Le jour où je me suis dit fuck off ! Texte : Maggy Dupuis

Parce qu’on a tous des journées moins faciles. Pour toutes sortes de raisons. Mais parfois, les j

Parce qu’on a tous des journées moins faciles. Pour toutes sortes de raisons. Mais parfois, les journées deviennent des semaines, des mois et même des années.

 

Le temps pèse lourd. Trop lourd. Je ne sais pas si c’est mon anxiété qui m’a grugée autant de jus ces dernières années, mais disons que j’avais une charge mentale particulièrement élevée. Pas que ma vie était plus difficile que celle d’une autre, non. Mais je me mettais des standards trop élevés pour ce que mon corps pouvait encaisser.

 

En 2015, j’ai payé cher cet entêtement à toujours performer partout. Il a fallu que je descende dans les bas-fonds pour pouvoir me retrouver et analyser la situation. Mon corps me parlait. Je me devais de l’écouter. Trop souvent, je l’ai ignoré. Je l’ai négligé. Non pas par manque d’amour, mais par manque de temps. Par perfectionnisme. Par orgueil aussi. Parce que je voulais être LA mère qui y arrive. Qui ne se plaint pas. Celle qui concocte de bons petits plats, qui travaille à temps plein, qui gère les rendez-vous, la garderie, l’école, les sports, les devoirs… Alléluia !

 

Après deux ans, j’ai enfin réussi à renouer avec mon corps, mon esprit et ma tête. Je me suis choisie. J’ai choisi mes batailles. J’ai arrêté de courir sur mon heure de dîner pour aller commencer à couper mes légumes pour le souper du soir. J’y allais pour économiser un peu de temps, et pourquoi ne pas finir de laver la vaisselle que les petits avaient laissés avant de quitter à vive allure pour l’école et la garderie. Après tout, ce serait moins démoralisant à mon retour.

 

Mais moi, j’étais où dans tout ce brouhaha ? J’étais loin. Très loin. Le seul temps où je sentais qui j’étais, c’était dans mon quinze minutes de douche que je m’allouais… lequel finissait souvent avec moi recroquevillée en petite boule au fond de la douche à pleurer toutes les larmes de mon corps.

 

C’est à ce moment que je me suis dit fuck off ! Mes enfants ne m’aiment pas plus parce qu’ils ont une soupe aux légumes fraîchement préparée. Ils ne m’apprécient pas plus parce que la vaisselle est faite et rangée à sa place. Mes enfants m’aiment quand je suis avec eux, entière. Quand ma tête est disposée et avec eux complètement. Quand nos regards se croisent et que nos yeux brillent d’amour et de bonheur. Quand on rit aux larmes. Quand on se colle et qu’on se câline. Ce sont ces moments qu’ils se souviendront et non pas des repas fraîchement cuisinés chaque jour, au détriment d’une maman épuisée et non disponible émotivement. Depuis ce temps, je caresse la vie autrement. Je profite du temps de qualité avec eux. Je ne suis plus la supermom toujours trop occupée.

 

J’ai fait un doigt d’honneur bien haut à la vie et aux standards qu’on tente d’exiger aux mères en 2021. J’ai choisi le temps au détriment du rangement. J’ai choisi l’amour plutôt que l’épuisement. J’ai choisi de profiter plutôt que de subir. Je t’invite à l’essayer toi aussi. Essayer de trouver ton équilibre. De faire fuck off de temps en temps. Tu as le droit de te reposer. Tu as le droit de respirer. Tu as le droit de lire un livre le soir plutôt que de faire une brassée de lavage. Les petits ne se sentiront pas négligés pour autant.

 

Allez cher parent, choisis-toi et profite de tous les beaux moments qui te seront présentés. Après tout, ces petits humains ne nous sont prêtés que pour quelques années !

 

Maggy Dupuis