Soyons conciliants

Récemment, une bombe éclate au Québec : Pierre-Karl Péladeau démissionne.

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Récemment, une bombe éclate au Québec : Pierre-Karl Péladeau démissionne.

La raison : une cohabitation entre la famille et le travail complètement impossible.

Qu’on adhère ou non à cette théorie, n’en demeure pas moins que pour moi ça relance une fois de plus la réflexion sur cette fameuse conciliation travail-famille; termes qu’à peu près tous les parents ont en bouche pour justifier maladroitement leurs cernes sous les yeux.

Mais est-ce possible de rapprocher ces deux univers? Avant de tenter une réponse, il faut d’abord se rappeler ce que veut dire « conciliation ». J’ai donc « antidoté » le tout et on m’explique que concilier signifie « trouver par des concessions l’approbation de personnes qui étaient divisées par leurs opinions, leurs intérêts. »… OK, j’ai rien appris de nouveau, mais ce que je sais par exemple, c’est que c’est probablement ce que je trouve le plus difficile dans le fait d’avoir des enfants. Oui, on dort moins qu’on aurait besoin; oui, on s’inquiète plus qu’on devrait…mais d’être capable de bien naviguer entre le rôle de papa et celui de travailleur, c’est ce qui me donne le plus de sueurs froides. J’me sens toujours à cheval entre la fierté et le doute; le désir d’accomplissement et la volonté d’être plus présent; entre la tête et le cœur.

Pourtant, je fais partie des chanceux qui, étant travailleur autonome, peut se libérer plus facilement quand arrive un pépin à la garderie. À moins d’une réunion avec le pape, je peux généralement m’arranger. Et comme ledit pape refuse toujours mes invitations, je n’ai pas ce problème-là. Toujours est-il que même si je suis capable de me libérer en cas de force majeure, même si mes employeurs sont très ouverts et compréhensifs…y’a toujours un imprévu qui débarque : la culpabilité. Sondage : levez la main ceux et celles qui ne se sentent absolument pas coupables d’aviser son patron que le plus p’tit a vomi ce matin et que vous allez devoir prendre un congé? Allez-y, levez la main… Je sais pas pour vous, mais moi je ne vois aucune main levée. J’ai prouvé mon point.

On se sent coupable de ne pas être là où on « devrait » être. Professionnellement, on s’entend. Comme quoi le travail, de façon sournoise, a pris une grande place dans nos vies. La plus grande, en fait. On parle de conciliation travail-famille, mais on devrait plutôt parler de conciliation travail-vie… On a tous déjà dit « Désolé(e), chéri(e), mais ce soir, je dois travailler un p’tit peu. » Eh bien si p’tit peu soit-il, ce p’tit peu-là a quand même tassé l’être aimé. Mais dans la vie, on a le temps. Toujours. Et on détermine à quoi on l’utilise. C’est tout. Quand quelqu’un dit « J’ai pas le temps », moi j’entends « J’ai préféré faire autre chose ».

C’est dur d’être en paix avec tout ça. Quand on est travailleur autonome, on est très conscient du travail qui n’avance pas pendant qu’on passe du temps avec nos enfants pendant les heures d’ouvrage. Alors, on pense bosser dès que les p’tits seront couchés pour compenser mais là, c’est le couple qui en prendra pour son rhume. Donc pour éviter ça, on travaille quand toute la maisonnée dort. Et j’récupère quand dans tout ça? Oh, j’dis pas ça pour me plaindre; c’est le job que j’ai choisi et c’est la famille que j’ai choisie aussi. Mais je suis convaincu que je ne suis pas le seul dans cette situation-là.

De nos jours, on travaille fort pour garder l’équilibre; on veut une relation amoureuse saine, des enfants de qui on est proche, une carrière qui brille… on souhaite aussi être en forme, bien manger, prendre du temps pour soi, pour ses amis. Après on va se surprendre de la quantité de couples qui éclatent, des connaissances qui s’éloignent et du nombre de chefs de parti qui démissionnent.

La solution? Faire de son mieux, probablement. Accepter qu’il n’y a rien de parfait et que pour un bout, y’aura une patte du tabouret qui va branler un peu. Mais dès qu’on aura trouvé le bon tournevis, on va l’ajuster. Pendant qu’on le cherche, on essaie de rester en équilibre. Mais l’équilibre ne peut pas exister sans le déséquilibre. Comment on fait pour vraiment apprécier une situation si on n’a pas vécu son contraire?

Pour moi, la conciliation travail-vie, c’est comme…oh, désolé, j’dois aller changer la couche de L’héritière.

Bonne semaine!

Crédit photo tech.co