Lettre à toi, mon amie infirmière
En ces temps particuliers, plusieurs personnes se sentent déboussol
En ces temps particuliers, plusieurs personnes se sentent déboussolées par les mesures actuelles. Toi ? Un peu moins. Un peu moins, parce que tu t’y attendais depuis des mois. Un peu moins, parce que tu faisais déjà attention. Un peu moins, parce que ce ne sera pas ton premier Noël loin des tiens.
On a entendu plusieurs mots d’encouragements pour le personnel de la santé au cours des derniers mois : « Vous êtes nos anges gardiens », « Vous êtes dévoués », « Vous êtes forts », etc. Oui, on a entendu tout ça. On a aussi entendu des reproches, plusieurs reproches : « Être infirmière, c’est une vocation, alors il faut être consciente des sacrifices qui vont avec », « Vous n’aviez qu’à pratiquer un autre métier », et autres jugements tout à fait gratuits. Comme si œuvrer dans le milieu de la santé devait obligatoirement venir avec de mauvaises conditions de travail et qu’il fallait tout accepter sous prétexte que c’était un choix.
Mon amie infirmière, tu es HUMAINE. Tu es généreuse, dévouée, aimante et empathique. Tu es tout ça et tellement plus. Tu passes tes journées au CLSC, en résidence pour personnes âgées ou à l’hôpital. Tu travailles sans relâche et, malgré tout, tu arrives à trouver quelques minutes chaque jour pour prendre des nouvelles de tes amis et de ta famille. Mon amie infirmière, tu es formidable.
Tu es formidable, mais tu ne possèdes pas de superpouvoirs. Tu as le droit d’être fatiguée, découragée et en colère. Oui aux compliments et aux remerciements, non à la pression. Tu ne devrais pas ressentir tout ce poids sur tes épaules.
Mon amie infirmière, j’espère que l’année 2021 sera plus douce pour toi. Que tu auras enfin un peu de répit. J’espère que tu arriveras à décrocher, ne serait‑ce qu’un peu. Que tu pourras bientôt profiter de ta famille et de tes amis, parce que tu mérites tout ce qu’il y a de plus beau.
Ce soir, je bois à ta santé, mon amie infirmière.
Jacinthe Crête