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La prof qui n’a pas oublié mon enfant – Texte : Joanie Fournier

J’ai trois enfants dans le système scolaire au niveau primaire. Ça fait déjà sept ans qu’on

J’ai trois enfants dans le système scolaire au niveau primaire. Ça fait déjà sept ans qu’on y est, dans ce système oublié par le ministère et amputé dans tous ses services. Les professionnels dévoués peinent à faire descendre les piles de demandes sur leurs bureaux. Ils doivent prioriser tellement d’enfants pour tenter de leur donner un maximum de chance de réussite. Tellement d’enfants qui ont besoin d’accompagnement, d’outils, de temps… Tout le monde le sait que le système actuel est insuffisant pour ces enfants-là. On voit les parents autour de nous courir sans cesse pour obtenir des services supplémentaires pour aider leurs enfants et essayer de contacter tous les professionnels au dossier de leur enfant.

Mais pour une fois, je veux parler des autres enfants. Les z’oubliés. Ceux qui fonctionnent « bien », ceux qui apprennent « vite », ceux qui n’ont « pas besoin » d’accompagnement. J’en ai trois, moi, des z’oubliés. Parce qu’on nous répète qu’on a beaucoup de chance que nos enfants réussissent bien. Mais il y a toujours un revers à la médaille… À chaque fin d’étape, depuis sept ans, on reçoit un petit bout de papier sur lequel il est écrit : « Rien ne semble problématique pour votre enfant jusqu’ici. Il ne sera donc pas nécessaire de vous déplacer pour une rencontre de parents. » La première fois, on était fiers comme parents de lire ce papier. La deuxième fois, on était déçus de ne pas pouvoir rencontrer l’enseignante de notre enfant. La troisième fois, on a commencé à se demander si c’était normal de ne jamais avoir de suivi pour notre enfant. Puis, les années et les enfants se sont accumulés et en sept ans, nous n’avons jamais été conviés en personne à une rencontre de parents…

La plupart du temps, on se répète qu’on est vraiment chanceux. Nos enfants semblent bien fonctionner dans ce système scolaire. Pis une maudite chance, parce que les services seraient insuffisants si ce n’était pas le cas. Mais chaque année, quand l’année se termine, on a un petit sentiment que ce système a oublié nos enfants. On imagine tellement l’enseignante de la classe en sueur en train de se démener pour que tous les enfants devant elle réussissent. Et on a une image en tête de notre enfant derrière la classe, effacé et oublié, parce que lui t’sais, « il va bien ».

Quand mon aînée est entrée en 5e année, elle a eu pour la première fois de sa vie une prof qui ne l’a jamais oubliée. Et aujourd’hui, je veux parler de cette enseignante qui a refusé de l’oublier. Elle l’a motivée, écoutée, interpellée. Elle l’a vue. Vue pour de vrai. Elle a fait ressentir à ma fille qu’elle aussi, elle avait sa place dans une classe. Elle l’a fait se sentir importante. Elle lui a donné des lectures supplémentaires, des exercices de plus, des devoirs plus difficiles. Elle s’est assurée de la pousser au maximum de ses capacités et pour la première fois de son primaire, ma fille a eu des défis. Des vraies montagnes à gravir. Ces grandes tâches où on sent que l’adulte nous fait confiance et qu’on est fier d’avoir accompli à la fin. Pour la première fois de son primaire, elle ne faisait plus ses devoirs en cinq minutes en clamant que c’était trop facile pour elle.

Miss Émilie, je veux vous remercier. Je veux vous remercier d’avoir vu ma fille. De l’avoir considérée. De ne pas avoir tenu pour acquis que « parce qu’elle allait bien », elle n’avait pas besoin de vous. Votre présence durant cette année a été salutaire pour ma grande fille. Avant de vous rencontrer, j’ai eu peur que cette enfant termine son primaire sans avoir eu la chance d’avoir un adulte significatif pour elle. Un adulte qui fait la différence. Vous avez été cet adulte-là. Vous lui avez fait goûter à quelque chose d’inestimable : le sentiment d’exister et d’être importante. Je ne vous remercierai pas assez.

Peut-être même que vous lisez ces lignes et que vous vous dites : « Ben voyons donc… ? Pourtant je n’ai rien fait de différent avec cette enfant-là… ? » Je vous assure que oui. Vous avez fait ce qu’aucun autre enseignant n’a fait pour elle.

Attention, je ne blâme personne ici. Tous les autres enseignants ont fait de leur mieux et j’en suis consciente. Ils sont tous débordés, essoufflés et ensevelis sous les demandes. Ce n’est aucunement un reproche.

Je veux simplement, Miss Émilie, que vous sachiez que vous avez fait une grande différence. Vous avez redonné envie aux enfants d’apprendre et de relever des défis. Des vrais défis. Vous avez été à l’écoute, chaleureuse, humaine. Vous connaissiez les intérêts de chacun des enfants de la classe… parce que vous vous y intéressiez sincèrement. Peut-être que c’est banal pour vous comme approche, mais encore une fois, sachez que ça a fait toute la différence. Au-delà de ne pas avoir oublié ma fille, je pense surtout que vous avez refusé de le faire.

Merci encore pour tout.

Joanie Fournier

Quand je te rencontre, cher parent…

Tu le sais, je suis une fille qui pense trop; je suis enseignante.&#

Tu le sais, je suis une fille qui pense trop; je suis enseignante.😉 je te parle de mon métier ces derniers jours puisque novembre, quand tu enseignes et quand tu es parent, c’est intense!

À peine revenue de cette fameuse soirée de rencontres, j’ai la tête qui bourdonne et le sourire aux lèvres. 😊

Quand tu mets le pied dans ma classe, dans la classe de ton enfant, quand tu serres la main que je te tends, déjà, un lien s’installe.

On s’est croisés, un soir de septembre. Tu m’as sans doute examinée et tu t’es peut-être demandé si j’allais comprendre ton enfant. Si j’allais connaître ses besoins. Si j’allais être en mesure de les combler.

Il y a tant de « si » quand on ne se connaît pas.

Ce soir, quand tu es entré, j’ai vite compris que tu me faisais désormais confiance. Que mes preuves, je les ai faites. Que cette rencontre allait donner des ailes à la relation déjà bien établie que j’ai avec ton trésor. Tu sais, en près de trois mois, il s’en passe des choses!

Sache que je sais qu’il est possible que toi, tu redoutes cette rencontre, que tu craignes les mauvaises nouvelles, les fameux résultats…

Cher parent, tu dois aussi savoir que si je t’invite dans la classe de ton enfant, c’est pour te parler de LUI.

Parce qu’il y a plus que les notes.

Il y a sa bonne humeur, sa rigueur, sa façon d’aider les autres, son souci du travail bien fait, son sens de l’humour, sa douceur, son engagement…

Et si on en jasait?

Cher parent, coincé dans ton horaire, le reste de ta marmaille chez la voisine ou parfois, à tes côtés… Je veux que tu saches que je suis reconnaissante que tu aies pris de ce temps si précieux pour qu’on placote.

C’est ça, pour moi, une rencontre de parents : on placote, on échange. Parfois, on trouve des compromis qui vont rendre le quotidien de ton trésor plus facile (et le tien aussi, par le fait même 😉).

Cher parent, quand tu quittes la classe, j’ai le sentiment de mieux connaître ton enfant, d’avoir eu accès à sa réalité.

Et je me sens prête à lui enseigner pour vrai…

Merci d’être venu,

Karine Lamarche

Les élèves, ces humains…

Rencontres parents-profs… pour vous, c’est l’angoisse assurée

Rencontres parents-profs… pour vous, c’est l’angoisse assurée? La broue dans le toupet? Ou, comme ce l’est pour moi, une immense partie de plaisir?

Quatre enfants, trois écoles, dans trois secteurs de la ville. Ça trace le portrait d’une fin d’étape digne de Forrest Gump.

Je dois manquer du temps de travail, délaisser mes enfants en soirée, courir d’un endroit à l’autre et chronométrer chaque rencontre pour avoir le temps de faire le tour de tous les enseignants. Sans compter les spécialistes, les directions, les intervenants impliqués dans les plans d’intervention. Appelons ça un défi. Ou un entraînement olympique, c’est selon.

Mais j’aime ça. Et j’y tiens.

Quand j’étais ado, ma mère m’a déjà dit : « Nathalie, je sais déjà ce que tes profs vont me dire. Avec tes résultats, je sais bien qu’ils n’auront pas grand-chose à dire, ça va bien. Mais je vais quand même aux rencontres de profs, parce que je valorise le fait que tu réussisses bien et que tout se passe bien à l’école. Ce n’est pas juste quand il y a des difficultés qu’il faut se déplacer! »

Bien des années plus tard, j’adhère encore à cette idée. Valoriser, au lieu de dénigrer. Agir, au lieu de seulement réagir. Prévenir, pour l’avenir. Se permettre, comme parent, d’entendre le bon à propos de nos enfants. Et aussi, quand c’est nécessaire, le moins bon, pour pouvoir corriger le tir.

Je disais donc, quatre enfants, tous avec leurs particularités, leur personnalité intense, leur façon de penser et de cheminer autrement. Qui se font parfois (souvent) regarder comme des extraterrestres. Qui dérangent par leurs comportements ou par leur vision du monde qui détonne.

Ils n’ont pas tout le temps les notes qu’ils pourraient avoir ni l’attitude qu’on voudrait qu’ils aient. Les enseignants le voient bien, peu importe qu’ils aient deux ou trente ans d’expérience. En classe, ils participent parfois un peu trop, parfois pas du tout, selon l’humeur du jour ou l’intérêt du roman qu’ils cachent sur leurs genoux. Ils font leurs devoirs au gré de leurs envies malgré les stratégies mises en place, la surveillance accrue. Non, ils ne sont pas des élèves modèles. Ils ne rentrent pas dans le moule dessiné par le système scolaire. Ils sont les élèves qu’ils sont.

Et les enseignants? Ils voient l’humain derrière l’élève en dents de scie. Ils perçoivent la bonne volonté, la passion, la culture, les petits et les grands pas qui avancent et qui reculent parfois. Ils voient l’élève qui ira loin, qui laisse entendre les cordes vocales de son cœur immense, qui navigue au gré de son hypersensibilité, de son intelligence et des circonstances de la vie.

Ils voient aussi les besoins humains qui doivent être comblés pour que l’apprentissage règne en maître. Ils voient le petit cœur qui a été blessé par le passé, l’ado hyper mature qui replonge à l’occasion dans sa petite enfance sous le coup d’une insécurité ou d’une solitude. Ils voient l’élève qui n’est pas son diagnostic, qui n’est pas son pourcentage au bulletin, qui n’est pas son air endormi du lundi matin. Ils voient au‑delà.

Les enseignants que j’ai rencontrés, dans le fond, ils voient la même chose que moi : des humains qui ont besoin d’être aimés pour pouvoir apprendre. Et je vous le jure, ces enseignants, ils aiment nos enfants, les protègent, les poussent plus haut et plus loin. Ces enseignants, ils sont de magnifiques humains.

Nathalie Courcy

La période des bulletins

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La période automnale des premiers bulletins d’école vient d’arriver. La première étape terminée, il est temps de voir si notre enfant est sur la bonne voie vers la réussite ou s’il y a des ajustements à faire pour se diriger vers cette réussite scolaire tant espérée et convoitée.

Pour certains parents, c’est une période de l’année comme les autres. Pour d’autres comme moi, c’est le coup de masse. Le premier bulletin m’a fait mal, très mal. Je savais très bien que mon enfant ne démontrait aucune motivation ou rigueur dans ses travaux et ses études. Je savais également que ça risquait d’être tragique, car nous avons maintenant accès à chaque résultat de devoir ou de travail sur le site Internet de l’école. Mais entre le savoir et voir le bulletin de ses propres yeux, il y a une différence. Ça fesse fort.

Qu’est-ce qu’on a fait de pas correct? Pourquoi notre enfant n’aime pas l’école? Pourquoi notre enfant ne comprend pas l’importance de la réussite ou à la limite, de l’effort? Car je suis bien réaliste : si mon enfant échoue lamentablement, ce n’est pas par manque d’intelligence, mais plutôt par manque d’effort et de motivation. Nous avons essayé de motiver notre enfant par des récompenses, de le punir par des conséquences, de lui offrir des enseignants à la maison pour aider sa préparation aux tests; rien ne fonctionne. La motivation, ça ne s’achète pas.

Il y a un certain lâchez-prise à exercer face à tout cela avant de se rendre malade. Accepter que notre enfant gâche une année scolaire et peut-être plus. Accepter que l’on veuille clairement plus que lui. Accepter que s’il n’aime pas l’école, il s’arrange pour refaire son année en double.

Mais comment lâcher prise quand chaque jour, les enseignants écrivent des courriels aux parents disant que leur enfant n’a pas fait ce qu’il faut ou encore n’a pas remis tel ou tel travail? Comment leur répondre poliment : MON ENFANT NE VEUT RIEN SAVOIR ET JE N’Y PEUX RIEN… Impossible pour moi de lâcher prise quand je suis inondée de courriel et d’appels me disant à quel point l’échec scolaire guette mon enfant. Ces courriels ne sont pas accusatoires, mais je ne peux m’empêcher de me dire que l’enseignant doit trouver que le parent ne réussit pas à motiver son enfant et qu’il y a un manque à ce niveau. Moi, j’ai plutôt envie de me dire que l’enseignant devrait tout faire pour motiver l’enfant vers la réussite. Après tout, c’est lui le spécialiste. Mais en même temps, ils doivent être aussi fatigués que moi face à ces enfants qui ne vont à l’école que par obligation et qui n’ont aucune intention d’y mettre l’effort nécessaire.

Chers enseignants et enseignantes, sachez que derrière certains de ces enfants qui ne font pas d’effort, il y a des parents qui redoublent d’ardeur pour tenter de trouver la solution magique. Il y a des parents qui sont dépourvus face à leur enfant pour qui le système scolaire ne semble pas être fait. Aviser jour après jour les parents que les travaux ou devoirs ne sont pas faits vous enlève sûrement une part de responsabilités en vous disant que vous les avez avisés et que cela ne vous appartient plus. Mais sachez que ces courriels qui s’accumulent pèsent lourd. Sachez qu’un brin de positif dans un bulletin serait apprécié. Un petit commentaire constructif malgré une note désastreuse ou encore un élément qui a été amélioré. Il y a de ces enfants pour qui la valorisation souffle plus fort dans le dos que l’on pense.

Ce bulletin, j’ai envie de le déchirer. Ce bulletin, j’ai envie de ne l’avoir jamais vu. J’ai aussi envie de « blaster » mon enfant, mais je sais très bien que cela ne changera rien. Alors à tous ces parents qui comme moi, ont des crampes lorsqu’arrive le temps des bulletins, je vous dis simplement COURAGE. Tout cela ne sera que de mauvais souvenirs un jour.

Bon je vous laisse, je vais aller me préparer psychologiquement pour les rencontres de parents individuelles. Vous savez, ces rencontres où l’on vous explique que votre enfant risque d’échouer son année, car il ne fait pas ses travaux. Ces rencontres où l’enseignant semble oublier qu’il vous envoie au quotidien les mauvaises nouvelles et que vous êtes déjà très au courant de la situation.

 

Eva Staire