Archives juillet 2017

Ma fille, nos passions et moi

Depuis qu’elle est née, ma fille aînée a bien dû se faire dire

Depuis qu’elle est née, ma fille aînée a bien dû se faire dire 300 millions de fois (sans exagération bien sûr!) qu’elle me ressemble sans bon sens. Elle est à l’âge où ça lui fait encore plaisir (ouf!), mais aussi à l’âge où elle se rend compte à quel point notre ressemblance dépasse notre binette.

Au-delà de notre teint et de nos cheveux foncés et de nos yeux bridés, on partage aussi plusieurs passions : les livres, les arts, l’écriture, les mots. Alors quand on peut, on en profite pour se faire une journée entre « grandes » (bon… 5′ 2″, ce n’est pas nécessairement ce qu’on appelle « grandes », mais disons qu’on est les plus vieilles de la famille à part le papa). Plus ça va, et plus ces journées sont ressourçantes!

Pendant plusieurs années, la relation entre nous deux a été tendue, limite destructrice. Ses crises m’usaient, mon impatience grandissante l’enrageait. Mauvais match. Entre nous, le principe de l’enfant qui reflète son parent (et inversement) s’applique à 2000 %. Nous nous connaissons tellement par cœur que même inconsciemment, nous sommes capables d’appuyer avec insistance sur les boutons pression de l’autre. Pas winner, quand tu essaies d’avoir une famille zen.

On a travaillé très, très fort ensemble pour améliorer les choses et pour retrouver le plaisir que nous avions à être ensemble quand elle était petite et pas compliquée. Et on a réussi! Donc maintenant, quand les plus jeunes accompagnent papa dans ses aventures Pokemon, nous en profitons pour vivre un condensé d’activités qui nous plaisent et pour reconnecter.

En fin de semaine, bonus : nous avions trois jours ensemble, juste toutes les deux. On a pris ça cool… cinéma, dodo jusqu’au milieu de l’avant-midi, soirées à jaser, quelques heures écrapoues sur le divan pour qu’elle m’enseigne les rudiments de son logiciel de dessins (ça fait longtemps qu’elle m’a dépassée dans l’art de dessiner, et si on ajoute le mulltimédia aux techniques traditionnelles, je suis complètement out!) J’étais sincèrement intéressée, et elle était sincèrement comblée.

Tout un dimanche à magasiner, à vagabonder au Michael’s (le paradis pour mon artiste!) et dans les librairies, à manger de la crème glacée molle trempée dans des délices à l’érable et aux Oréo, à dire des niaiseries et des réflexions philosophiques, à se donner des colleux, à dessiner ensemble et à prendre le temps de vivre. Non mais, c’est qui la chanceuse? Bibi! Ma fille me répète souvent qu’elle se trouve chanceuse d’avoir une mère qui ne lui fait pas honte, qui n’est « pas juste une mère » et qui la comprend vraiment. Elle rit de mes conneries et de mes maladresses, et elle écoute mes homélies sans protester.

L’inverse est aussi vrai. Je suis chanceuse d’avoir une grande fille comme elle. On en a arraché pendant des années, mais maintenant que les crises et les sautes d’humeur incontrôlables sont choses du passé (la plupart du temps), on a vraiment du plaisir ensemble. On se comprend mutuellement sans s’expliquer, et pourtant, on s’explique quand même, juste parce qu’on aime ça, parler. Elle me rend fière. Je ris de ses conneries et de ses maladresses, et j’écoute toutes ses histoires (ok, parfois, je lui demande de me donner une pause! Elle a le mâche-patates à spin encore plus que moi!). On se fait du bien.

Avoir passé ces années à l’aimer et à chercher des solutions pour qu’elle redevienne elle-même rend notre relation encore plus solide. Elle exprime maintenant sa reconnaissance devant mon entêtement à l’aider et à la soutenir. Elle se veut gentille et elle l’est. Vraiment. Et quand on prend le temps d’être ensemble, juste toutes les deux, loin du tourbillon de ce que représente une famille de six personnes, on se rend encore plus compte du chemin parcouru. C’est un moment privilégié qui nous permet d’être, tout simplement, et de vivre nos passions et notre ressemblance.

Il m’est important de vivre ces tête-à-tête avec chacun de mes enfants, avec mon amoureux et avec moi-même. Ça me permet de remettre le compteur à zéro, d’approfondir les relations et d’intensifier le bien-être.

Et vous, vous réservez-vous des moments en tête-à-tête avec chacun de vos enfants? Que faites-vous quand vous vous accordez ce privilège?

Merci, mon chien!

Aujourd'hui, j'ai pris mon courage à deux mains et en famille, nous

Aujourd’hui, j’ai pris mon courage à deux mains et en famille, nous sommes allés t’accompagner vers un repos tellement mérité… Je n’ai pas eu la force de le faire pour mon grand brun et je m’en veux encore.

Tu as été un toutou formidable. Vraiment, j’ai beau chercher, je ne te trouve aucun défaut. Cela rend ton départ encore plus pénible.

Je pense t’avoir offert une vie de chien plus qu’enviable; longues balades en forêt, nage à la rivière, récompenses, gâteries, câlins…

Tu nous as bien rendu tout cet amour. Tu étais si bien à nos côtés que tu étais souvent (toujours!) dans mos pattes! C’est ce que j’appréciais le plus: ta douce présence.

Tu as traversé la grande épreuve de perdre ton copain du quotidien, ton gros Chummy. Nous t’avons aidée de notre mieux. Ceux qui prétendent que les chiens ne ressentent pas d’émotions n’ont visiblement jamais côtoyé ces bêtes…

Tu as même été un guide, à ton tour, à l’arrivée de Gilbert. Tu as enduré ses maladresses. Merci d’avoir retrouvé ton cœur joueur, le temps de lui enseigné…

Ta tête voulait suivre; ton sourire et tes yeux pétillants parlaient d’eux-mêmes. Ton p’tit cœur et tes vieux os, eux, n’y arrivaient plus. Ça rend mon chagrin encore plus grand.

Je t’aime et tu seras dans mon cœur pour la vie, ma belle Dankä aux grands cils…

Karine Lamarche
Enseignante

Cinq côtés positifs à inscrire votre enfant au hockey

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1— Discipline : Il faut non seulement patiner, mais aussi écouter les directives de son coach. Mon fils de cinq ans, enfin prêt à rentrer à la maternelle, a deux années de hockey derrière la cravate. Il sait qu’il doit écouter et suivre les directives du responsable. Mon aîné, pour sa part, a maintenant compris que s’il n’écoute pas les directives, son équipe au complet peut en subir les conséquences. La discipline et l’encadrement constituent l’extension de l’éducation parentale.

2— Les amitiés : Que ce soit dans des camps d’été, lors de tournois ou en saison régulière, les enfants tissent des liens rapidement. L’esprit sportif et le sentiment d’appartenance à un groupe sont tellement bénéfiques pour les enfants! Sans nous oublier, chers parents de sportifs. Que nous soyons accompagnés d’un café bien chaud en matinée ou d’une bière en fin de soirée, nous tissons des liens à force de vivre les émotions engendrées par les victoires ainsi que les défaites de notre chère progéniture.

3-Les road trips : Oh oui, vous allez vous promener! Bonjour les tournois à Québec, Drummondville, Saint-Hilaire et les villes dont j’ai oublié le nom! C’est un vrai bonheur de partir avec les sacs de hockey vers de nouvelles aventures. Sans oublier les fameux tailgates, qui sont plus agréables les uns que les autres.

4— L’épanouissement personnel : Lorsque votre enfant sortira du vestiaire les épaules bien droites, sourire fendu jusqu’aux oreilles parce qu’il a gagné une belle médaille. Lorsqu’il accomplira les meilleurs jeux de sa jeune carrière de hockeyeur et qu’il vous en parlera avec les yeux brillants de bonheur. Lorsqu’il marquera en faisant son premier top corner. Lorsqu’il fera la passe sur le but gagnant du match. Je pourrais continuer pendant des heures parce que votre enfant ne cessera de se surpasser et de s’améliorer.

5— De précieux souvenirs : Mon fils de huit ans a déjà commencé à me dire : « Tu te rappelles maman quand… » Nos souvenirs sont ce qu’il y a de plus précieux. Je discutais avec un autre parent durant la saison et il m’a dit tout simplement : « Je ne me rappelle pas la victoire ou la défaite, mais je me rappelle ma gang de gars. Je me rappelle les nuits à l’hôtel avec toute mon équipe, maudit qu’on avait du fun! » Voilà les traces que le hockey laissera dans la vie de vos enfants.

Peu importe tout le négatif qui peut parfois ressortir durant la saison, le hockey est notre sport national. Transmettons-le à nos enfants, mais transmettons le beau! C’est à nous d’en faire une expérience positive et mémorable.

 

Geneviève Dutrisac

Mes larmes de mère

Elles coulent sur mes joues, salées et amères… mes larmes de mè

Elles coulent sur mes joues, salées et amères… mes larmes de mère. Mes yeux se noient. Me souffle est saccadé. Mon cœur est déchiré. Ton détachement me fait mal, mon enfant. Ta désinvolture me rentre dans le corps. Ton dégoût de moi assombrit mon âme.

Je pleure. Je pleure ton indifférence, je pleure ton ingratitude, je pleure mon échec. Je me sens si mauvaise mère. Bien loin de la maman bienveillante et sereine, je suis dévastée. Je te regarde grandir et t’éloigner. Je suis fatiguée d’avoir l’impression de te déranger dès que je t’adresse la parole, d’avoir peur de me brûler dès que je te frôle…

Je me souviens de mon adolescence tumultueuse et de la haine que je ressentais envers mes parents. Je suis si triste, car je pensais que toi et moi, nous serions au-dessus de ça.

Je ne peux m’empêcher de te répondre et les hurlements fusent dans la maison. Je fuis ce domicile où je me sens de trop. J’ai de la misère à respirer dans ma propre demeure. J’étouffe.

On parle sans arrêt de la détresse des ados, mais le désarroi des parents, on le cache. Je souffre chaque jour en silence. Alors parfois, j’explose. Je laisse les cris et les larmes sortir de moi. Mon corps est secoué par cette colère. Je ne suis pas faite pour ça. Je ne suis pas bonne. Ma confiance en moi est ébranlée. Quel exemple suis-je pour toi? Comment peux-tu te sentir entouré et accompagné avec une mère comme ça?

Que de culpabilité je porte en moi…

Puis, doucement, sans faire de bruit, m’entourant de tes bras réconfortants, tu viens coller mon visage sur ton cœur. Je le sens cogner fort dans ta poitrine. Ta main caresse mes cheveux. Mes larmes coulent de plus belle. Mon esprit devient un peu plus léger.

Nous restons ainsi en silence. Nous savons que nous allons parler. Mais pour l’instant, nous avons besoin de pleurer. Pleurer notre détresse. Pleurer notre amour. Pleurer cette trêve. Vider ce mal.

Je ne suis pas la maman parfaite que j’aurais aimé être, mon enfant. Je suis humaine. Je fais de mon mieux et mon cœur explose d’amour pour toi. Je nous souhaite des tonnes de merveilleux moments avant que tu t’en ailles mener ta barque. Je nous souhaite de nous comprendre et de nous respecter. Je nous souhaite de nous haïr encore pour mieux nous aimer. Je nous souhaite d’apprendre à nous comprendre et d’arriver à vivre encore un peu ensemble.

Je te berçais quand tu étais bébé. Maintenant, c’est à mon tour de me laisser réconforter.

Je suis là, tu sais.

Je serai toujours là pour toi.

 

Gwendoline Duchaine

Malgré tout, je t’aurai

Avoir un enfant malade c’est très difficile. Mais en avoir un qui

Avoir un enfant malade c’est très difficile. Mais en avoir un qui pourrait potentiellement l’être, c’est une tout autre affaire. Moi j’ai décidé que malgré tout, je t’aurai.

Je suis enfant unique.

Je n’ai même pas de cousins ni de cousines. J’ai une très petite famille, tu me diras? Vraiment! Alors, tu imagineras facilement que j’aurais aimé avoir une grande tribu. En ce moment, j’ai 37 ans et je n’ai qu’une petite fille. Le cadran commence à sonner de plus en plus fort. Pourquoi attendre?

Mon bébé a quatre ans et ne fait pas encore ses nuits (pas de jugement svp avant d’avoir terminé le texte…) Nous sommes complètement brûlés. Ma progéniture a une malformation cardiaque de naissance. Nous avons couru les hôpitaux, les spécialistes et nous avons même eu droit à l’opération à cœur ouvert. T’sais, le gros kit! Nous avons foncé dans ce projet (bon, j’aime mieux appeler ça ainsi, ça fait moins dramatique) tête première sans en évaluer les conséquences.

Les conséquences sur notre santé

Durant ces quatre années, ma santé s’est détériorée. Je suis une anxieuse de nature, mais face à cette maladie, mon anxiété n’a fait que monter en flèche. Je ne pensais qu’au jour de l’opération… Notre fille allait-elle survivre? Que se passerait-il après l’avoir amenée loin de nous? Malheureusement, la vie déciderait à notre place. Et je ne pouvais rien n’y faire… Pour une control freak comme moi, c’est l’enfer sur Terre.

J’en faisais des cauchemars et de l’insomnie. Je n’avais plus de patience. Tout me ramenait à cet évènement. J’ai même perdu cinquante livres en quatre mois, car au moins, mon poids, je pouvais le contrôler! (Ne faites pas ça à la maison… C’est loin d’être sans danger!) Je n’étais pas bien… Mais ma priorité, c’était mon enfant.

Les conséquences sur notre couple

Lorsque tu as un bébé, l’entourage s’empresse toujours de te demander : « C’est pour quand, le deuxième? Le temps avance! Vous n’êtes plus des jeunesses! » Au fond de nous, nous savions que nous en voulions un autre. On s’aime! C’est bien beau, mais on le fait quand, lorsque son couple doit jongler avec la maladie du premier enfant? La fatigue, la routine, le stress, les moments de solitude rarissimes… C’est très difficile sur la relation. Faut s’aimer fort et s’épauler parce que sinon, croyez-moi, la relation finit par prendre le bord.

Les problèmes de cœur de cocotte sont génétiques

Nous avons rencontré le département de recherche de Sainte-Justine lors de notre hospitalisation. Nous avons su que la malformation cardiaque de notre bébé est génétique. Ce qui veut dire de manière simple que c’est un problème de chromosomes entre mon mari et moi. Je t’entends me demander : « Je suis bien d’accord, mais ça implique quoi dans les faits? » Ça veut dire qu’il y a 50 % de risque que notre prochain enfant ait la même maladie… BAM! Une décharge électrique m’a passé dans la colonne.

À partir de ce moment, une réflexion s’impose. Sommes-nous prêts à revivre tout ça? Avons-nous l’énergie? Ma santé mentale n’est pas encore au beau fixe, devrions-nous attendre? Comment jongler avec deux enfants malades quand l’hôpital traitant est à des kilomètres de route? J’ai réfléchi pendant deux ans…

Aujourd’hui, je suis à une étape de ma vie où je ressens le besoin de t’avoir dans ma vie. Je pense à toi de plus en plus souvent, le sourire aux lèvres. Je veux réellement prendre ce risque, car la vie est pleine de surprises. Je sais comment surmonter cette maladie et je crois sincèrement que nous serons de meilleurs parents grâce à notre histoire. Malgré tout, je t’aurai.

Alexandra Loiselle

J’avais quinze ans

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J’avais quinze ans et je suis partie. J’avais dit oui à ma première relation, à ma première bière, à ma rébellion. J’avais une quête inconnue en moi, celle de trouver qui j’étais, ce que j’étais et surtout, comment aimer l’image que le miroir me renvoyait.

 

Pour les uns, j’étais celle qui s’impliquait dans les sports, en littérature, dans les activités et à la bibliothèque scolaire. Pour les autres, ceux qui étaient majoritaires, j’étais simplement, personne.

 

Heureusement, pour quelques rares, j’étais l’amie, importante et surtout forte à leurs yeux. Cela contrebalançait ces années où j’avais été celle que les plus populaires avaient prise en grippe.

 

Des insultes, des rires et des moqueries. Des injures et des coups.

 

Toi qui me lis, si tu savais comme j’avais mal. En dedans, pleine de douleur prisonnière. Je me sentais parfois brûler comme si j’allais céder à une auto-combustion. Mon masque était parfait, tous n’y voyaient que du feu, personne ne regardait au fond de mes yeux.

 

Le feu qui couvait semblait parfois sur le point de me consumer. Alors je courais. Je frappais de mes poings ce sac suspendu qui recevait ma hargne. Ma colère, ma peur de moi-même, mon enfer.

 

Alors je courais encore.

 

Les années précédentes, lorsque le feu frôlait mes lèvres, je courais vers cette amie qui m’est toujours aussi importante aujourd’hui. Mais au moment où mes quinze ans ont sonné, elle n’était pour un temps pas accessible. Je ne savais plus où courir. Vers qui me tourner. Alors j’ai bravé.

 

Résistant aux règles, je me suis débrouillée pour me perdre. J’ai dormi sous des bancs, dans des lieux que beaucoup ignorent et que moi-même, je préfère oublier. Puisque mon âme avait si mal, je forçais mon corps à endurer plus fort. Je ne comprenais pas toute cette rage, ce vide. J’avais envie de crier autant que de pleurer à la fois. J’aimais et je détestais autant en quelques instants.

 

Je refusais de lier avec quiconque plus qu’un semblant de sentiments. J’avais un toit qui m’attendait et malgré tout, j’y revenais. Je devais avoir envie de ce que je niais. Un certain après-midi, après avoir reposé le téléphone et retiré cette lame rougie de mon bras, je me suis dit, non, je ne peux pas.

 

Je ne peux pas laisser ce mal en moi prendre autant de place. Comment accepter de me blesser moi-même de cette façon? Je suis allée me faire refermer comme si je souhaitais coudre à mon âme une envie de vivre. Je suis revenue et j’ai confronté.

 

Les années ont passé, où la poudre aux yeux je me suis moi-même lancée. Car je continuais de souffrir. Un vide, un mal que je ne comprenais pas. Même aujourd’hui, en totalité, je n’y arrive toujours pas. J’ai eu longtemps cette envie de trépas.

 

Pourquoi je ne l’ai pas fait ultimement, alors que d’autres s’y ressoudent?

Pourquoi n’ont-ils pas réussi à résister à l’envie d’y rester?

 

C’est qu’on se résigne, soit à vivre, soit à mourir. Je sais que c’est un choix. Que la destination, qu’importe de quel côté elle va, est difficile à trancher. Je sais que la douleur réussit parfois à effacer toutes les peurs. Mais à d’autres moments, ce sont les peurs qui nous dirigent.

 

Peur d’échouer

Peur de réussir

Peur de se réveiller

Peur de dormir

 

La peur est parfois vectrice et à d’autres moments, elle rouvre les cicatrices.

 

Alors plus que la peur de la mort, s’installe la peur de vivre.

Je crois, pour ma part, que l’envie de mourir n’a jamais été une solution, je la voyais plutôt comme une issue, la seule qui m’attendait. J’ai consulté, un peu. Très peu.

 

J’ai lu, j’ai écouté. Je me suis vue et enfin acceptée. Mais je sais que pour toujours, je porterai en moi la cicatrice que ses vautours m’ont laissée comme un vice. Je ne flancherai plus, je ne croirai plus en cette issue. Mais je comprends que parfois, certains s’y précipitent. Ceux qui restent en souffrent. L’incompréhension est ce qu’il y a de pire. Le sentiment de culpabilité est profond et destructeur.

 

Égoïstement, je ne suis pas restée pour eux. Humblement, je vous avouerai ce soir que si je ne suis pas passée de l’autre côté du miroir, ça n’a été que de peu. Mais pour le mieux. J’ai choisi la vie, ma vie. Je vous souhaite tout autant de toujours avoir envie de vivre pleinement. Dans le doute, souvenez-vous : il n’y a pas dans notre vie plus important… que nous.

 

 

Simplement, Ghislaine

Le sommeil des enfants est un sujet tabou! La face cachée de vos nuits…

Qu’on arrête de se mentir, le sommeil des enfants est un sujet ta

Qu’on arrête de se mentir, le sommeil des enfants est un sujet tabou. Personne n’osera dire ouvertement qu’il ne dort pas, qu’il est réveillé cinq fois par nuit ou que la nuit s’arrête toujours trop tôt! Oui, oui, soyons honnêtes pour une fois, avoir des enfants, ça scrape nos nuits, on hypothèque son capital sommeil! Vous en avez pour quinze ans encore à ne pas bien dormir. Voici un récapitulatif de la situation.

À peine sortie de la maternité, on vous demandera gentiment : « Pas trop fatiguée? »; « Tu arrives à te reposer? » Oui, oui vous dormez; en fait, vous vous endormez partout, n’importe quand, devant la télévision, dans votre bain, en poussant le carrosse, vous peinez à suivre une conversation de A à Z… Le sommeil vous guette, mais on dirait qu’il n’est pas réparateur. Vos cernes commencent alors à apparaître.

Après quelques mois, on vous demandera mesquinement : « Pis, il fait ses nuits? » La fameuse question qui fâche! On dirait une de ces phrases toutes faites qu’on se sent obligés de poser aux jeunes mamans. Vous vous questionnez : mentir ou dire la vérité? Honnêtement, on a toutes envie de mentir, parce que le bébé de la voisine, lui, fait ses nuits depuis qu’il a six semaines. C’est là que vous vous demandez ce qu’elle fait de plus que vous. Jalousie, quand tu nous guettes. Et si elle mentait? C’est sûrement ça! On connaît tous quelqu’un, qui connaît quelqu’un, qui a un bébé qui dort la nuit. Alors vous répondez comme vous pouvez : « Non, il ne fait pas ses nuits. »; « C’est normal, il se réveille toutes les trois heures pour boire; oui, oui, j’allaite! » On n’arrête pas de culpabiliser (encore). Les femmes qui donnent le biberon n’ont pas de bébés qui dorment plus! C’est faux, c’est un mythe, une légende urbaine!

Cododo ou non, dans votre chambre, dans sa chambre, le laisser pleurer, homéopathie… Vous voyant exténuée, tout le monde aura son opinion, son conseil, sa recommandation pour vous aider. C’est très gentil, mais à les regarder, ils ne dorment pas plus que vous, donc on peut présumer que leurs conseils sont à appliquer avec parcimonie.

Après ça, ça se calme un peu. Un répit, vous pensez que c’est gagné; une nuit complète, hourra, le jack pot! Il dort. Je vous rassure, ça ne dure pas. Vers huit mois, il y a la phase de la peur de l’abandon. Bébé vous réclame pour s’endormir. Vous avez beau lui offrir les plus belles peluches du monde, ce qu’il veut c’est vous, oui, sa maman adorée! Vous lui dévouez vos soirées et finissez inlassablement par vous endormir en lui tenant la main à travers les barreaux de son lit.

De zéro à un an, vous n’avez pas de répit, entre les douloureuses poussées dentaires, les rhumes, les gastros, la fièvre, les angines et autres microbes qui élisent domicile dans le corps de votre enfant. C’est ce que vous dites à votre entourage pour ne pas perdre la face. Votre nourrisson a toujours une bonne raison pour ne pas bien dormir. Vous commencez à détester la personne qui a inventé l’expression « dormir comme un bébé ». Parce que c’est faux! Votre bébé à vous ne dort pas paisiblement avec les petits poings fermés comme dans les pubs de Pampers!

De deux ans à trois ans, vous vous battez avec lui pour qu’il reste dans son lit. Parce que maintenant, il a un lit de grand et il peut en sortir! Il se lève dix fois par nuit, parce qu’il a froid, soif, envie de pipi ou simplement, et surtout, pour vous faire marcher. Lui, il s’en fout de ne pas dormir : à la garderie, il récupère. Quand son éducatrice vous dit qu’il a dormi trois heures pour la sieste, vous avez juste envie de vous rouler en boule et de pleurer!

De quatre ans à cinq ans, c’est la phase des cauchemars, des peurs, des angoisses nocturnes. Il n’est pas rare de voir ou d’entendre débarquer votre rejeton au milieu de la nuit. Pour préserver votre sommeil, vous l’accueillez chaleureusement avec vous. Mais encore une fois, qu’on se le dise honnêtement, vous ne dormez pas très bien, avec son genou dans les reins, sa main sur votre visage. Il prend toute la place et tire la couverture. Vous finissez par vous rendormir en grelottant dans le coin de votre lit.

Ah oui, j’ai aussi oublié de vous dire qu’il y a aussi les pipis au lit! Oui, oui, ça arrive! Vous entendez un couinement dans la pénombre : « Maman, j’ai fait pipi. » Comme si vous n’aviez pas assez de lavage à faire durant le jour, vous changez les draps et son pyjama, et vous restez à ses côtés le temps qu’il se rendorme. Le petit matin pointe alors le bout de son nez quand vous retrouvez votre lit froid pour quelques minutes de repos.

Il y a peut-être un espoir de sept ans à dix ans, mais encore là, c’est sans compter les soirées avec les copains où on les entend ricaner jusqu’à minuit, les levers aux aurores parce qu’il y a un événement important… À cette période, vous aurez toutes les misères du monde à les réveiller en semaine, mais la fin de semaine, ils font le pied de grue devant votre porte à sept heures tapantes. Et, si vous êtes chanceux, votre enfant ne fera pas de somnambulisme!

Et puis à cet âge, c’est fini les siestes, vous ne pouvez plus espérer rattraper quelques heures de sommeil durant la journée.

À l’adolescence, vous guettez en permanence le faisceau lumineux sous sa porte jusqu’aux petites heures. Vous répétez inlassablement à votre jeune de lâcher son téléphone et de fermer la lumière. D’autres soirs, vous attendez qu’il rentre d’un party, accoudée à la table de la cuisine et enveloppée dans votre robe de chambre. Il vous avait promis de rentrer à deux heures du matin, il est 2 h 10, vous pensez appeler la police, l’armée, alerter tout le quartier. Il finit par rentrer. Lui, il n’a aucun problème à s’endormir, il plonge dans son lit et tombe instantanément dans un profond sommeil. Vous, vous retournez dans votre lit en imaginant les pires horreurs.

Alors, soyons honnêtes, il n’y a pas de honte, vous n’êtes pas un mauvais parent si vos enfants se réveillent la nuit! La situation arrive dans tous les foyers. Oui, chez les voisins, les enfants sont au lit à 7 h 30, mais ce qu’ils ne vous disent pas, c’est qu’ils se réveillent dix fois aussi durant la nuit pour remettre la suce. Votre belle-sœur, toujours bien organisée, ses enfants ne dorment pas plus : elle se met des bouchons dans les oreilles pour ne pas les entendre!

La fatigue, on finit par ne plus la sentir, elle devient familière, s’incruste dans notre corps pour y dessiner de jolis cernes! Le manque de sommeil, on le compense avec d’autres choses : de l’amour, des câlins, des sourires, des mots doux! Nos enfants nous empêchent certainement de dormir, mais ils nous donnent aussi une force incroyable!

Sur ce, je vous souhaite une très bonne nuit!

Gabie Demers

Parfois maman est fatiguée

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M’étant sauvée de la folie urbaine le temps d’une courte journée, accompagnée de mes trois enfants, je suis appuyée contre la rampe du balcon, le regard vers les montagnes. C’est magnifique. Les larmes me montent aux yeux. Je suis exténuée, vidée, j’ai la simple envie de m’écrouler par terre.

Je regarde cette vue incroyable et j’ai peine à croire que je peux me sentir ainsi. J’ai envie d’éclater en sanglots afin de laisser ce trop-plein de stress, de responsabilités et de fatigue sortir de mon corps. J’ai envie de me recroqueviller en position fœtale l’espace d’un moment et d’être complètement vulnérable. Lamentable. Faible.

Parce que le temps semble s’être arrêté pendant cinq minuscules minutes, je prends conscience de tout ce poids que j’ai sur les épaules. Je suis sur le point de craquer. J’ai la folle envie de délaisser ce fardeau, que nous, adultes, traînons de nos épaules malmenées. Les factures, l’hypothèque, l’école, les rendez-vous, les responsabilités vis-à-vis nos enfants, l’éducation, le travail et j’en passe. Vous savez, ce putain de fardeau qui vient avec le fait d’être un adulte responsable.

Les larmes se mettent à couler silencieusement le long de mes joues. Je n’ai aucune raison valable de pleurer. Mes enfants sont en santé, j’ai un conjoint merveilleux et un toit pour ma famille, mais pourtant, j’ai une boule d’épuisement qui brûle en moi. Je me sens me consumer à petit feu.

Le regard vers le vide, j’essaie de me rappeler ce sentiment de légèreté. Je vois mon fils passer et j’envie tout à coup cette belle naïveté des enfants. Cette ignorance de bonheur. Je voudrais être dans ces petits souliers salis de boue, à chasser les monstres imaginaires. Tout comme ma fille, je voudrais faire virevolter ma jupe dans tous les sens simplement parce que je la trouve jolie. Au diable les fesses à l’air!

Mais je dois donner l’exemple. Même fatiguée, il faut continuer d’avancer.

Mon aîné vient me voir et me dit : « Tu pleures, maman? » Et je lui réponds tendrement : « Non mon chéri, maman est simplement fatiguée. » Et c’est vrai, je suis juste fatiguée, si fatiguée…

Ai-je le droit de dire que je suis fatiguée d’être fatiguée? Je voudrais avoir toute l’énergie du monde pour faire tout ce que je veux faire. Je voudrais avoir toute l’énergie du monde pour suivre mes enfants dans chaque activité qu’ils désirent faire. Je voudrais avoir toute l’énergie du monde pour prendre soin de chéri. Pour prendre soin de moi.

Voilà que ma plus jeune crie : « Maman! » Alors j’essuie mes larmes et je cours la retrouver. « Attrape-moi, maman! » Me voilà repartie. Malgré la fatigue, je cours après ma puce. Elle me fait rire, elle est magnifique. Mes garçons se mêlent au jeu. Un mélange de rires, de cris, de chatouilles, de pur bonheur me fait complètement oublier ce moment d’épuisement.

Mes enfants sont heureux, en santé et c’est tout ce qui compte réellement au fond.

 

Geneviève Dutrisac

À toi qui es devenue maman pour la première fois

Je ne sais pas quelle décision tu as prise lorsque vous avez enfin

Je ne sais pas quelle décision tu as prise lorsque vous avez enfin obtenu votre congé de l’hôpital. Est-ce que tu t’es assisse à l’arrière avec ton petit trésor pour votre retour à la maison ? C’est difficile, n’est-ce pas, de cesser de le contempler ? C’est fou cet amour qui t’inonde le cœur lorsque tu tiens ta septième merveille du monde dans tes bras. C’est magique et magnifique, mais tellement angoissant à la fois. Voici ce que j’aimerais de te dire.

  1. Donne-toi du temps.

Même si tu l’as porté en toi pendant neuf mois, ce petit être magnifique, tu apprendras à le connaître chaque jour de sa vie. N’angoisse pas si parfois, tu ne sais pas quoi faire. Chaque jour, tu prendras confiance en toi et tu prendras toujours les meilleures décisions pour lui au meilleur de ta connaissance.

  1. Allaitement ou biberon

Un gros débat dans lequel je ne me lancerai pas. Je suis pour le choix. Choisis ce qui te rend le plus confortable, ce qui te rend heureuse. Un bébé a besoin d’une maman en accord avec ses choix, il a besoin d’une maman heureuse.

  1. Dors

À la suite de l’accouchement, il y a cette période d’adrénaline où nous nous sentons forte et invincible. Dors quand ton bébé dort, parce que cette adrénaline finira par tomber et la fatigue arrivera.

  1. Les coliques

Il n’y a pas de remède miracle, sauf le temps. C’est épuisant et éreintant, mais ça finit par passer.

  1. Les dents

(voir coliques)

  1. Les maladies

Lorsque le temps sera venu pour toi de retourner au travail, bébé ira en garderie. La première année, il sera souvent malade (rhume, gastro, fièvre, alouette !). Ne t’en fais pas, il vieillira et son système immunitaire se renforcera. Une fois à l’école, tu pourras prendre des congés de maladie pour toi (parce qu’enfin, il t’en restera).

  1. Tu es sa maman

Il n’y a que toi et le papa qui savez ce qu’il y a de mieux pour votre petit trésor. Tout le monde aura son mot à dire. Faites-vous confiance.

  1. Ton instinct

Un instinct de maman ça se trompe rarement. Tu comprendras le sens de cette phrase très bientôt.

  1. Post-partum

Ce n’est pas une légende. Ça existe et c’est fréquent. Il ne faut pas avoir peur d’en parler à ton médecin. N’hésite pas à demander de l’aide lorsque tu te sens dépassée, que tu vives un post-partum ou pas.

  1. Le temps passe vite

Profite de tous les petits moments avec ton bébé. Le temps passe si vite. Dans un avenir rapproché, tu vivras sa rentrée scolaire en te disant que tu as pourtant l’impression de venir d’accoucher.

  1. Le soleil et les tempêtes

Être maman, c’est une montagne russe d’émotions et d’aventures. Prends le temps de savourer le premier sourire (et tous ceux qui suivront). Le premier « maman » sera une douce musique à tes oreilles. Ton cœur flanchera lorsque, pour la première fois, il courra vers toi, enroulera ses bras autour de ton cou et te dira « Je t’aime maman ! » Célèbre chacune de ses réussites, si petites soient-elles. Garde chacun de ces moments dans ta mémoire, car ce sont eux qui te permettront d’affronter les tempêtes. Parce que, oui, il y en aura.

  1. Être maman, c’est pour la vie

Il n’y aura jamais de fin à ton contrat tant que tu vivras. Même s’il a quarante ans, ton enfant restera toujours ton petit bébé. Tu t’inquiéteras toujours autant pour lui et tu l’aimeras toujours autant.

Être maman sera la plus belle aventure de ta vie.

Mélanie Paradis

 

Sorties en famille, du beau bonheur ?

T’arrive-t-il, toi aussi, de planifier une sortie en famil

T’arrive-t-il, toi aussi, de planifier une sortie en famille et d’avoir la conviction que cette fois-ci, ce sera la bonne?

Tu prépares les (trop nombreuses) collations. Il faut que les enfants tiennent le coup!

Ton chum est dans la voiture, déjà prêt; il s’impatiente.

Lui, il serait déjà prêt à quitter le domicile familial, ce lieu réconfortant où tout le nécessaire au bonheur de tes petits se trouve.

Toi, tu es déjà en train d’imaginer les trois pipis dans le pantalon, la couche qui a débordé ou pire encore, le dégât dans la voiture… Tu sais, quand tu oublies de donner du Gravol à ton enfant qui souffre du mal des transports?

Et que met-on dans le sac à dos?

Alors tu finis de remplir le sac pour la sortie. Tu y mets :

Des vêtements chauds et d’autres, plus légers, des bottes de pluie, des sandales et une seconde paire (parce que les premières sont neuves et font des ampoules à ta plus vieille). Des gourdes (attention : ces objets dangereux peuvent devenir des projectiles dans la voiture) et des lingettes. Ne pars JAMAIS sans une bonne réserve de lingettes! Ton chum se débrouillerait avec du papier brun et un peu d’eau, mais… fais tout pour éviter cela!

Tu es enfin prête à partir! Tu tournes à peine le coin de la rue que… LA question est posée : « On arrive-tu bientôt? » Ouf! Si tu es chanceuse, les petits s’endorment au début du trajet, ce qui leur assure (on le souhaite) une humeur agréable à l’arrivée.

Après les arrêts pipi, vous arrivez à destination. La chicane prend dans la file : ta plus jeune veut être devant sa sœur dans la file, car cette dernière est accusée d’avoir couru un sprint pour arriver la première et elle crie à l’injustice. Ça part bien!

Tu veux mettre à ta plus jeune le fameux bracelet (qu’elle voudra garder deux mois par la suite), mais pour le moment, elle REFUSE catégoriquement que tu le lui mettes!

Après lui avoir fait croire qu’elle a l’air d’une princesse avec le bracelet du zoo, tu commences la visite. À peine trois enclos de visités et tu constates que la plus gaga de la gang, c’est toi! Tes enfants réclament des collations, se plaignent de la chaleur et de l’odeur. Toi, tu t’évertues à clamer les splendeurs des animaux, sans succès.

Enfin, tu parviens, non sans peine, à la zone des manèges. Chouette! Tes enfants seront ravis!

Premier manège : Ta mini est trop petite, c’est la crise. Elle doit patienter pendant que la grande fait son tour. Tu fais des « be-bye » chaque fois que la voiture tout-terrain passe devant toi. Tu respires à fond l’huile des machines. C’est génial! Ta grande est heureuse!

Enfin, un manège pour les deux enfants! Elles prennent place dans l’éléphant rose. Tu te dis que tout est parfait. Les deux sœurs ensemble, du beau bonheur! Ça leur fera un souvenir mémorable!

Ouin… Tu n’avais pas prévu que la petite se mettrait à pleurer toutes les larmes de son corps après deux tours de piste… La honte. Ils arrêtent le manège. Tout le monde attend. Tu récupères ton trésor, sors la gourde et les mouchoirs. Tu l’assois dans la poussette, le temps qu’elle reprenne ses esprits. Zut! Le manège est fini et tu n’as pas pris ta grande en photo!

Prochain manège : Ta plus vieille éclate en pleurs; elle est trop grande pour les voitures avec des faces de clowns. Honnnnn. Tu refoules un rire, car en fait, tu trouves ça hilarant. Elle aurait eu les genoux dans le front, de toute façon! Ça vient de te coûter une barbe à papa. Sors les lingettes!

La grande roue. LA-GRANDE-ROUE. Tu as le vertige, mais tu veux faire plaisir à tes enfants. Tu te dis que si des bouts de chou ont le sourire fendu jusqu’aux oreilles, bien perchés dans le haut du manège, c’est faisable… FAUX. Tu avais oublié que la nacelle bouge. Elle bouge. Beaucoup. CHAQUE FOIS qu’on y fait monter ou descendre des passagers. Cette année, dans mon cas, ce fut la dernière fois.

Ah! oui, ça t’a coûté une deuxième barbe à papa parce que ta plus jeune a crié à l’injustice, une fois de plus, en sortant du manège de face de clowns. Ressors les lingettes.

La journée prend fin. Tu remets tes petits et le sac dans la voiture. Tu es beaucoup moins pimpante qu’au départ, c’est ÉVIDENT. Tu n’as pas pris autant de photos que tu le souhaitais. Malgré tout, ton chum et toi êtes quand même heureux.

Une vraie sortie en famille, C’EST ÇA! Et j’avoue que je les aime comme ça, mes sorties. Avec leurs bons côtés et leurs travers. Ça fait de plus belles anecdotes à raconter… Qu’en penses-tu?

Bon, on va où, maintenant?

Pas de panique !

Ça faisait sept ans. Sept années sans être attaquée par la paniq

Ça faisait sept ans. Sept années sans être attaquée par la panique. B’ah ! Du stress, de la nervosité, de la misère à me concentrer, l’impression d’être une poule pas de tête et d’en perdre la tête, ça, oui ! Malgré les afuuu afuuu et les anxiolytiques. Mais pas de véritable crise de panique. Et là, la semaine dernière, c’est arrivé.

Milieu d’une journée où les choses ne vont pas tout à fait comme prévu, mais où tout est réchappé malgré tout. Milieu d’une semaine où les heures supplémentaires et les réveils tôt se multiplient. Milieu d’un mois où les défis et les questionnements sont monnaie courante et me font courir partout. Bref, je suis au milieu d’une tornade que je pense assez bien contrôler.

Puis, ce midi-là, je commence à avoir de la difficulté à focaliser mon attention sur mon travail. Je me sens plus agitée par en dedans et en dehors. Je ne tiens pas plus en place qu’un enfant de quatre ans qui attend l’arrivée du Père Noël après avoir ingurgité trois chocolats chauds aux guimauves. Je me mets à genoux sur ma chaise, puis en indien. Je me lève, je fais quelques pas, je reviens. Qu’est-ce que je fais là ? J’ai du travail à faire, moi !

Je m’assois. J’observe mon ordinateur comme s’il allait me dire quoi faire.

– Allez ! Mets tes doigts sur les touches du clavier et pitonne !

– Hein ? Quelles touches ? Quel clavier ? Pourquoi faire ?

– Déguédine ! Tu perds ton temps ! Tu le sais que tu n’as pas de temps à perdre.

– Inquiète-toi pas, je le sais ! Tout le monde va attendre après moi si je ne me réveille pas. Mais je ne suis pas capable.

– Pas capable de quoi ? Tu as les deux yeux grands ouverts !

– Oui, mais je ne me souviens même pas de ce qu’il faut que je regarde… Tu as vu ? Mes yeux bougent tout seuls !

Pas d’inquiétude, je ne parle pas vraiment à mon ordinateur. Bon, parfois, mais lui, il ne me répond jamais. Quand même, ça donne une idée de l’état dans lequel je me trouve à ce moment. Incapable de me déposer.

Ma collègue arrive. S’assoit près de moi.

– Je ne sais pas ce que j’ai, ça fait une heure que je tourne en rond, pas capable de me calmer le pompon.

Elle sait que quand je suis dans cet état-là, le mieux, c’est que je parte me promener quelques minutes. Mais je m’obstine (avec moi-même). Non, j’ai du travail à faire. Tout de suite. Et plus je m’obstine, et moins je suis capable de le faire. J’ai une rubber ball dans la cervelle et une pile branchée sur le 400 volts à la place du cœur.

Cinq minutes plus tard :

– Ok, ça n’a pas de sens mon affaire, remplace-moi s’il te plaît. Je ne suis bonne à rien anyway quand je suis dans cet état-là. Je ne me souviens même plus comment je m’appelle (oui, j’ai une légère tendance à l’exagération… l’autodérision me permet de réduire l’impact de la panique que je commence à identifier).

Et je sors de l’édifice. J’ai la présence d’esprit d’apporter ma bouteille d’eau (essentielle pour que les connexions de mon cerveau parti en vrille se refassent), mon cellulaire (bien pratique pour appeler une collègue si je me perds dans les dédales de ma panique ou de la ville) et mes lunettes de soleil (que j’ai beaucoup appréciées quand je me suis mise à brailler comme un âne pris dans une clôture barbelée. Électrifiée.)

Je marche, je marche. En ligne droite, parce que j’ai trop peur de me perdre. Déjà que je n’ai pas de GPS intégré (ça ne venait pas avec le modèle de base quand on naissait en 1977), je ne vois rien à travers mes larmes et je ne peux mémoriser aucun repère pour m’aider à me situer. Je m’enfonce dans la ville alors que mon instinct aurait dû me mener vers un parc ou une rivière, où je me serais sentie plus en sécurité. Mais ça, j’y ai pensé après seulement. Je marche, et je braille, et j’essuie mes larmes en me sentant jugée par les inconnus qui marchent aussi. Dans le fond, ils ne me remarquent même pas. Tant que je marche. Si je m’effondre, si je me roule en boule sur le trottoir, ils s’enfargeront dans mon corps et appelleront le 911. Je ne veux pas. Alors je marche.

Mais plus je marche, plus je panique de ne pas être capable de mettre un stop à ma panique. J’essaie de visualiser du beau et du bon, je ne vois que du laid et du mauvais. J’essaie de ralentir mon souffle, d’approfondir ma respiration ; j’hyperventile. J’imagine tout ce CO2 qui est fait prisonnier dans mes poumons et je panique encore plus. J’empoisonne mon corps à force de paniquer.

Mon esprit est encore juste assez présent pour former un plan de secours.

1- Continuer à essayer de me calmer par moi-même jusqu’au prochain coin de rue.

2 a- Si ça fonctionne, continuer à marcher jusqu’à ce que je sois calmée à 50 %, puis revenir vers le bureau pour continuer mon travail (ah ! Non ! J’ai dit « travail »… afuuu afuuu !)

2 b- Si ça ne fonctionne pas, virer de bord, appeler ma collègue ou ma superviseure et leur demander de venir me chercher. Au bureau, on pourra trouver une salle fermée où je pourrai reprendre mes sens, méditer et mettre de la musique. J’ai besoin de ne penser à rien.

3- Si je m’effondre sous la pression ou le manque d’oxygène, il y a toujours l’ambulance. Mais vraiment ? Je partirais en ambulance juste pour une attaque de panique ? Juste parce que je ne suis pas capable de gérer mon stress ? Non mais… on se calme ! (Ben non, justement. Je ne suis pas capable de me calmer !)

Le coin de rue arrive et j’hyperventile toujours autant, je me déshydrate à force de pleurer. C’est le méchant qui sort, faut croire. Et là, au coin de la rue, j’aperçois une table avec des livres. Je tourne à droite et je passe une porte. S’il y a des livres, c’est qu’il y a des gens qui aiment les livres. Je me retrouve dans une librairie (ça aurait pu être l’antre d’un dragon lecteur, je serais entrée quand même. Comme un enfant poursuivi par un kidnappeur qui s’engouffre dans la première maison qu’il croise). Et là, pour la première fois depuis près de deux heures, je me sens un peu en sécurité. Une mini brise d’apaisement m’effleure. Je me dis que je peux rester ici en silence, sans me justifier, le temps de me calmer. Le temps de retrouver assez de morceaux de casse-tête de ma personne pour me reconstruire suffisamment. Le travail attendra.

Quand je suis retournée au bureau, j’ai rassuré ma collègue, j’ai mis mes écouteurs et je suis restée dans ma bulle jusqu’à ce que je me sente moi-même. Le travail m’avait attendue, sagement, mais le surplus de stress s’était évaporé. J’ai parlé de mon moment de souffrance intérieure et physique (oui, une crise de panique, c’est souffrant pour le corps) à mes collègues, à mes superviseurs. Je n’ai pas été jugée. Je veux qu’ils comprennent ce qui m’arrive même si ça peut prendre sept autres années avant que la panique s’invite une autre fois. Je veux qu’ils comprennent que ça peut arriver à n’importe qui. Et je veux surtout qu’ils sachent agir quand ça arrive, à eux ou à d’autres.

Note à moi-même : Tu as de quoi être fière d’avoir su identifier l’attaque de panique même en pleine souffrance. Sois fière de l’avoir gérée et d’avoir trouvé tes moyens pour te calmer. Mais la prochaine fois, demande plus d’aide, plus vite. Ça pourrait t’éviter de te sentir aussi mal.

 

Nathalie Courcy