Tag humanité

T’es bin trop fine, tu t’fais niaiser

C’est ça qu’elle m’a dit alors qu’on partageait notre éniÃ

C’est ça qu’elle m’a dit alors qu’on partageait notre énième coupe de vin.

Je comprends ses mots, mais je ne suis pas d’accord. Je m’explique.

C’était en référence au fait que j’avais pris le temps de jaser avec un SDF dans le coin d’un ancien boulot. Un bout de la ville riche en trucs locaux et underground. Ma personnalité funky y trouve son compte à chaque visite… J’me tannerai jamais. Surtout pas des gens qui tourbillonnent dans cette partie de la Grande Capitale Nationale.

Un gars super sympathique à qui il manquait quelques dents mais aucune lumière. De la conversation et des pantalons sales. Rien qui ne faisait en sorte qu’il mériterait moins de considération de ma part. Je me souviens que cette journée‑là, j’étais partie travailler avec les yeux dans le même trou et des bas de laine pour le chalet. Pas super chic pour une fille en com, mais par chance, on pouvait travailler même en pantoufles.

Je ne suis pas mieux que lui. J’assumais autant mon look que lui. J’avais aussi froid sinon plus. Il était du genre pas dérangeant. Ni déplacé. Il a le statut de quêteux mais moi, j’y vois surtout un humain.

Je donne rarement mon change sans échanger avec la personne qui me le demande.

Il est dans la rue. Il est bien et aime la liberté que ça lui offre. Les gens sont majoritairement sympathiques et les autres trop occupés sur leur iPhone.

« Il voulait juste ton argent », qu’elle me relance en déposant sa coupe de Chardonnay.

Oui. Et c’était clair. J’ai fait le choix de lui en donner. Mais j’ai aussi fait le choix de lui donner de mon temps. De la considération. De l’écoute.

Trop fine ? Non. Si tous prenaient le temps de considérer leur prochain, on n’aurait pas eu de gamin malien de 14 ans qui a cru bon de coudre son bulletin à l’intérieur de sa veste dans l’espoir d’une vie meilleure.

Prenez donc quelques minutes de votre temps pour considérer les gens qui vous entourent.

Kim Boisvert

Karmavirus : ce qu’on peut en tirer

Eh oui ! Un autre texte sur le coronavirus. Ou plutôt sur l’apr

Eh oui ! Un autre texte sur le coronavirus. Ou plutôt sur l’après-coronavirus. Cette crise humanitaire ne durera pas éternellement (fiou !). Il y aura un après, comme il y a eu un après-guerre et un après‑11‑septembre. Que retiendrons-nous de cette période de remise en question de nos habitudes, de nos relations et de tout ce qu’on pensait établi ? Qui serons-nous dans l’après ?

Bien sûr, il y a la récession. Ça prendra du temps pour s’en remettre comme société et comme individus. Plusieurs devront retrouver du travail ou faire un plan de relance d’entreprise. On pleurera nos morts qu’on n’aura pas pu serrer dans nos bras une dernière fois. On réparera notre santé, on réapprendra à ne plus soupçonner le voisin qui tousse ou l’enfant qui mouche. Les enfants retourneront sur les bancs d’école, les plus jeunes s’élanceront dans les bras de leurs éducatrices. Les travailleurs des services essentiels auront, je l’espère, un temps de répit. Les politiciens et tous ceux qui les aident chaque jour à prendre les meilleures décisions dans ce moment de tourmente prendront du recul pour observer ce qu’est devenu leur pays, leur province, leur ville. La vie.

Moi, avec mes lunettes roses à paillettes, j’espère que nous garderons certaines des nouvelles habitudes que nous sommes en train d’apprendre à la dure.

  • Une marche quotidienne, une promenade à vélo en famille. Apprécier le dehors, la nature, la liberté.
  • Des appels téléphoniques plus fréquents aux mamies et aux papis, aux amis éloignés, au voisin d’à côté, juste pour savoir comment ça va ou pour offrir un service.
  • Moins de déplacements en voiture pour une atmosphère plus pure et des rivières plus bleues. Plus de travail à domicile ou dans des centres de proximité, donc moins de pollution et plus de temps avec ceux qu’on aime.
  • Du temps en famille sans l’obligation de partir en voyage dès qu’on a un congé, sans pression de tout faire et d’impressionner la galerie.
  • L’art de se coller en famille, de partager des repas et de l’information et de s’ennuyer juste assez pour trouver de nouvelles idées.
  • Plein de temps pour lire et dessiner.
  • L’hygiène améliorée (mais sans exagérer). Je vous jure que les enfants post-COVID sauront comment se laver les mains et tousser dans leur coude.
  • Être conscient de ce qu’on (sur)consomme et de ce qu’on gaspille, autant à l’épicerie qu’en rendez-vous chez l’esthéticienne. Parlant de consommation, pourquoi ne pas continuer à privilégier les entreprises locales?
  • Le partage des tâches : un ado qui fait la vaisselle, un enfant qui passe le balai, ça donne du temps à papa et maman pour travailler et de l’énergie pour jouer. En plus, c’est de la pédagogie qui sort des tables de calcul et des groupes du nom.
  • Du matériel pédagogique et des idées d’activités en ligne gratuites, pour toutes les familles, mais aussi pour les élèves qui étudient à la maison.
  • Des vidéos de formation, des « live » remplis d’humour ou de compassion, des ateliers de contes et d’origami en ligne.
  • Des mouvements communautaires d’arcs-en-ciel ou de lumières qui flashent, juste parce que c’est le fun et que ça aide à se sentir unis.
  • Des heures de magasinages pour les aînés, les personnes à mobilité réduite et les hypersensibles qui fuient la foule.
  • Des chaînes de reconnaissance pour les humains qui travaillent fort à rendre la planète meilleure.
  • Le bénévolat, la conscience que quelqu’un de la communauté a besoin de nous et qu’on peut demander de l’aide.

Plusieurs personnes auront perdu leur emploi et leurs revenus. Plusieurs auront aussi mijoté des idées créatives pour générer de nouveaux revenus ou pour rendre service. Que ce soit du commerce en ligne, de nouvelles entreprises ou des regroupements pour confectionner des masques, livrer de la nourriture ou aider les parents à enseigner à leurs enfants, ces idées peuvent servir !

Je (nous) souhaite que l’après-COVID-19 arrive le plus tôt possible et que le soleil rayonne très fort de l’autre côté de ce nuage de tempête. Je souhaite que nous soyons devenus de meilleurs humains et une meilleure humanité. Je souhaite que nous comprenions du premier coup le message transmis par ce karmavirus. Je souhaite qu’on tire le meilleur parti de cette crise et qu’on se dise « Ça va déjà bien ».

Nathalie Courcy

L’humanité sur pause

On y est. Nous avons atteint ce moment, ce temps d’arrêt imposé,

On y est. Nous avons atteint ce moment, ce temps d’arrêt imposé, mais combien nécessaire. Des « vacances » à la maison, dans la simplicité.

Ce soir, en repassant le fil des événements, je suis fière de vivre ici. Je suis fière, enfin, qu’on soit des humains responsables, pour une fois. C’est beau de voir toute cette solidarité. Beau et déstabilisant à la fois.

Nous ne sommes pas habitués à être aussi bons les uns envers les autres.

Nous ne sommes pas habitués à nous occuper simplement, sans fla‑fla.

Nous ne sommes pas habitués à offrir notre aide à un étranger et surtout, à en recevoir.

Cette crise, elle aura ça de beau. Elle aura rapproché les humains, elle sera parvenue à faire ressortir ce qu’il y a de plus beau en eux : l’empathie.

Aujourd’hui, j’ai vu quelqu’un retourner des paniers d’épicerie à l’intérieur afin d’aider le commis débordé. J’ai vu des gens qui ne se connaissaient pas échanger entre eux sur la situation. J’ai reçu un texto d’une voisine qui m’offre de prendre mes filles au besoin.

Aujourd’hui, du moins pour nous, au Canada, l’humanité s’est mise sur pause.

Pendant les deux prochaines semaines, je vais prendre du temps de qualité avec mes filles et prendre soin de la cocotte de mes amis parce que j’ai cette chance d’être enseignante et donc, en isolement. Ce sera ma bonne action.

Et toi, quelle sera la tienne?

Karine Lamarche

 

Coronavirus, notre projet de société

Je suis née blanche, en Amérique du Nord, dans une famille de la c

Je suis née blanche, en Amérique du Nord, dans une famille de la classe moyenne. J’ai voyagé, je suis éduquée, j’ai une maison, deux automobiles, l’électricité, l’internet et l’eau courante à chaque jour de ma vie. Nous avons tout ce qu’il nous faut pour être heureux, ici, au Québec.

Et pourtant, notre système de santé est souffrant, le taux de suicide est très élevé, les inégalités sociales sont encore d’actualité. Je réfléchis à ce qui nous arrive avec le coronavirus et, si je mets de côté mes angoisses personnelles, j’arrive quand même à trouver qu’il y a du beau qui ressort de tout ça. Nous avons enfin un projet commun au Québec : aplatir la courbe de contamination du virus pour maintenir le cap avec les services de santé. Après, quand ce sera passé, on pourrait mettre autant d’énergie sur notre survie à long terme, non?

Je vois la situation actuelle, entre autres, comme un appel à l’élévation des consciences. Une prise de recul sur tous les privilèges que nous tenons pour acquis : être logé, nourri, l’éducation, les soins de santé, les services municipaux, etc. Retomber un peu en mode de survie (je sais bien que c’est de la survie de luxe), ça aide à rester humble et à avoir de la gratitude pour tous nos privilèges.

Après tout, les peurs qui nous habitent face à ce virus, que ce soient une crainte financière, une crainte pour la santé de nos proches ou de nous-mêmes ou encore la peur de manquer de nourriture… ou de papier de toilette (!) habitent des millions de personnes sur le globe, et ce, même sans le virus. Camp de réfugiés, inégalités sociales, crise environnementale, inégalités entre les hommes et les femmes et j’en passe… il me semble que nous devrions poursuivre sur notre lancée de solidarité après le passage du virus. Je sais bien que c’est utopique, mais il reste que la situation actuelle nous permet de voir tout le pouvoir que nous avons quand l’enrichissement d’un petit groupe d’humains n’est plus la priorité et quand on met l’économie au service des gens et non à leur trousse.

La terre s’autorégule pour assurer sa survie. Je ne crains pas pour elle, je crains pour nous. L’humanité semble déconnectée de son essence première : la nécessité d’être en relation profonde et bienveillante avec ce qui nous entoure. Même si je suis très sensible à tous les gens touchés par la maladie et aussi par toutes les morts, ça me donne confiance de voir le Monde sur pause, contraint de s’entraider pour le bien de tous. Sortir de notre nombril, de notre vie effrénée et de nos obligations pas si fondamentales que ça finalement, pour penser au « nous », au collectif, au bien de tous. Peut-être qu’à travers tout ce chaos, nous allons retrouver l’essentiel : être ensemble, en santé à essayer de vivre le moment présent sans tous les artifices qui nous éloignent de qui nous sommes.

Je sais bien que même si le virus touche les riches autant que les pauvres, les inégalités demeurent, mais ça me donne quand même l’espoir d’une amorce de réflexion, de discussion, de changement.

Sur ce, je m’en vais me laver les mains! 😉

Roxane Larocque

 

Force, fragilité ou humanité?

Non. Ce qui ne nous tue pas ne nous rend pas toujours plus forts.</p

Non. Ce qui ne nous tue pas ne nous rend pas toujours plus forts.

Pensez-vous vraiment que comme Popeye, nos pectoraux gonflent de puissance lorsqu’on avale de force une « canne de marde »? Pensez-vous vraiment que notre moral se dope avec le côté obscur des événements de la vie? Pensez-vous vraiment que notre cœur ou notre tête sont faits de kevlar super résistant que rien ne transperce, n’ébranle ou n’afflige?

Vraiment?

Ce qui ne nous tue pas nous passe sur le corps et par le cœur en laissant parfois des sillons profonds comme sur une terre fraîchement labourée.

Et c’est par ces saignées dans notre être que nous pouvons décider de nous affranchir de notre vécu pour nous réapproprier notre vie. Parce que nous ne sommes pas ce que nous vivons. Et notre vulnérabilité émotionnelle, sur le moment, ne fait que dévoiler la profondeur de notre humanité, sans jamais définir qui nous sommes. Notre force ne devrait jamais se mesurer par notre capacité à résister et à rester intact face à l’adversité, mais par notre aptitude à assumer notre sensibilité pour en faire une énergie motrice.

Tout comme le cristal n’a pas la résistance du diamant, être sensible ne signifie pas nécessairement être fragile. La sensibilité est le don de sentir et de ressentir les choses les plus infimes. C’est notre capacité à nous émouvoir et à éprouver des sentiments. Alors que la fragilité, c’est se laisser envahir et démonter même par les choses les plus infimes, au risque d’en perdre son libre arbitre.

Ce qui ne nous tue pas nous façonne en bousculant notre façon de penser, d’être et d’exister. C’est ce qu’on appelle évoluer et s’adapter à son environnement. Un principe indispensable à notre survie. Mais cette résilience ne se fait pas toujours sans larmes et sans douleur. Elle se compose de plusieurs étapes et exige du temps, plus ou moins long selon chacun. La résilience n’est pas non plus l’absence d’émotions, en particulier celles que l’on pourrait considérer comme négatives, telles que la colère et la tristesse. Non. C’est juste qu’une personne résiliente ne restera pas figée dans ses émotions, mais s’en servira pour dépasser son état actuel et rebondir.

Ce qui ne nous tue pas nous change à jamais. En mieux? Doit‑on nécessairement souffrir pour révéler une version améliorée de soi-même? En moins bien? Sortons‑nous inexorablement traumatisés et désuets des épreuves difficiles?

Parfois, ce qui ne nous tue pas nous rend juste différents. Ni meilleurs. Ni pires. Simplement différents et singuliers.

Pour en lire plus sur mon quotidien avec le cancer, visitez www.laviecontinuemalgretout.com

Vanessa Boisset