L’épuisement professionnel, c’est quoi ?

 

Selon l’Organisation mondiale de la santé : l’épuisement professionnel se caractérise par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail».

C’est en 1969 que le terme burnout a été utilisé pour la première fois. Il a fait l’objet de nombreuses définitions depuis. L’Institut Douglas, spécialisé en santé mentale, a retenu celle-ci : « Le burnout est le produit d’efforts disproportionnés (en temps, en émotion et en engagement), d’une faible satisfaction résultant de ces efforts et de conditions de stress en milieu de travail ». Bien que dans les années 1970, on réservait cette expression aux travailleurs du domaine de la relation d’aide (infirmières, médecins, travailleurs sociaux et enseignants), maintenant on sait que tous les travailleurs peuvent être exposés à l’épuisement professionnel.

Selon les experts, personne n’est à l’abri de l’épuisement professionnel. Hommes et femmes sont touchés en proportion égale. De plus, aucune catégorie d’âge n’a été définie comme étant plus à risque. Selon l’Enquête sociale générale de Statistique Canada (2010), un travailleur canadien sur quatre se dit stressé et 60 % de ces salariés disent que le travail est la source de leur stress.

D’un point de vue biologique, les experts n’arrivent pas encore à bien expliquer ce qui mène à l’épuisement professionnel. Par contre, tous les travailleurs qui vivent une période d’épuisement sont en situation de stress chronique. Il s’agit donc d’un important facteur de vulnérabilité.

Parmi les facteurs individuels menant à l’épuisement professionnel, on retrouve certaines attitudes plus fréquentes dont celle d’accorder une trop grande importance au travail et le perfectionnisme.

Selon les recherches, il semble aussi que la faible estime de soi, la rigidité cognitive, une instabilité émotionnelle et l’attribution de ce qui nous arrive à des causes externes soient des facteurs déterminants. En outre, certains contextes de vie, comme de lourdes responsabilités familiales ou encore la solitude, peuvent mettre en péril la conciliation travail-vie personnelle.

De façon plus spécifique, le fait d’avoir de la difficulté à poser ses limites (dans un contexte de surcharge), d’avoir des attentes élevées envers soi-même, de faire de son travail le centre de sa vie et de faire preuve de perfectionnisme dans tous les aspects de son travail, sans égard aux priorités, contribue à l’épuisement professionnel. S’ajoute, aux facteurs de risques, le fait d’avoir une conscience professionnelle élevée et de ne pas savoir déléguer ou travailler en équipe dans un contexte de travail stressant. Le type de personnalité (ambition, compétitivité, besoin de contrôle), l’âge et le sexe, de même que les stratégies d’adaptation inadéquates (dépendance, mauvaise gestion du temps, grand besoin de soutien, mauvaises habitudes de vie, relations interpersonnelles difficiles) sont également en cause.

 

Objectif : retrouver sa santé

 

L’objectif pour retrouver sa santé est de concevoir une manière d’accomplir son travail de façon satisfaisante, sans s’épuiser. L’arrêt de travail est souvent nécessaire. Le repos que permet le « congé de maladie » est essentiel puisque les réserves d’énergie sont à plat chez les victimes d’épuisement professionnel. Cependant, le repos est insuffisant pour régler le problème et éviter les rechutes. « Le repos ne guérit pas l’épuisement professionnel. Un réel changement doit être intégré dans la vie de ces personnes pour retrouver un sentiment de contrôle sur sa vie (…) qu’il s’agisse d’un changement d’environnement de travail, de mode de vie, du sens accordé au travail, de philosophie ou de vision du monde », précisent les spécialistes de l’Institut Douglas. La solution passe donc aussi par le changement.

 

Prévention de l’épuisement professionnel

 

La prévention de l’épuisement professionnel n’est pas seulement l’affaire des individus, mais aussi des entreprises. Les gestionnaires ont donc un rôle clé à jouer. Avant une absence, le gestionnaire peut s’impliquer activement auprès d’un employé, car il peut être possible de détecter les signes d’un problème d’épuisement ou les signes précurseurs d’une absence. Le gestionnaire peut alors rencontrer l’employé pour bien le conseiller et le diriger vers un programme ou un service d’aide. Une telle approche proactive permettra souvent de prévenir ou de raccourcir un arrêt de travail causé par l’épuisement professionnel.

Les personnes victimes d’épuisement, de burnout, qu’il soit parental, professionnel ou tout autre, touche des personnes perfectionnistes, impliquées, qui vont au bout des choses, qui ont une force de travail importante et qui sont pleines d’initiatives. Il s’agit bien là de qualités, mais à trop les exploiter, à ne plus savoir s’arrêter, elles peuvent finir par porter préjudice à notre santé!

 

Entre la vie de famille et la carrière, il est parfois difficile de faire un choix et de trouver un équilibre logique et possible. Les contraintes budgétaires, le trafic, les obligations familiales et l’impossibilité de se voir octroyer une réduction de temps au travail peuvent engendrer cet épuisement qui est autant familial que professionnel.

 

Donc, morale de cette histoire, je dois prendre du temps pour moi, ma famille et revoir mes priorités!

 

 

 

* Références : Statistique Canada; « Enquête sociale générale (2010) », « Aperçu sur l’emploi du temps des Canadiens »