Quand les tatouages parlent

J’ai t

J’ai trente-neuf ans et j’ai cinq histoires de tatouées sur mon poignet gauche.

Mon premier marquage est quasi invisible, cicatrice d’un mal de vivre qui a failli me coûter la vie. Petite ligne amincie et effacée au fil des années. S’alignant le long d’une veine bleutée, elle s’estompe avec ce point‑virgule que j’y ai fait ajouter à l’encre noire.

 

Quelle est la signification de ce point-virgule? Avant même de savoir qu’un mouvement existait en ce sens, j’avais choisi ce signe en amoureuse de littérature que je suis. Dans l’écriture, l’auteur se retrouve parfois devant le choix de mettre un point final à une phrase, ou au contraire, d’y mettre un point‑virgule pour ainsi continuer ladite phrase.

 

À quinze ans, j’avais décidé de mettre un point. Un point final à cette vie que je trouvais si lourde, si vide, si douloureuse. Mais une part de moi en a décidé autrement et c’est finalement un point‑virgule que j’ai tatoué sur mon âme. J’ai décidé de vivre, de me choisir, d’utiliser la chance que j’avais pour en faire « quelque chose ». POINT.

 

Vous commencez à me connaître un brin, j’écris. Toujours, beaucoup et avec passion et émotion. Alors sous mon premier tatouage, j’ai fait ajouter une belle grande plume, verte. Une plume, car elle rappelle l’angélique, la douceur, l’espoir que l’on écrit toujours un peu, chaque jour sur la feuille, dans le livre de notre vie. Verte, car c’est ma couleur favorite, mais surtout, celle de l’espoir.

 

Au centre de mon poignet, les noms de mes plus grands amours, mes trois merveilleux enfants, entrelacés dans le signe de l’infini, ce huit couché qui témoigne que je les aime à l’infini. Mon plus jeune dirait spontanément : « À l’infini plus un! »

 

Puis, j’ai eu, car je ne l’ai plus, un petit cœur rouge avec la première lettre du prénom du père des enfants. N’étant plus ensemble, j’ai voulu l’enlever, le modifier. Mais pas pour une banalité. Pour quelque chose qui me parle, qui me ressemble et qui signifie pour moi un renouveau.

 

Alors le voici, mon tout récent tatouage, un phénix, vert lui aussi, s’harmonisant avec ma belle plume. Le phénix étant un oiseau mythique qui, lorsque sa vie s’arrête, se consume et renaît de ses cendres.

 

Voici ce que je suis : une femme qui s’est consumée entièrement, qui s’est effondrée et qui renaît.

Tout feu tout flamme, me voilà bonifiée par ma nouvelle vie. Mon nouvel amoureux, ma nouvelle moi. Mes enfants s’épanouissant à mes côtés plus que jamais.

 

Je suis celle que j’ai toujours été, avec mes cicatrices, mes souvenirs, mes désirs et surtout mon espoir. Vive comme la flamme et empreinte de cette nouvelle soif de vivre qui me fait sourire plus que jamais.

 

Vous, avez-vous de ces dessins corporels qui vous parlent?

Quels sont-ils?

Vous nous les montrez?
Ou allez-vous en avoir éventuellement?

Quel sera votre choix?

 

Simplement, Ghislaine