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La vie reprend son cours…Texte: Joanie Fournier

La rentrée approche à grands pas. À pas de géant. Elle nous rattrape,

La rentrée approche à grands pas. À pas de géant. Elle nous rattrape, court d’une case à l’autre du calendrier pour nous rejoindre. On termine nos achats scolaires, on profite de nos derniers jours de l’été. On essaie de cocher toutes les cases de notre To-do List estivale. On veut pouvoir se dire que l’on a fait toutes les sorties qui nous plaisent, qu’on a visité nos amis, qu’on a arrêté le temps aussi longtemps que possible, avant qu’il ne nous rattrape. On essaie de trouver le temps de se reposer, mais souvent, l’approche de la rentrée nous donne des fourmis d’excitation. On a envie de tout faire et d’en profiter au maximum. Quel privilège immense nous avons de pouvoir côtoyer nos enfants, les regarder grandir, apprendre à les connaître, juste eux et nous.

Cette fois, pour la première fois depuis deux ans et demi, j’ai enfin l’impression que la vie reprend son cours. Autour de moi, je n’entends plus parler de masques, de microbes, de maladies… Aux nouvelles, les scientifiques nous disent que les gens sont inconscients du mal qui nous côtoie encore. Mais moi, je pense juste que nous avons un besoin vital de reprendre nos vies. Ce n’est pas de la méconnaissance, ni de l’inconscience, ni de l’insouciance. C’est juste qu’on a besoin de se retrouver, et de reprendre nos vies en main. On a besoin de se convaincre que tout cela est bien derrière nous, juste parce que notre santé mentale a besoin d’un avenir plus prometteur. Les dernières années ont été si rudes… On a besoin de se dire que la vie reprend son cours.

Je pense que rendus là où nous en sommes, nous savons tous et chacun que nous avons fait le maximum de ce qui était possible pour se défendre et pour protéger les plus vulnérables de la société. On a écouté la science et on lui a fait confiance. Des années plus tard, on a besoin de faire confiance à la vie maintenant. On a envie de remettre nos destins entre ses mains.
Je vois les enfants dans les rues courir, crier, bouger, se mélanger. Je vois des amis qui prennent une sangria sur une terrasse. Je vois des grands-parents se joindre aux sorties de leurs petits-enfants. Je vois des sourires et des gens heureux. Je vois des enfants se faire des câlins et des adultes qui se rapprochent. Je vois la vie, la vie d’avant. Pis c’est beau à regarder. Juste beau. Pour la première fois depuis trop longtemps, rien de tout cela n’est menaçant. L’angoisse a fait place à la confiance. Ça fait un bien fou de se sentir serein.

Alors la rentrée nous rattrape à la vitesse grand V. Les enfants se demandent qui seront les amis dans leurs classes et qui seront leurs professeurs devant le tableau. Ils ne se demandent plus s’ils auront à respecter des bulles, s’ils pourront aller jouer partout dans la cour extérieure, s’ils devront porter un masque ou avoir des places obligatoires dans le transport scolaire… Ils ne parlent que de leur nouveau sac, de leurs amis, de leur hâte de les retrouver en classe. Je leur souhaite de garder cette excitation et leurs cœurs légers encore un peu. Ils le méritent.

Je ne dis pas qu’il faut ne plus s’en faire et laisser tomber toute logique scientifique. Je dis juste que cette pause, où la vie reprend son cours, ça fait vraiment du bien. Ça fait du bien aux cœurs esseulés et aux esprits angoissés. Ça fait du bien de respirer, à pleins poumons. Ça fait du bien de ne pas toujours regarder derrière son épaule dans la file d’attente. Ça fait du bien de se prendre dans nos bras. Je n’ai jamais été super confortable dans une grande foule, pourtant je réalise que les gens me manquaient.

Profitez bien de vos dernières semaines de l’été. Continuez d’arrêter le temps, aussi souvent et longtemps que vous le pouvez. Continuez de respirer, le cœur léger. Continuez de rire et de profiter de la vie. En mémoire à tous ceux qui ne le peuvent plus, vivez. Pleinement et sereinement. Laissons la vie reprendre son cours.

Joanie Fournier

Lettre à mon élève — Texte : Nancy Pedneault

Mon cher élève,   <span da

Mon cher élève,  

Depuis mars 2020, je te regarde aller. Je te vois changer. Je remarque que, comme moi, tu perds ta légèreté. Je sais qu’on doit faire tout ce qu’il faut pour préserver la santé de la population. Je comprends et toi aussi. Mais je dois t’avouer quelque chose, je m’ennuie. 

Je m’ennuie sincèrement de ton sourire. J’ai tellement hâte de te voir rire à mes blagues avec tes dents, pour vrai. Je m’ennuie de lire sur ton visage les différents sentiments que tu vis au cours de la journée.  

Si tu savais comme je m’ennuie de tes câlins sans peur de se donner la maladie. Je sais que toi aussi ; tu me le répètes souvent.  

Je m’ennuie d’entendre ta voix. Ta petite voix douce et délicate franchit difficilement le masque. Je ne t’entends pas bien. Je te fais répéter. J’ai tellement hâte de t’entendre clairement.  

Je m’ennuie de la légèreté. Tu sais, ce temps où ma principale peur était de ne pas t’avoir enseigné tout ce que tu dois savoir pour cette année scolaire. Je ne veux plus que tu aies peur chaque fois qu’un élève tousse ou ne se sent pas bien. 

Je m’ennuie de respirer dans ma classe, sans masque. Respirer, juste respirer. Je sais que toi aussi, tu en as tellement envie. 

Tu sais, mon cher élève, j’ai envie de retrouver ma classe d’avant. Celle où on peut rire et improviser. Cette classe où tu étais présent en vrai, pas en vidéo. Je ne veux plus avoir peur chaque fois que tu t’absentes.  

Bref, mon travail avec toi, celui d’avant la COVID, me manque énormément. Les « toutes autres tâches connexes » ont pris beaucoup de place depuis deux ans. Je suis maintenant pro du nettoyage, de l’aération, de la qualité de l’air, du lavage de mains, de l’enseignent en synchrone, en ligne, en vrai, en demi-groupe, dans d’autres groupes, etc. Mon temps et mon énergie pour toi s’amenuisent et cela m’attriste.  

J’ai envie de t’enseigner, comme avant. Je veux travailler pour toi. Je veux avoir le temps de te donner le meilleur service possible. Je veux être là avec toute ma tête et tout mon cœur.  

Aujourd’hui, je n’ai pas de moyen pour que ça change. J’ai juste besoin de te le dire. Parfois, le dire, ça fait du bien. 

 Alors pour toi, mon cher élève, je souhaite que la vie revienne à la normale, la vraie normale. Je te souhaite de rester un enfant, de rire, de t’amuser et surtout, d’apprendre sans souci.  

Mme Nancy