Tag réparation

Boniment!

Je n’étais pas encore rendu là…

<p style="text-align: jus

Je n’étais pas encore rendu là…

Mais mon véhicule a décidé de rendre l’âme le dimanche de Pâques. Pour un athée, tout un présage. Une surchauffe fatale. Un spectacle de petites lumières au son de la clochette d’avertissement. Son dernier tour de piste.

Une fourche binaire. Réparer, pour un montant déraisonnable, ou passer à autre chose. Un pontage, ça ne règle pas le reste de la mécanique. Peu de jours pour y réfléchir. La location temporaire qui nous serre les c…

Allez, ça sera du neuf ! Un peu de tranquillité. Garantie.

Je veux bien faire. Ça fait quand même près de dix ans que je ne me suis pas frotté à l’expérience. Je suis rouillé, moi aussi. Vérifications en ligne. Comparaison. Analyse. Bien avant de faire tout contact, zyeuter de loin. Faire sa liste courte.

Évidemment, la marque du décédé ose son flirt. Mais j’ai le deuil amer. Moins de huit ans et 145 000 km, c’est plutôt jeune pour mourir ainsi. Gardez ça pour vous, je vais tenter ma chance aux petites créances. Rien de personnel, juste une perte à partager. Avec l’espoir qu’un juge trouve, aussi, qu’une automobile, ça devrait durer un peu plus longtemps qu’un lave‑vaisselle.

Comme je suis un ramasseur de papiers, j’ai encore toutes les factures d’entretien et de réparations. Dont celle, salée, il y a deux ans pour le même problème.

Mais, là, j’ai à négocier. J’haïs ça.

J’ai même déjà acheté une Saturn, car j’aimais la philosophie de la marque. Aucun marchandage, tout le monde paye le même prix. On en ressort sans aucun doute. Vous savez, quand on pense qu’on pouvait soutirer encore quelques dollars. Avoir les tapis protecteurs inclus.

Signe de notre temps, je vise désormais le paiement mensuel abordable. Le prix suggéré s’escamote rapidement. D’autant qu’en période de faibles taux d’intérêt, peu d’avantages à l’achat. Ça sera une location. Encore là, le terme est dirigé par le paiement souhaité. Vous aviez remarqué, la publicité ne parle que ce langage. Le miel, c’est habituellement la mensualité pour le modèle que personne n’achètera.

Et elle monte. C’est leur art.

L’attrait du modèle au-dessus. À coup d’options. Jusqu’à l’essentielle couleur. Une idée de génie ; vendre plus cher ce qui n’est qu’une étape de base. J’avais presque le goût de demander un rabais, pour une auto sans peinture.

On décide du véhicule, du modèle. On approche de la fin du processus. Enfin.

Reste encore à gérer la valeur de l’échange. Dans mon cas, pas beaucoup à en tirer. Sauf le tirer d’où il est échoué. Un montant annoncé comme un cadeau. Le leur. Je serre les dents, ils ont compris mon problème.

Au moins, j’ai été raisonnable. Une voiture compacte. Presque un modèle de base. Juste l’air conditionné. Même pas de roues en alliage. Bleu égéen métallisé. Et moi de souligner au vendeur que, là-bas, la mer n’a même pas cette couleur. L’instant, ça m’a fait rêver un peu à Firá.

Dernière étape. Introduite par l’intervenante du crédit. Le prix de l’inquiétude. On ajoute quelques garanties. Une mort si jeune, ça marque.

C’est finalisé, je l’aurai demain ! Je ne vous dis pas combien je vais payer aux deux semaines. Au cas où vous seriez meilleur négociateur que moi. La beauté de la chose. Toutes ces personnes qui circulent sans payer le même prix. Une individualité très profitable. Et la publicité de continuer la chanson des mensualités. Dérisoire.

J’ai au moins eu aussi les pneus d’hiver…

michel

 

On répare et on avance!

Depuis la séparation, quand on me demandait comment j’allais, je

Depuis la séparation, quand on me demandait comment j’allais, je répondais : « Des hauts, des bas. Je prends le temps de me reconstruire. » C’était honnête. Je refuse d’être une victime, mais aussi de jouer la femme forte.

Puis, j’ai eu un down. Un bout rough. La gastro des enfants et le manque de clarté extérieure n’aidant pas, j’ai commencé à tout voir en noir. Comme dans broyer du noir. Prendre la noirceur que je percevais partout en moi et autour de moi, la passer dans le blender de mes dialogues intérieurs et me badigeonner l’âme avec la glue goudronnée que ça faisait. Il ne manquait que les plumes des Dalton.

Je me connais, des passes de même, ce n’est pas bon signe. Je devais me ressaisir rapido presto pour ne pas m’enfoncer.

Et c’est là que j’ai compris que j’avais peut-être sauté des étapes.

Je suis une fille très axée sur l’action. Problème = solution. Cette équation m’évite de patauger trop longtemps dans les situations difficiles. Une fois que la décision de la séparation a été prise et annoncée, je me suis pitchée dans le processus du déménagement et de la médiation. Rencontres avec la notaire, visites de maisons, discussions avec ma banque, répartition des biens. Vous le voyez, hein, le problème que ma solutionnite aigüe a créé? Le vieux principe des sables mouvants : plus tu t’énerves, plus tu t’enfonces.

J’étais dans l’action-réaction, mais peu dans l’émotion. Pas que j’aie refusé complètement de m’y plonger, mais disons que je me suis contentée de faire de la plongée en apnée au lieu d’aller en profondeur. On ne peut pas tout faire en même temps, me direz-vous. C’est ce que je me disais aussi, et je ne regrette pas d’avoir respecté l’ordre de la pyramide de Maslow (les besoins de survie et de sécurité ont priorité sur les besoins plus « sentimentaux »). M’assurer d’avoir un matelas pour dormir et une maison pour accueillir mes enfants était plus urgent que de sortir la pelle pour creuser mes émotions.

Mais voilà, une fois que le camion de déménagement est reparti et que les boîtes ont été à peu près défaites, ça faisait de la place pour le deuil. Le temps de me reconstruire était venu, pensais-je…

« Mes blues passent pu dans porte », chantait Offenbach dans mes jeunes années. Quand je voulais faire sortir le méchant, je mettais cette toune-là sur Repeat et je braillais tant que je voulais. Là, c’était le temps de faire sortir le méchant et de le regarder dans le noir des yeux. Avancer dans le deuil au lieu de m’y enfoncer.

Et pour le faire, je ne pouvais pas commencer la reconstruction tout de suite. Pour reconstruire, il faut que les fondations soient solides, et les miennes étaient ébranlées. Si vous montez des murs après un tremblement de terre sans avoir solidifié le sous-sol et réparé les fissures du béton, les risques sont grands que ça ne tienne pas longtemps. À la moindre brise, ça va sacrer le camp.

J’ai décidé de faire un pas de recul. De reprendre mon coffre d’outils accumulés au fil des années et des débarques. De sortir ma masse et de défaire ma carapace peu à peu, à mon rythme, pour voir ce qu’il y a en dessous, bien enfoui. Je vais garder les morceaux qui sont encore bons et me départir des parties pourries, clouer avec des clous plus durables, mettre plus de vis. Travailler sur la structure plutôt que sur la tapisserie.

Ce qui ne m’empêchera pas de planter des fleurs autour de la maison et de faire jouer des tounes disco dans la baraque pour sourire et danser. Faire des rénovations, c’est plus le fun avec de la musique!

Nathalie Courcy