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L’humanicide continue. Texte: Nathalie Courcy

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Geneviève.

Nathalie.

Anne-Marie.

Maryse.

Anne-Marie.

Michèle.

Annie.

Hélène.

Barbara. 

Maud.

Maryse.

Sonia.

Annie.

Barbara.

 

À ces 14 lumières forcées de s’éteindre le 6 décembre 1989, se sont ajoutées cette année Jasmine, Anne-Marie, Monique, Patricia, Madeleine, Cynthia, Mary… et tant d’autres. Des femmes tuées dans le silence. Parfois dans l’anonymat. Parfois dans la masse. Tant de femmes mortes pour rien. Juste parce que. Mortes sans. Mortes seules. Assassinées par des malsains. Tuées parce qu’elles avaient des seins? Tuées pour leur enlever tout le sens qu’elles donnaient au monde. 

 

Au Canada, une femme ou une fille est tuée tous les deux jours. 

Dans le monde, c’est une femme ou une fille qui est tuée par sa famille toutes les 11 minutes. 

Le temps d’écrire ce court texte, au moins deux humaines de sexe féminin ont été tuées par leur père, leur mère, leur frère, leur conjoint. 

Sans compter toutes les autres, tuées en dehors de leur famille. 

L’humanité peut-elle encore se permettre de perdre toutes ces âmes, toutes ces forces?

Poser la question c’est y répondre… en sachant que la solution n’est pas trouvée.

 

Les féminicides pleuvent. 

Les femmes pleurent. 

 

Chaque fois qu’on tue une femme, une fille, un enfant, un homme, aussi, on tue l’humanité. 

Et l’humanicide continue…

 

Nathalie Courcy

 

Une histoire de violence envers les femmes… Texte : Stéphanie Dumas

Ce matin, mon âme de femme a mal, ce matin je me sens écÅ“urée, fâchée et outrée face aux évÃ

Ce matin, mon âme de femme a mal, ce matin je me sens écœurée, fâchée et outrée face aux événements arrivés cette nuit-là près de chez moi. Les événements racontés ici sont réels. Toutefois, par respect, je ne donnerai pas de nom de personne ni de ville. Néanmoins, ils témoignent de la violence encore vécue par les femmes. Ils justifient la peur encore vécue par les femmes de nos jours.

C’était le 11 décembre, durant une soirée de grands vents. Tout a débuté par une étrange situation durant laquelle une femme inconnue tentait de forcer une porte pour pénétrer dans un logement qui n’était pas le sien. Après de longues minutes et de multiples tentatives accompagnées de cris, la police a été appelée sur place. La femme était alors retournée dans son logement. Jugeant la situation sous contrôle, la police a quitté les lieux en avisant les résidents que l’alcool serait la cause du comportement. C’est à ce moment que les choses ont dérapé. Des cris de femmes se sont mis à résonner dans l’édifice à logements. Les cris semblaient être des cris de détresse.

Encore une fois, la police fut appelée, mais cette fois-ci, la réponse fut toute autre. La réponse de l’agent répartiteur fut froide et sans écoute. Les mots prononcés furent les suivants : « Est-elle en danger ? Si elle est juste dérangeante, faudra vivre avec, on est débordés par ce vent. » Ce à quoi la personne ayant contacté le service du 911 répondit qu’elle ignorait si la femme était en danger, mais que les cris duraient depuis de longues minutes. La deuxième réponse fut tout aussi troublante, car l’agent répondit que « les policiers sont repartis suite à la tentative d’effraction par la femme, car ils jugeaient que c’était correct. On gère présentement des abris Tempo qui partent au vent, on n’a pas le temps… ». Faut-il donc comprendre que des abris Tempo sont jugés prioritaires face à une femme en possible détresse qui se fait battre par un homme imbibé d’alcool dans notre société ?

Les cris se sont calmés après plus d’une heure. Le lendemain matin, la nouvelle circula dans le bâtiment locatif selon laquelle la femme avait été transportée à l’hôpital au milieu de la nuit, le visage ensanglanté. Une personne ayant alors entendu de nouveau des cris s’était déplacée jusqu’au logement et avait constaté par elle-même que la femme était en détresse. Elle avait ainsi obtenu une réponse rapide des services d’urgence. Il est désolant de penser que cette triste fin aurait pu être évitée si le répartiteur ayant pris l’appel un peu plus tôt avait réagi autrement. Pire encore, c’est l’idée que la femme aurait pu être la victime d’un féminicide de plus en 2021.

La personne ayant pris des risques en allant vérifier elle-même si la femme était en détresse a reçu des menaces de mort. Nous ne savons pas si la victime a porté plainte contre son agresseur. Si aucune plainte n’est déposée, l’homme ne sera pas accusé et il n’aura pas de trace à son dossier. Il n’y aura donc eu que la douleur de cette femme.

Aujourd’hui, mon cœur de femme a mal…

 

Stéphanie Dumas