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C’est la semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux du Québec. Texte : Marie-Nancy T

Du 20 au 26 mars 2022, c’est la semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux du

Du 20 au 26 mars 2022, c’est la semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux du Québec. On en parle peu comparativement à la semaine des enseignants ou des autres professions. Donc, je vais prêcher pour ma paroisse, comme on dit.

La profession de travail social est souvent mal connue. C’est tout à fait légitime puisqu’il y a tellement de domaines d’expertises dans le service social. La santé mentale, la gériatrie, les soins palliatifs, l’intervention auprès des familles et des enfants. Le travail dans les écoles, dans les organismes communautaires, dans les maisons d’hébergement pour femmes, dans les CSSS en première ligne, dans les hôpitaux, en protection de la jeunesse et j’en passe. C’est une profession passionnante qui offre un éventail de possibilités.

Les services sociaux sont souvent oubliés dans le réseau de la santé. Pourtant, les professionnels en relation d’aide sont aussi essentiels que les professionnels qui dispensent des soins physiques. Ce n’est pas une question de qui est plus important que qui. Tout le monde est essentiel. Tous les métiers, sans exception, sont nécessaires au fonctionnement de notre société et sont nobles. Je dis simplement que les services sociaux sont souvent aux oubliettes.

Pourtant, on dit bien : « santé et services sociaux » et non simplement « santé ».

Pourtant, la santé mentale devrait être considérée au même titre que la physique.

Pourtant, il y a aussi des gens qui meurent en raison de leurs difficultés sur le plan de la santé mentale. Le suicide et la dépression, c’est bien réel et c’est fréquent.

Pourtant, il y a aussi des enfants qui vivent de la négligence, des abus de toutes sortes, des mauvais traitements psychologiques et qui ont besoin de protection.

Pourtant, il y a aussi des parents qui ont besoin d’être guidés dans leur rôle parental ou d’être soutenus pendant des moments plus difficiles de leur vie.

Pourtant, il y a aussi des humains qui ont besoin d’une aide professionnelle, car ils vivent des deuils épouvantables ou parce qu’ils sont en fin de vie.

Pourtant, il y a bel et bien des femmes qui vivent de la violence conjugale et qui ont besoin d’aide et de protection, pour elles et pour leurs enfants.

Pourtant, pourtant, pourtant et encore pourtant. Je pourrais en ajouter à l’infini des « pourtant » avec sujet, verbe et complément.

Quand on y réfléchit, si tu es en pleine santé sur le plan physique et que ta santé mentale n’est pas en équilibre, ça peut être aussi dommageable pour toi. Pendant la pandémie, on a souvent parlé des anges gardiens. De ceux qui ont mis leur santé en péril pour soigner des malades. C’est exceptionnel le travail qui a été accompli pour sauver des vies et pour soigner les patients, malgré le manque de ressources.

Par ailleurs, on a souvent oublié de parler du travail essentiel des travailleurs sociaux et des autres domaines en relation d’aide. Pourtant, il y a des enfants qui ont été négligés, car les écoles étaient fermées. Il y a aussi des enfants qui ont manqué de nourriture, car le seul repas complet de la journée se prenait en garderie. Il y a des enfants qui ont manqué de stimulation et qui cumulent des retards de développement. Il y a des femmes qui ont été battues et même tuées, il y a des hommes qui ont croulé sous la pression et qui ont perdu leur équilibre. Il y a aussi des gens qui sont morts des dommages collatéraux de la pandémie, des gens qui ont eu besoin de l’aide professionnelle des intervenants psychosociaux pour demeurer fonctionnels et pour ne pas s’effondrer. Je pourrais, encore une fois, continuer cette énumération à l’infini.

Les services sociaux aussi rencontrent des gens en décomposition, au sens figuré, et doivent leur porter secours. Les intervenants psychosociaux aussi tiennent le système à bout de bras et sont dépassés par le contexte de la pénurie de main d’œuvre, le manque de ressources, l’accumulation des dossiers et des tâches administratives qui empiètent sur le temps qui devrait être offert à la clientèle. Et oui, encore une fois, je pourrais poursuivre en donnant des milliers d’exemples de la sorte, mais je vais me concentrer sur l’essentiel du message.

En somme, en cette semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux, je tiens à vous dire, collègues et amis, que même si la reconnaissance n’est pas toujours au rendez-vous (une chance qu’on n’en a pas besoin pour exercer notre profession au mieux de nos capacités), vous faites un travail remarquable, exceptionnel, fondamental et exemplaire.

J’ai vu des êtres humains reprendre le contrôle de leur vie, grâce à vos interventions.

J’ai vu des femmes se sortir du cycle de la violence conjugale, grâce à votre professionnalisme.

J’ai vu des enfants épargnés de futurs gestes d’abus, grâce à votre vigilance.

J’ai vu des vies sauvées, grâce à vos prouesses et à votre dévouement.

Encore une fois, j’ai vu encore bien plus et je pourrais en énumérer jusqu’à demain, des phrases qui débutent par « j’ai vu » avec sujet, verbe et complément.

La santé, ça inclut aussi les services sociaux. Dans le fond, ça doit être pour cela qu’on dit : « santé et services sociaux ». Bonne semaine des T.S à vous tous, collègues extraordinaires. J’inclus également tous mes collègues des autres professions en relation d’aide. Vous êtes essentiels, peu importe l’endroit où vous exercez votre profession.

Nancy Tremblay

La misère humaine

De par mon parcours de vie et mon travail, la misère humaine, je sa

De par mon parcours de vie et mon travail, la misère humaine, je sais qu’elle existe. Cette profonde détresse sociale qui masque le cœur des gens et les entraîne dans des patterns inimaginables. Comment est-ce qu’on peut vendre son enfant pour des services sexuels en échange de drogue ? Secouer son bébé ? Assassiner la chair de sa chair ? Violenter les gens qui devraient être les personnes les plus précieuses dans notre vie ? Il faut avoir côtoyé la misère humaine pour comprendre que le problème, il est profond, complexe et surtout très confrontant.

Il y a quelques jours, le pire est arrivé à la petite Rosalie. On ne sait pas tout, mais on connaît le résultat final et c’est bien suffisant. La mère en moi a fermé les articles, car c’était trop difficile à lire, à imaginer. Puis, j’ai fait l’erreur de lire quelques commentaires. J’ai été frustrée par en dedans quand on souhaitait haut et fort la mort de sa mère et de tous les parents qui n’arrivent pas à protéger leurs enfants. Tuer une personne parce qu’elle en aurait tué une autre, ça ne fait pas aussi de nous des tueurs ? Ça ne fait pas de nous des gens qui utilisent le même moyen que l’on dénonce ? En tout cas, ce n’est pas le but de mon texte. Puis on ne connaît même pas le fond de l’histoire, sa mère, elle est innocente jusqu’à preuve du contraire, ne l’oublions pas.

Ça m’a ramenée à il y a quelques semaines, j’étais triste aussi. Suite à l’annonce de la gratuité des services de garde en milieu défavorisé, j’ai encore une fois fait l’erreur de lire les commentaires sur Facebook. Une bonne partie des gens étaient frustrés : « Wow m’a y aller sur le BS c’est ben plus payant », « Maudit moi je travaille fort pis j’ai de la misère à arriver, le gouvernement ne peut pas m’aider moi aussi au lieu des criss de BS », ainsi de suite.

J’aurais besoin qu’on m’explique : elle est où, la cohérence collective ? Rosalie, vous auriez aimé que le système la protège, mais en même temps, il ne faudrait pas que le système investisse chez les plus pauvres, jamais, parce que ce sont juste des BS qui vont en profiter ?

Vous savez quoi ? J’aurais envie de proposer le contraire : « Qu’ils aillent donc sur le BS, ceux qui travaillent ! » On s’en reparlera dans quelques mois. J’offre même de l’aide pour le déménagement, parce que ça m’étonnerait que vous puissiez rester dans le même quartier, la même maison, le même voisinage. Même avec cet exercice, ce ne serait pas réaliste puisque vous n’auriez pas eu la même enfance, les mêmes traumatismes, la même personnalité que ceux que vous dénoncez. Vous n’auriez pas le poids de la transmission intergénérationnelle, de l’ostracisation de la société, de l’isolement, de la souffrance si grande qu’elle coupe toute forme d’empathie.

Peut-être, par contre, que cela permettrait de vivre le problème de l’intérieur. D’entendre le voisin battre sa femme ou la femme battre son conjoint et le faire accuser par la suite, de voir des enfants trop seuls, trop tard dans la rue, d’entendre des bébés hurler à longueur de journée et des parents hurler encore plus fort pour qu’ils cessent.

On fait quoi ? On les ramène tous les enfants chez soi ? On les place tous ?

Des fois, sortir un enfant d’un milieu toxique et le mettre dans une belle petite famille aimante, c’est traumatisant pour lui, il perd des repères qui, bien que malsains, lui permettait de survivre un minimum.

Comment est-ce qu’on traite les personnes les plus vulnérables de notre système ? Dans quoi choisit-on d’investir comme communauté ? Comment fait-on pour briser l’isolement qui crée de la détresse sociale ? Je n’ai pas de réponses, mais je sais que la haine n’est pas une option constructive.

Roxane Larocque