Celle qui a subi les regards désapprobateurs parce qu’elle était enceinte à dix-neuf ans.
Celle qui s’est fait dire :
-Oui, mais ta carrière ?
-Ma quoi ? J’en ai pas… Elle n’est même pas commencée! Ça règle le problème!
T’sais quand tu n’as pas la même vision que les autres…
Celle qui se fait regarder drôlement quand je leur dis que ce n’était pas un accident.
Celle qui a été accueillie, lors de la première rencontre de parents, par des regards étonnés qu’elle traduisait par « ce n’est pas une rencontre de famille, c’est une rencontre de PARENTS. ».
Je suis la petite fille qui a toujours voulu un enfant à vingt ans. Je suis celle qui voulait grandir avec son enfant. Celle qui se disait que la vie serait plus facile en ayant un enfant jeune. Celle qui était naïve, certes, mais qui n’a pas eu peur de s’affirmer. Je suis celle qui vivait en appartement depuis un bout déjà, celle qui était autonome, qui allait au Cégep et qui travaillait en même temps.
Je suis celle qui n’a PAS mis sa vie sur pause car je suis celle qui a décidé d’ajouter un complément à sa vie. Je ne suis pas celle qui s’est privée de faire des activités et je ne suis pas celle qui s’est privée de faire des soupers entres amis. Mon bébé, je l’amenais partout avec moi. Ma fille dormait partout, elle était habituée de voir des gens, d’aller au restaurant et chez des amis. J’amenais son parc et hop, à l’heure du dodo, le tour était joué! J’étais une maman jeune mais qui savait s’occuper de son bébé, malgré tout.
Je suis ENCORE celle qui se fait regarder drôlement, parce que ma fille fait presque ma grandeur.
Je me fais parfois dire :
-Hein! C’est ta fille ? Wow, je pensais qu’elle était ta sœur!
Ça me fait sourire. Sourire parce que ma fille est magnifique; elle grandit bien et elle est bien élevée. Et, OUI, les gens sont surpris. Et ça aussi, ça me fait sourire. Ils s’attendaient à quoi ?
Élever une ado, quand on a encore notre cœur d’enfant, ça fait en sorte que les flammèches arrivent vite. Parfois TROP vite. Mais je suis celle qui est capable de prouver aux autres que ma fille n’était pas une erreur de parcours et qu’elle ne le sera jamais. Je suis celle qui est capable d’être fière du chemin parcouru, celle qui a surmonté des montagnes et celle qui les déplacera pour elle. Je suis celle qui combat à tous les jours les jugements, les critiques et les opinions des autres. Je sais ce que je vaux et je sais ce que je fais pour ma fille.
On a chacun son parcours de vie. Moi, j’ai choisi le mien, j’ai trente et un an, je suis maman d’une préado de 11 ans et je suis fière d’entendre ma fille dire à ses amies :