J’veux pas être normale – Texte : Kim Boisvert
Je ne veux pas m’éteindre. Je ne veux pas, je refuse de perdre mo
Je ne veux pas m’éteindre. Je ne veux pas, je refuse de perdre mon cœur d’enfant ou de jeune adolescente. Je refuse de perdre ma joie de vivre. C’est probablement mon ferme refus qui fait en sorte que j’ai toujours ce petit bout qui semble manquer à trop de gens.
Je suis naïve.
J’ai longtemps pensé que j’étais nunuche ou tarte. Parce que quand tu te rends compte que les gens te trouvent attachante mais ne croient pas que tu es aussi intelligente, ça peut égrainer une estime fragile. Je comprends maintenant que ce n’est qu’un trop plein d’amour et d’émerveillement. Dans un monde qui demande trop souvent d’être droit et sévère, je suis plutôt freestyle. Je suis un Froot Loop dans un monde de Cheerios.
Souvent on se fait dire « attention à ce que tu dis, à ce que tu fais. Adapte-toi et change pour plaire ». J’ai essayé et ça a été un échec total. Vous avez certainement vu passer sur Facebook la citation : « J’ai essayé d’être normal une fois dans ma vie. Ça a été les 5 pires minutes de ma vie ». Bah, c’est comme ça pour moi. Mes parents m’appelaient leur « perruche ». J’étais colorée et je jacassais. Encore maintenant, je suis colorée et la vie m’émeut et me touche énormément. Je suis une grande émotive. Une prompte. Une directe. Mes bourdes, je les fais à fond sans broncher et je les raconte aux gens pour qu’ils puissent en rire.
Je veux continuer de danser avec mon verre dans les mains, comme je le faisais quand j’étais ado. Je veux continuer de chanter dans mon auto parce que DAMN, « Honey, I’m good », chanté ben ben fort dans une journée ensoleillée, ça me rend heureuse. Je veux continuer d’aimer sortir mes mains de l’auto pour les faire glisser dans le vent parce que ça me donne l’impression de voler, d’être libre. Je veux continuer de mettre mes pieds sur le tableau de bord quand on fait de la route même si mon Homme me dit que c’est dangereux pis que je pourrais être quadriplégique. Pour moi, c’est comme si j’étais en vacances.
Je ne veux pas cesser de pleurer. Je refuse de devenir muette face aux beautés de la vie. Ça ne me dérange pas de pleurer en regardant une vidéo de chat trop mimi ou en voyant un bébé se faire allaiter. Un couple âgé qui se tient encore la main ? Larmes de bonheur. Un vrai « bravo » bien senti de la part d’un des patrons ? Larmes. Je suis comme ça. Je refuse de changer. Pour moi, c’est un peu ça, le bonheur !
Oh, aussi, à part pleurer, je ris. Mais je ris fort. Avec cœur. Je me tape même sur la cuisse parfois. D’autres fois, j’arrive même plus à respirer. Et encore d’autres fois, je viens tellement rouge (merci à mon teint de rousse) qu’on dirait que je vais exploser. Ça, ça a souvent le mérite de faire rire les gens. Parce que quand tu ris aussi fort et que t’es rouge comme une tomate, ça fait rire, ç’a l’air ! Ma grand-mère disait « si tu vaux pas une risée, tu vaux pas une claque ».
Je ne veux pas m’éteindre. Je veux continuer de faire rire les gens et de les toucher. Je ne veux pas être « normale », parce qu’être normale voudrait dire que je perdrais la presque totalité de ma personnalité et ça, ce serait loin d’être TOP !
Je ne veux pas m’empêcher de regarder les gens dans les yeux quand je leur parle, quand je les écoute. Parce que j’ai besoin de VRAIMENT voir les gens. Pas seulement les regarder, mais vraiment les voir, eux et leur passé, leur présent et leur futur.
Ne me cherchez pas dans le côté normal des gens. Je n’y serai pas.
Kim Boisvert