Le jour où tout change

Ce jour où les mauvaises nouvelles fusent de partout... Ce jour où l’on t'annonce que tu devras

Ce jour où les mauvaises nouvelles fusent de partout… Ce jour où l’on t’annonce que tu devras changer de milieu de travail alors que tu y pratiques depuis quelque temps. Eh oui, ce jour fut le mien malheureusement. Depuis la fin du congé de maternité de bébé numéro 4, j’étais confortable dans mes pantoufles. Depuis plusieurs années j’avais l’impression de rouler sur le « cruise control ».  J’avais acquis une belle expérience et toute une expertise en post-natalité, en support à l’allaitement et en vaccination. Et puis tout à coup, grâce aux merveilleuses coupures dans notre réseau de la santé « pouf » tout s’écroule et l’on m’oblige à continuer ma vocation dans un autre milieu. Un champ clinique pour lequel je n’ai aucun intérêt et très peu de connaissance.

Et oui, je suis de la génération Y*, cette génération aux familles éclatées et aux petits poumons roses emboucanés par la fumée secondaire de leurs parents. La génération nommée Y tout simplement parce qu’elle suit la génération X. Notre génération a déjà connu toute une histoire. Elle a pu bénéficier de certains congés préventifs, de beaux congés de maternité et parentales et de garderie à 5$, 7$ et à je ne sais même plus combien. Notre génération est celle dont plusieurs parents commençaient leur vie dans une usine, une compagnie ou dans les instances gouvernementales et ils y restait jusqu’à leur retraite à 60 ans. Nos parents ont aussi connu les coupures, les relocalisations, l’hypothèque à 16% d’intérêt et les maisons à 20 000$.

Nous de notre côté, nous avons connu le début de l’informatique et de l’internet en passant par les walkmans à cassette aux super VHS. Nous sommes l’éclosion d’une grande ouverture sur le monde par les voyages en sac à dos loin, la mondialisation et le désir d’apprendre d’autres langues. Mais, ce qui m’embête le plus de notre génération c’est le changement de milieu de travail continuel. En passant par les fusions au public, par les faillites ou encore les changements de structure et de propriétaire au privé. Nous avons déjà connu plusieurs employeurs dans notre courte vie de travailleur. Nous voulons une stabilité dans le meilleur des mondes en travaillant près de la maison de 8h00 à 16h00 , 5 jours sur 7, et ce, de semaine svp. Je pense que le plus grand défi est attribuable à la conciliation travail-famille, et ce, tout en étant super actif et reconnu dans notre milieu de travail. Pour les femmes, nous sommes les « superwomen » de notre époque. Nous voulons la belle vie de famille en banlieue,  la job valorisante et un bon salaire. En optant pour une planification des naissances rapprochée, la porte de sortie est simple pour éviter de retourner au travail trop rapidement ou trop longtemps. Mais tôt ou tard, les enfants vieillissent et le retour à la vie routinière du travail devient un incontournable. Dodo, boulot, métro, lavage, bouffe, épicerie, ménage, devoirs, garderie, école, réunion et  taxi entre les arénas, les gymnases, la piscine… Ouff c’est essoufflant! Puisque nous sommes plus actives et supposément plus en santé que celles d’avant,  nous sommes probablement la génération qui devra travailler jusqu’à 70 ans. Il est évident que nous serons plus en forme pour travailler longtemps, longtemps que ceux qui nous ont précédés.

La génération Y est celle qui aspire en permanence à un équilibre entre sa vie privée et professionnelle pour se réaliser pleinement. Nous vivons dans le « ici et maintenant » et voulons que tout arrive rapidement. Le fossé générationnel qui nous sépare des autres générations s’explique par une accélération du changement et par l’apparition des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Bonne nouvelle, l’Église et l’armée ont moins d’influence sur nous que sur les générations passées. Ce qui domine notre monde est attribuable à l’internet, la télévision, les réseaux sociaux, les blogues, les cellulaires intelligents et les écrans tactiles.

Nous sommes des jeunes ambitieux qui ne manquent pas d’audace. Je n’ai pas peur pour notre génération malgré toutes les coupures des instances gouvernementales, CPE, écoles, hôpitaux et j’en passe…

Mais ce jour où tout change, ce peut être un message que la vie nous envoie qu’il y a quelque chose de mieux encore pour nous. Ce jour où j’ai perdu mon équilibre, j’ai vidé mon bureau le cœur gros en remerciant le ministre de la Santé pour ses coupures dans le réseau en me disant que le destin m’envoyait un message et que je ne devais pas baisser les bras…

*Génération Y 1980-1995