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Entendez-vous la voix des vacances ? Texte : Nathalie Courcy

Je me suis offert deux nuits dans un gîte pendant la relâche. Seule. Juste assez loin de chez moi

Je me suis offert deux nuits dans un gîte pendant la relâche. Seule. Juste assez loin de chez moi pour être dépaysée, mais pas pour me ruiner.

J’y vois le blanc de la neige à perte de vue. La rivière gelée. Les arbres, le ciel, l’espace.

J’y entends le silence. La jasette des coyotes. La voix basse des propriétaires.

J’y sens le parfum des chandelles, le repas libanais qui cuit. La mousse du bain que je me fais couler.

Je m’y dépose, avec mes livres, mes cahiers, ma balle de laine, mon tapis de yoga. J’y ai apporté la partie de moi qui voulait prendre soin de moi. J’ai laissé derrière les responsabilités, les tracas, les urgences. Ils y seront encore à mon retour, mais moi, je les verrai un peu différemment, comme s’ils étaient devenus un filigrane pâle sur une page.

Enceinte, on cohabite à temps plus que plein avec notre enfant, pendant neuf mois, plus ou moins quelques semaines. On est loin des gestations éléphantesques de 22 mois, mais quand même, cette fusion persiste même après la sortie de l’utérus. La survie humaine est ainsi programmée : bébé a besoin d’un adulte, d’un parent, et si possible de sa mère, pour rester en santé et en vie et pour devenir autonome.

Vient un temps où c’est à la maman de sortir de la bulle construite avec son enfant. C’est sain pour lui, c’est sain pour elle. Comme pour toute transition, il peut y avoir une impression d’être « arraché », de se lancer dans l’inconnu, de tomber dans le vide. Ne plus savoir ce que fait notre bébé (nos ados aussi sont nos bébés…) en tout temps, ne plus savoir qui on est sans notre bébé.

Même si je m’absente à l’occasion de la maison pour le travail, je constate que je l’ai peu fait pour prendre soin de moi ou par pur loisir. Ce n’est pas naturel pour moi de m’éloigner de mes enfants, je dois m’y entraîner, développer l’habitude pour la rendre plus confortable. Je le fais par nécessité, mais aussi parce que je les vois, eux, s’éloigner tranquillement. Ils grandissent et les pas qui les éloignent de moi s’allongent de plus en plus. Ainsi va la vie qui va…

Donc plutôt que de me rebeller et de tout faire pour les retenir, je préfère me pratiquer à les laisser s’éloigner… en m’éloignant une fois de temps en temps. J’existais avant eux, j’existerai après ! En version modifiée, améliorée. Quand je prends soin de moi, je prends soin d’eux et bonus : je leur donne l’exemple.

Nous recommençons bientôt un blitz école-activités-amis-rendez-vous jusqu’à la fin de l’année scolaire. Ce n’est pas moi qui suis assise devant les profs, mais quand même, je suis derrière, en soutien, en encouragements, en « go, t’es capable », en réveil le matin. Donc la relâche, c’était pour moi aussi !

J’avais besoin de petites vacances pour être plus présente à moi, plus présente à eux. Je me suis entendue. Je me suis écoutée.

Pourquoi attendre que l’épuisement, la maladie ou la dépression nous soufflent à l’oreille d’arrêter quand on peut choisir le meilleur moment et la meilleure façon de le faire ?

Entendez-vous ? Il y a une petite voix qui me dit de reprendre des mini vacances bientôt…

 

Nathalie Courcy

 

Faire taire les voix

Quand j’étais petite, j’adorais l’été, flâner autour de la

Quand j’étais petite, j’adorais l’été, flâner autour de la piscine, inviter des copines à la maison, manger des pop sicles jusqu’à en avoir la langue de couleur arc-en-ciel. L’été, c’est fait pour rêver, pour avoir des histoires à raconter, pour avoir des souvenirs. Quand on est enfant, l’été c’est l’insouciance, la liberté, la légèreté, comme si rien ne pouvait nous atteindre. Et pourtant…

En remontant le temps, un été m’a plus marqué que les autres ; des images se sont gravées à jamais dans ma tête, un sentiment nouveau m’a habitée, une odeur amer de tristesse et d’incompréhension est restée dans l’atmosphère et la moiteur de cet été. Un énorme nuage gris est passé sur nos vies, un nuage de colère, de douleur, d’impuissance, rempli de pourquoi et de si. C’est cet été-là que j’ai vu mon père pleurer pour la première fois, des larmes discrètes, à peine visibles, comme la rosée du matin sur les fleurs des champs. Cet homme si fort, si sûr de lui, impassible, presque froid parfois. En une fraction de seconde, tout avait basculé. Il voulait nous expliquer, mais ne trouvait pas les mots. Il était sans voix. Aucune explication ne pouvait justifier ce geste. Il venait de perdre son petit frère.

Mon oncle dormait à la maison. Mon père était allé le chercher chez lui plus tôt dans la journée. Il  avait fourré quelques affaires rapidement dans une valise: une brosse à dent, un short et une chemise. Cela ne pouvait plus continuer, il avait besoin d’aide. Même si c’était un adulte, lui‑même père de deux enfants, il n’avait plus la force ni les idées assez claires pour s’en sortir seul. Ce soirlà, pour seule explication, mon père nous avait dit que mon oncle était malade et qu’il devait rester avec nous. Pourtant, avec mes yeux d’enfant, je ne remarquais rien d’anormal. Il ne saignait pas, aucune blessure apparente. Il devait aller chez le médecin le lendemain. Peut-être qu’avec des pilules, il arriverait à calmer ses angoisses et ses terreurs, à guérir, à revivre. En attendant son rendez-vous, il ne devait pas rester seul, c’est pourquoi mon père l’avait amené chez nous. Mon père était patient avec son petit frère. Depuis leur tendre enfance, il se sentait responsable de lui, il devait le protéger, l’aimer et le chérir. Est‑ce une promesse qu’il avait faite à mon grand-père, j’en doute. C’était plutôt un lien fraternel unique entre eux deux.

Le soir venu, je lui ai proposé ma modeste chambre. Il s’est couché dans mon petit lit d’enfant, blotti et recroquevillé sous les couvertures, presque enfoui pour se cacher. Moi, je suis allée me coucher dans la pièce d’à côté, avec ma sÅ“ur cadette. Durant la nuit, nous l’avons entendu pleurer, hurler et crier comme un loup solitaire dans la forêt. La forêt qu’il aimait tant. Un long cri de douleur dans la noirceur. Il avait peur, peur des autres, de lui-même. Ce n’étaient pas des cauchemars, pour lui c’était son quotidien, sa réalité. J’ai entendu ma mère se lever sur la pointe des pieds, comme elle l’aurait fait pour nous. Il pleurait, trempé par les larmes, la sueur, transi de peur. Ils chuchotaient. Ma mère l’a bordé et est restée à son chevet le temps qu’il somnole et que sa respiration devienne plus régulière. Moi, je ne dormais pas, j’écoutais. J’ai compris qu’il était vraiment malade, un mal qu’on ne voit pas, un mal qui ne s’explique pas, un mal qu’on ne comprend pas. Un mal qui rongeait son âme, son esprit. Il avait mal dans la tête.

Au petit matin, le soleil brillait déjà bien fort, une belle journée d’été s’annonçait. J’avais hâte de mettre mon maillot de bain et de piquer une tête dans la piscine, car l’été c’est fait pour s’amuser. Nous étions tous installés en terrasse pour le déjeuner. Mon oncle est arrivé, l’air livide, les yeux cernés, fatigué de ne pas avoir bien dormi. Malgré la souffrance qui le dévorait, il nous a souri inconsciemment et s’est assis. En sirotant son café, ses gestes étaient tendus, nous le sentions stressé, inconfortable, mal à l’aise. Il ne cessait de scruter l’horizon, à la recherche d’un indice, de quelque chose, de quelqu’un. Il sursautait au moindre bruit, une voiture qui passait, un oiseau dans le ciel. Il a commencé à dire d’une voix tremblante et de plus en plus inquiet : «  Ils me cherchent, ils veulent m’attraper, ils viennent pour me prendre, ne me laissez pas aller, protégez-moi. » Mais qui ? Il n’y avait personne, que nous, encore en pyjama, marqués par les stigmates de la nuit passée. Mon oncle demandait de l’aide. Je ne pouvais pas en vouloir à mon père de passer du temps avec lui, il en avait sûrement plus besoin que moi. Ses démons le hantaient et le traquaient même en plein jour. Je me souviens de la douleur dans son regard.

Après le déjeuner, il est venu avec nous dans la piscine, sans dire un mot, sans toucher l’eau, il a sauté, comme s’il perdait pied dans le vide. Il est resté de longues secondes sous l’eau, des secondes qui me parurent une éternité. Puis il est réapparu, l’eau ruisselant sur son visage, mi‑homme, mi‑enfant, fragilisé par ce qu’il lui arrivait, mais enfin apaisé. C’est la dernière image nette et précise que j’ai de lui. Ensuite, mon père l’a conduit chez ma grand-mère qui habitait à un kilomètre de la maison. Là-bas, une de mes tantes devait le conduire à l’hôpital pour son rendez-vous. Le garderait‑on sous observation ? Resterait-il là-bas le temps de reprendre ses esprits, le temps de mettre des mots sur sa maladie ? On ne saura jamais, car il ne s’est pas rendu à ce rendez-vous.

Alors que tout le monde était à l’extérieur, prêt à monter en voiture, mon oncle s’est éclipsé, on ne sait pour quelle raison, prétextant une excuse. Peut-être qu’il savait déjà ce qu’il devait faire. Peut-être qu’en passant devant le mur, au-dessus du foyer, il a vu les fusils et tout s’est précipité dans sa tête. Des fusils de chasse bien alignés, bien rangés, comme une décoration, comme une invitation, comme une certitude pour lui. Les voix criaient dans sa tête, l’empêchaient de penser, mais lui ordonnaient d’agir. Mon oncle en a pris un, il était tellement habitué de les manier. Il aurait pu le reposer, mais par malheur, il y avait une douille à l’intérieur, une seule ! Les voix étaient sûrement incontrôlables, impénétrables dans sa tête, il a posé le canon sur sa temple et a appuyé sur la gâchette sans réfléchir, comment pouvait-il avec ce brouhaha, c’était le chaos dans son esprit. Malgré toutes les voix qu’il entendait, il ne pouvait pas mettre de mots sur sa douleur. D’un simple geste fatal, les voix ont éclaté en mille morceaux. C’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour les faire taire, pour les chasser à jamais de sa vie. Il était un chasseur aguerri qui ne ratait jamais sa cible. Il n’a plus jamais entendu de voix à partir de ce moment-là. Le silence… long et lugubre. Le silence, parfois cruel, parfois salutaire. Lui, il voulait juste faire cesser tous ces sons dans sa tête. Il ne souffrait plus.

Pour nous, ce fut une longue détonation, qui a résonné en écho dans la forêt. Les oiseaux ont volé, comme libérés de leurs cages invisibles. C’était une évidence. Mon père a toute de suite compris. Après, il y eut les sirènes, le néant, l’absence, la souffrance, une famille déchirée, qui se demandait encore parfois si on aurait pu éviter l’inévitable.

 

Gabie Demers

Chanter, ça fait du bien!

J’ai toujours aimé chanter. Déjà toute petite, j’attirais lâ€

J’ai toujours aimé chanter. Déjà toute petite, j’attirais l’attention de ma famille et je leur demandais de m’écouter chanter. À la maternelle, j’adorais le moment où l’on devait apprendre une nouvelle chanson.

Je me rappelle qu’à l’adolescence, lorsque j’attendais l’autobus, je m’improvisais chanteuse et je chantais à tue-tête dans l’abribus. Je trouvais que ça sonnait bien! Je l’ai même fait à quelques reprises à l’âge adulte. Hi! Hi! Hi!

Oui. Ça m’est aussi arrivé de faire quelques fausses notes dans la doucheeeeeeeee!

Plus tard, dans mon rôle d’éducatrice, j’ai pu continuer d’exercer ma voix à différents moments de la journée. Je chantais pour animer les moments de routine, je chantais lors de la sieste. Mes collègues venaient me voir pour retrouver un air de chanson ou pour des paroles oubliées.

Je trouve cela très libérateur de pouvoir s’exprimer en chantant. Chanter tout bas, en chuchotant quelques phrases en anglais, pas toujours avec les bons mots, mais bon! Chanter sa toune préférée lors d’une peine d’amour, la faire jouer en boucle, encore et encore. Chanter fort lorsque la colère gronde. Chanter à tue-tête lorsqu’on est heureux.

Que de beaux moments j’ai passés dans ma voiture, le volume dans le tapis. Et parfois, pour ne plus entendre mes enfants chialer, je montais le son. Ils arrêtaient immédiatement. Le message était clair, c’était la fin du chialage.

Parfois, je me fais surprendre par mes adolescents, les écouteurs sur les oreilles, la musique à fond et moi qui chante comme une déchaînée. Pour faire la vaisselle, c’est un bon stimulant.

Lorsqu’ils étaient bébés, je chantais pour qu’ils se calment. La douce voix d’une maman ou d’un papa est bénéfique pour l’enfant. Cela le rassure, le sécurise.

J’aurais aussi pu m’inscrire dans une chorale, suivre des cours de chants, mais je n’ai jamais osé! Chanter avec des adultes pour des adultes, ouf! Beaucoup trop d’anxiété à gérer.

Puis un beau jour, lors d’une thérapie de groupe, on m’a proposé de participer à une activité de rétablissement par le chant. Lorsqu’on m’a parlé de ce type d’activité, j’ai embarqué sans me poser de question. Le moment était venu de foncer et d’oser.

J’allais pouvoir chanter dans une chorale et côtoyer des gens qui, tout comme moi, ont eu à traverser des problèmes de santé mentale. J’ai osé! Jamais je n’aurais fait de démarche en ce sens auparavant. J’avais trop peur du jugement des autres. Mais là! Les autres étaient tous comme moi.

Pendant six mois, deux fois par semaine pour un total de six heures, je me rendais à la salle de pratique avec enthousiasme. Ce temps passé à chanter, à rire, me faisait un bien énorme.   Pendant six heures, j’étais une chanteuse et non pas une femme de 51 ans avec un trouble d’anxiété généralisée et en dépression. (Je vais très bien maintenant.)

J’ai eu droit à une chanson écrite par mon professeur sur le thème OSER. Il m’a proposé de chanter en solo lors du spectacle de fin d’année. Oser chanter devant des centaines de personnes était tout un défi. Et je l’ai fait. J’ai tripé fort! Nous avons même enregistré un CD.

Mon estime de moi a grandi, j’ai repris confiance en moi et en mes capacités. Je n’ai presque plus peur du jugement des autres (c’est un travail à vie!) En fin de compte, j’ai de l’oreille et je chante juste. Mon groupe et moi sommes allés chanter pour des gens dans les CHSLD de la Montérégie. Une façon de redonner au suivant. J’ai adoré mon expérience.

Cela fait maintenant six mois que ma participation à la chorale est terminée. Mais je n’ai pas arrêté de chanter pour autant. C’est maintenant au tour d’autres personnes de bénéficier de cette activité. Une belle façon de briser l’isolement et de faire taire les préjugés face à la santé mentale.

Cette activité de rétablissement a été organisée, planifiée, pensée par Serge Vincent Raymond, auteur, compositeur et interprète. Depuis plus de dix ans, il s’est associé au CSSS de la Montérégie pour offrir aux personnes ayant à traverser des problèmes de santé mentale cette thérapie de rétablissement par le chant. Il a aussi créé l’association Ces Voix oubliées. 

Chanter pour votre santé, c’est super pour votre bien-être!

Line Ferraro

Un bébé ému par la voix de sa maman!

A-DO-RA-BLE : C’est le seul mot qui peut décrire cette vidéo ! Complètement absorbé par la voi

A-DO-RA-BLE : C’est le seul mot qui peut décrire cette vidéo ! Complètement absorbé par la voix de sa maman, le petit Leland passe de la joie aux larmes. Faut dire que la maman à une voix magnifique ! Cette vidéo tournée au Tennessee aux États-Unis est devenue virale très rapidement. Si vous avez envie d’entendre la chanson originale, il s’agit de la chanson « Good Good Father » du groupe Housefires.