Une histoire de cancer et d’implants mammaires

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Lorsque j’étais âgée de vingt ans, ma mère a eu le cancer du sein. Je peux encore me rappeler le moment où elle me l’a annoncé ; elle pleurait à chaudes larmes et certains mots m’ont littéralement marquée : « J’ai le cancer du sein et je n’ai jamais eu de seins… »

Bien sûr, la grosseur n’a aucun rapport, mais je crois qu’elle avait toujours eu un complexe vis-à-vis ses seins et BOUM ! La vie avait décidé de viser cette partie exacte de son corps. Ce qui je crois, l’a blessée encore plus.

Alors moi, du haut de mes vingt ans, je tentais d’accepter cette nouvelle réalité. Ma grand-mère du côté paternel avait eu le cancer et voilà que c’était au tour de ma mère. Moi qui n’étais pourtant pas complexée par mes seins, une fois tous les traitements de ma mère terminés, j’ai décidé de me payer des prothèses mammaires. Je me disais : avant d’avoir le cancer du sein et bien au moins, j’aurai eu des seins !

Donc, je fête mes vingt-et-un ans en signant un prêt à la banque pour « rénovation » (j’avais un petit condo et dans le temps, nous ne pouvions pas emprunter pour la chirurgie plastique). Ma mère ne comprenait pas ce choix. Elle n’a jamais vraiment su qu’indirectement, c’est elle qui m’avait poussée à faire ce choix.

À ce jour, je peux vous dire que je n’ai jamais été spécialement fière de mes seins. Je n’ai jamais mis de décolleté à outrance simplement pour montrer que j’ai des seins. Ils sont bien là, mais je ne les remarque pas, exactement comme avant la chirurgie. Je dois spécifier qu’après trois enfants allaités, ils paraissent vraiment naturels ! Ironie du sort, c’est le seul endroit sur mon corps où j’ai des vergetures. Mais cette partie de mon corps ne m’a jamais réellement préoccupée.

Ce qui me dérange dix ans plus tard, c’est que je dois aller faire faire un entretien si je peux m’exprimer ainsi. Les sacs d’eau saline seront à changer et maintenant, avec mes merveilleux enfants, c’est la dernière chose au monde sur laquelle je veux investir. Parce que mon corps, je n’en ai que faire. Avec cet argent, je pourrais faire un voyage mémorable avec ma progéniture ou bien refaire ma cuisine qui tombe en ruine.

Mais je dois prendre soin de moi pour ma progéniture. Et si cela veut dire que je dois réinvestir dans mes implants pour garder la santé et bien malheureusement, je le ferai. Mais je repousse sans cesse le fameux rendez-vous médical qui me dira si je dois repasser sous le bistouri ou non.

Est-ce que je regrette mes prothèses ? Oui et non à la fois. Je regrette de devoir débourser un tel montant sur moi quand ma famille aurait pu en profiter. Mais d’un autre côté, je ne regrette pas parce que je suis bien dans ma peau. Peut-être n’aurais-je pas eu cette belle confiance en moi sans mes implants. Peut-être aurais-je été complexée. Qui sait ?

Sans oublier que maintenant, j’ai une charmante petite fille. Je suis censée lui dire quoi lorsqu’elle sera complexée ? « Tu es belle comme tu es. » « La beauté est dans la différence. » Je crois en toutes ces choses, vraiment. Et pourtant, je ne peux même pas prêcher par l’exemple sur ce point.

Bref, j’enseignerai à ma fille que peu importent ses choix, il faut simplement avoir confiance en soi. Et surtout ne pas vivre avec des regrets, simplement.

 

Eva Staire