À toi mon p’tit homme – Texte : Caroline Lortie

  Tu n’avais même pas 24 heures de vie encore que je savais qu’il y avait quelque chos

 

Tu n’avais même pas 24 heures de vie encore que je savais qu’il y avait quelque chose qui « clochait ». Tous les tests auditifs et visuels ont été rapidement faits.

Dès ce moment, un long parcours nous attendait. Dès tes premiers mois, certaines sphères de ton développement prenaient du retard tandis que d’autres évoluaient à la vitesse grand V.  En accord avec ton pédiatre, nous sommes directement allés vers le Bouclier, un centre de réadaptation pour enfants. Tes difficultés langagières étaient lourdes et plusieurs autres petits retards étaient soulevés.

Mais on parlait toujours de retard… donc, tout serait rapidement rattrapé. Plus le temps avançait et plus tes petites fesses n’arrivaient pas à rester sur une chaise et plus les papillons ou les coups de vent tout simplement faisaient qu’il t’était impossible de rester concentré sur une tâche plus de 20 secondes. Avec une équipe formidable, avant ton entrée à la maternelle, nous avons pu pallier tes retards intellectuels, mais deux points restaient à démystifier… ta concentration et ta bougeotte !

Les quatre lettres flottaient déjà dans l’air. T-D-A-H. Tu n’avais même pas encore 5 ans.

La maternelle est arrivée. Tu étais tellement surexcité tout le temps d’apprendre, d’être avec tes amis, de voir madame Gabrielle ! Les journées de pluie durant lesquelles tu devais rester à l’intérieur étaient un vrai calvaire pour toi. Mais on trouvait des moyens de te faire dépenser ton énergie de guépard dans ton petit corps de 5 ans.

L’école primaire est arrivée. Durant ta première année, tes enseignants et nous-mêmes avons vite compris que l’école serait difficile pour toi. Ouf ! Devoir rester en place et écouter un adulte parler durant des heures était mission impossible pour toi. Même avec tout le sport, les trucs, les attentions particulières.

Tu revenais le soir en ayant mal à la tête, en me disant que la souris dans ta tête courait beaucoup trop vite et qu’elle t’empêchait d’écouter en classe…

Te voyant si désespéré, nous avons accepté la médication. Ton médecin, tes profs et les professionnels de l’école étaient tous du même avis. Tu avais besoin d’un petit coup de pouce.

L’entente était celle-ci : le médicament pendant la semaine, et relâche les weekends. Il faut dire que cette petite molécule te coupait totalement l’appétit et te voir ne rien avaler de la journée nous était pénible.

J’ai retrouvé mon p’tit homme tellement heureux et souriant ! Enfin, tu arrêtais de te faire sermonner sans arrêt de te rassoir sur ta chaise. Enfin, tu arrivais à écrire correctement. Enfin, tu réussissais tes dictées…. tes exercices… tes apprentissages !

Et comme l’effet de la fameuse pilule s’estompait le soir, tu retrouvais ton énergie de petite tornade !

C’est pas facile, mon coco. Et nous en sommes tellement conscients. T’as pas toujours envie de la prendre ta torpinouche de pilule le matin parce que tu veux manger tes lunchs… parce que tes amis te parlent de tes médicaments….

C’est pas facile de te voir comme ça non plus. Tout doux, tout calme. Mais, quand tu me dis que ta petite souris arrive enfin à rester en place pour écouter ce qu’on a à te dire et que c’est facile maintenant pour toi de ne pas bouger et rester concentrer, ça console mon cœur de maman.

C’est pas facile de se faire dire qu’on « bourre notre enfant de chimique ». Mais, on sait nous, ce que ta souris est capable de te faire… et on ne veut plus que tu pleures à cause de ça.

Mon beau Gabriel, tu es maintenant un grand garçon de 9 ans. Tu es un futur joueur de soccer vedette. Tu arrives maintenant à te faire des amis. Tu pètes des scores à l’école sans besoin de te forcer à en avoir mal à la tête. Je t’aime tellement, toi, ton TDAH et ta petite souris dans ta tête 😉

Caroline Lortie