Ma fille, nos passions et moi
Depuis qu’elle est née, ma fille aînée a bien dû se faire dire
Depuis qu’elle est née, ma fille aînée a bien dû se faire dire 300 millions de fois (sans exagération bien sûr!) qu’elle me ressemble sans bon sens. Elle est à l’âge où ça lui fait encore plaisir (ouf!), mais aussi à l’âge où elle se rend compte à quel point notre ressemblance dépasse notre binette.
Au-delà de notre teint et de nos cheveux foncés et de nos yeux bridés, on partage aussi plusieurs passions : les livres, les arts, l’écriture, les mots. Alors quand on peut, on en profite pour se faire une journée entre « grandes » (bon… 5′ 2″, ce n’est pas nécessairement ce qu’on appelle « grandes », mais disons qu’on est les plus vieilles de la famille à part le papa). Plus ça va, et plus ces journées sont ressourçantes!
Pendant plusieurs années, la relation entre nous deux a été tendue, limite destructrice. Ses crises m’usaient, mon impatience grandissante l’enrageait. Mauvais match. Entre nous, le principe de l’enfant qui reflète son parent (et inversement) s’applique à 2000 %. Nous nous connaissons tellement par cœur que même inconsciemment, nous sommes capables d’appuyer avec insistance sur les boutons pression de l’autre. Pas winner, quand tu essaies d’avoir une famille zen.
On a travaillé très, très fort ensemble pour améliorer les choses et pour retrouver le plaisir que nous avions à être ensemble quand elle était petite et pas compliquée. Et on a réussi! Donc maintenant, quand les plus jeunes accompagnent papa dans ses aventures Pokemon, nous en profitons pour vivre un condensé d’activités qui nous plaisent et pour reconnecter.
En fin de semaine, bonus : nous avions trois jours ensemble, juste toutes les deux. On a pris ça cool… cinéma, dodo jusqu’au milieu de l’avant-midi, soirées à jaser, quelques heures écrapoues sur le divan pour qu’elle m’enseigne les rudiments de son logiciel de dessins (ça fait longtemps qu’elle m’a dépassée dans l’art de dessiner, et si on ajoute le mulltimédia aux techniques traditionnelles, je suis complètement out!) J’étais sincèrement intéressée, et elle était sincèrement comblée.
Tout un dimanche à magasiner, à vagabonder au Michael’s (le paradis pour mon artiste!) et dans les librairies, à manger de la crème glacée molle trempée dans des délices à l’érable et aux Oréo, à dire des niaiseries et des réflexions philosophiques, à se donner des colleux, à dessiner ensemble et à prendre le temps de vivre. Non mais, c’est qui la chanceuse? Bibi! Ma fille me répète souvent qu’elle se trouve chanceuse d’avoir une mère qui ne lui fait pas honte, qui n’est « pas juste une mère » et qui la comprend vraiment. Elle rit de mes conneries et de mes maladresses, et elle écoute mes homélies sans protester.
L’inverse est aussi vrai. Je suis chanceuse d’avoir une grande fille comme elle. On en a arraché pendant des années, mais maintenant que les crises et les sautes d’humeur incontrôlables sont choses du passé (la plupart du temps), on a vraiment du plaisir ensemble. On se comprend mutuellement sans s’expliquer, et pourtant, on s’explique quand même, juste parce qu’on aime ça, parler. Elle me rend fière. Je ris de ses conneries et de ses maladresses, et j’écoute toutes ses histoires (ok, parfois, je lui demande de me donner une pause! Elle a le mâche-patates à spin encore plus que moi!). On se fait du bien.
Avoir passé ces années à l’aimer et à chercher des solutions pour qu’elle redevienne elle-même rend notre relation encore plus solide. Elle exprime maintenant sa reconnaissance devant mon entêtement à l’aider et à la soutenir. Elle se veut gentille et elle l’est. Vraiment. Et quand on prend le temps d’être ensemble, juste toutes les deux, loin du tourbillon de ce que représente une famille de six personnes, on se rend encore plus compte du chemin parcouru. C’est un moment privilégié qui nous permet d’être, tout simplement, et de vivre nos passions et notre ressemblance.
Il m’est important de vivre ces tête-à-tête avec chacun de mes enfants, avec mon amoureux et avec moi-même. Ça me permet de remettre le compteur à zéro, d’approfondir les relations et d’intensifier le bien-être.
Et vous, vous réservez-vous des moments en tête-à-tête avec chacun de vos enfants? Que faites-vous quand vous vous accordez ce privilège?