L’art-thérapie ou l’art de faire du bien… quand maman perd ses cheveux
L’art-thérapie est une méthode qui consiste à utiliser l’expression artistique et la créativité d’une personne à des fins psychothérapeutiques. Mais quand c’est la personne qui devient l’œuvre, est-ce que les effets thérapeutiques sont aussi efficaces?
Et bien, de mon expérience, je vous dirais que OUI. Je dirais même que la déformation de cette méthode par mes enfants m’a apporté encore plus de bienfaits et de bien-être que si j’avais simplement utilisé un mode d’expression artistique quelconque pour passer à travers l’épreuve difficile de la perte des cheveux. Non seulement leur créativité m’a fait du bien. Mais elle LEUR a fait du bien aussi.
Je vous explique. Comme la plupart le savent, un des effets secondaires de la chimiothérapie est la perte complète des cheveux. Une épreuve difficile pour une jeune femme célibataire de 36 ans, mais aussi pour son entourage direct. Cette perte, bien que temporaire, nous renvoie à l’image de soi, au regard de l’autre et surtout…surtout, aux standards de beauté! Les sacro-saintes normes esthétiques de nos sociétés!
Une femme est tellement plus belle avec les cheveux longs, n’est-ce pas? En tout cas, c’est ce qu’on apprend à nos enfants dès le plus jeune âge par le biais de contes de fées. Toutes ces princesses qui rivalisent de féminité avec leur longue chevelure.
Tandis que l’image de la femme rasée est chargée de connotations négatives. Une image qui s’est construite au fil du temps et de l’Histoire… La tonte de la chevelure est un châtiment présent dans plusieurs cultures, depuis bien longtemps. Au Moyen-Âge, ce châtiment était utilisé contre les femmes adultères. Après la Seconde Guerre mondiale, les femmes soupçonnées d’avoir collaboré intimement avec les Nazis étaient également rasées. En Inde, les veuves doivent se raser la tête à la mort de leur mari. Bref, cette marque publique est une véritable humiliation pour les femmes. Alors comment se défaire de cette honte lorsque la perte de la chevelure est causée par la maladie?
Je n’ai pas de réponse miracle. Je pense que c’est un travail personnel que chacune doit faire avec elle-même pour arriver à assumer son coco. Dans mon cas, ce sont mes enfants qui m’ont beaucoup aidé dans ce processus. L’avantage de l’innocence de la jeunesse! Leur esprit n’a pas encore été souillé par les dictats de beauté et leur jugement n’est pas encore altéré par l’opinion des autres… Alors ils ont accueilli mon coco comme un Kinder Surprise. Et comme la perte de mes cheveux a coïncidé avec le weekend de Pâques, ma fille a eu la brillante idée de me peindre le coco pour l’occasion! Histoire que je porte les couleurs de mon deuil…
Et je vous assure que de devenir, le temps d’une journée, l’œuvre d’art de ma fille a eu de grands effets thérapeutiques sur mon bien-être intérieur. Et l’utilisation de l’expression artistique a aussi permis de dédramatiser la perte des cheveux aux yeux de mes enfants. Quand l’art fait du bien. Et que le rire ne tient qu’à un cheveu…
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