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Ode à tous les travailleurs

Je le sais…

Mars 2020, vendre

Je le sais…

Mars 2020, vendredi 13. Les écoles ferment. L’état d’alerte est envoyé à travers le Canada. Le monde entier est paralysé. La pandémie a pris le dessus sur nos habitudes de vie.

C’est avec la peur au ventre que toi, tu te lèves tous les jours pour aller travailler. Tu as jugé nécessaire de contribuer au bien-être de la société. Tu t’exposes au danger pour exercer ton devoir de citoyen. Pour subvenir aux besoins de ta famille. Pour aider ton employeur à garder le cap sur son chantier. Pour approvisionner la population. Pour soigner les malades. Pour garder les enfants de ces gens qui s’exposent tous les jours. Pour répondre aux appels d’urgences. Pour reporter tous les rendez-vous planifiés dans divers services. Pour aider, tout simplement.

Je le sais que tous les matins, ça te tiraille par en‑dedans. Que toi aussi, tu aimerais rester chez toi, à l’abri de ce foutu virus. Suivre les nouvelles, profiter du temps de repos exigé avec ton enfant. Respirer. Loin du danger. Mais ta réalité est tout autre. Tu y vas une journée à la fois. Une heure à la fois.

Je le sais que tous les matins où tu déposes ton enfant dans un service de garde d’urgence, tu le fais à contrecœur. Que lorsque tu quittes la maison, tu te fais rassurant, en disant que tu prends toutes les précautions nécessaires. Mais je le sais aussi que tu es inquiet. Je le sais que tu espères croiser des gens consciencieux dans ta journée. Des gens qui, eux aussi, respectent les règles gouvernementales. Mais je le sais que ce ne sont pas tous les gens qui le font. Malheureusement. Pis je le sais que ça te fâche. Avec raison.

Je le sais que ça fait juste commencer et que tu es déjà fatigué. Le stress physique et psychologique est constant. Je le sais que tes mains n’en peuvent déjà plus. Cette surdose de lavage de main te donne la nausée. Tes mains brûlent. Ça fait juste une semaine. Ta tête est pleine. Tu cours pour toi‑même subvenir à tes besoins en fréquentant les lieux publics. C’est toi qui t’exposes constamment pour protéger ta famille. Mais je sais aussi que tu le fais avec tout ton cœur. Que tu n’y changerais rien, dans les circonstances.

Nager dans l’inconnu. Un inconnu si peu rassurant, c’est effrayant.

Je veux que tu saches que nous sommes tous derrière toi. C’est beau de te voir aller malgré cet état d’urgence. C’est beau de voir des gens avec tant de dévouement dans un monde si nombriliste. Tu me donnes espoir. Espoir que cette pandémie fera réaliser beaucoup de choses aux gens. Que l’entraide, l’amour et la résilience dont tu fais preuve donneront envie aux jeunes et aux moins jeunes de s’ouvrir sur le monde.

Pour toi, le caissier, le transporteur, l’adjoint, le journalier… merci. Des métiers souvent peu valorisés. Vous êtes des gens de cœur. Vos emplois se doivent d’être enfin reconnus. Dans cette tragédie, nous réalisons enfin l’importance de chaque emploi. Tous aussi importants les uns que les autres.

À tous les travailleurs acharnés, on vous envoie une grosse dose d’amour et de courage.

Ça va bien aller.

Maggy Dupuis

 

Ode à toi, travailleur de la neige…

En ce matin printanier, j’ai une pensée pour toi, mon déneigeur.

En ce matin printanier, j’ai une pensée pour toi, mon déneigeur. Tu ne l’as pas eue facile cet hiver.

Je pense aussi à toi, déneigeur de la ville.

De longues heures, souvent nocturnes, passées derrière ton volant à contourner les véhicules stationnés en pleine rue malgré l’interdiction. À redoubler d’ingéniosité pour trouver une place à toute cette neige et cela, en prenant soin de ne pas envahir le patio d’un client, sans enterrer la clôture d’un autre et en évitant la haie de cèdres du voisin…

Je pense à ta famille. Ta conjointe qui a pris le relai plusieurs matins afin de t’accorder un moment de répit. Tes enfants qui ont sans doute écopé de ton absence trop fréquente cet hiver.

Je pense aux livreurs, aux laitiers, aux facteurs… Je revois mes escaliers déneigés de justesse entre deux tempêtes.

À vous tous, en ce matin qui éloigne enfin les longues nuits enneigées, je dis merci.❤️

À tous ces gens et au nom de tous ceux qui se sont sentis en sécurité grâce à vous, je dis merci.❤️

Karine Lamarche

Soyons conciliants

Récemment, une bombe éclate au Québec : Pierre-Karl Péladeau démissionne.

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Récemment, une bombe éclate au Québec : Pierre-Karl Péladeau démissionne.

La raison : une cohabitation entre la famille et le travail complètement impossible.

Qu’on adhère ou non à cette théorie, n’en demeure pas moins que pour moi ça relance une fois de plus la réflexion sur cette fameuse conciliation travail-famille; termes qu’à peu près tous les parents ont en bouche pour justifier maladroitement leurs cernes sous les yeux.

Mais est-ce possible de rapprocher ces deux univers? Avant de tenter une réponse, il faut d’abord se rappeler ce que veut dire « conciliation ». J’ai donc « antidoté » le tout et on m’explique que concilier signifie « trouver par des concessions l’approbation de personnes qui étaient divisées par leurs opinions, leurs intérêts. »… OK, j’ai rien appris de nouveau, mais ce que je sais par exemple, c’est que c’est probablement ce que je trouve le plus difficile dans le fait d’avoir des enfants. Oui, on dort moins qu’on aurait besoin; oui, on s’inquiète plus qu’on devrait…mais d’être capable de bien naviguer entre le rôle de papa et celui de travailleur, c’est ce qui me donne le plus de sueurs froides. J’me sens toujours à cheval entre la fierté et le doute; le désir d’accomplissement et la volonté d’être plus présent; entre la tête et le cœur.

Pourtant, je fais partie des chanceux qui, étant travailleur autonome, peut se libérer plus facilement quand arrive un pépin à la garderie. À moins d’une réunion avec le pape, je peux généralement m’arranger. Et comme ledit pape refuse toujours mes invitations, je n’ai pas ce problème-là. Toujours est-il que même si je suis capable de me libérer en cas de force majeure, même si mes employeurs sont très ouverts et compréhensifs…y’a toujours un imprévu qui débarque : la culpabilité. Sondage : levez la main ceux et celles qui ne se sentent absolument pas coupables d’aviser son patron que le plus p’tit a vomi ce matin et que vous allez devoir prendre un congé? Allez-y, levez la main… Je sais pas pour vous, mais moi je ne vois aucune main levée. J’ai prouvé mon point.

On se sent coupable de ne pas être là où on « devrait » être. Professionnellement, on s’entend. Comme quoi le travail, de façon sournoise, a pris une grande place dans nos vies. La plus grande, en fait. On parle de conciliation travail-famille, mais on devrait plutôt parler de conciliation travail-vie… On a tous déjà dit « Désolé(e), chéri(e), mais ce soir, je dois travailler un p’tit peu. » Eh bien si p’tit peu soit-il, ce p’tit peu-là a quand même tassé l’être aimé. Mais dans la vie, on a le temps. Toujours. Et on détermine à quoi on l’utilise. C’est tout. Quand quelqu’un dit « J’ai pas le temps », moi j’entends « J’ai préféré faire autre chose ».

C’est dur d’être en paix avec tout ça. Quand on est travailleur autonome, on est très conscient du travail qui n’avance pas pendant qu’on passe du temps avec nos enfants pendant les heures d’ouvrage. Alors, on pense bosser dès que les p’tits seront couchés pour compenser mais là, c’est le couple qui en prendra pour son rhume. Donc pour éviter ça, on travaille quand toute la maisonnée dort. Et j’récupère quand dans tout ça? Oh, j’dis pas ça pour me plaindre; c’est le job que j’ai choisi et c’est la famille que j’ai choisie aussi. Mais je suis convaincu que je ne suis pas le seul dans cette situation-là.

De nos jours, on travaille fort pour garder l’équilibre; on veut une relation amoureuse saine, des enfants de qui on est proche, une carrière qui brille… on souhaite aussi être en forme, bien manger, prendre du temps pour soi, pour ses amis. Après on va se surprendre de la quantité de couples qui éclatent, des connaissances qui s’éloignent et du nombre de chefs de parti qui démissionnent.

La solution? Faire de son mieux, probablement. Accepter qu’il n’y a rien de parfait et que pour un bout, y’aura une patte du tabouret qui va branler un peu. Mais dès qu’on aura trouvé le bon tournevis, on va l’ajuster. Pendant qu’on le cherche, on essaie de rester en équilibre. Mais l’équilibre ne peut pas exister sans le déséquilibre. Comment on fait pour vraiment apprécier une situation si on n’a pas vécu son contraire?

Pour moi, la conciliation travail-vie, c’est comme…oh, désolé, j’dois aller changer la couche de L’héritière.

Bonne semaine!

Crédit photo tech.co