Archives février 2020

Formule magique pour couple qui ne s’entend pas sur les tâches ménagères

Chéri est maniaque du ménage et moi, je suis traîneuse. Évidemme

Chéri est maniaque du ménage et moi, je suis traîneuse. Évidemment, il va vous assurer qu’il n’est pas un cas extrême et je vais vous jurer que j’en connais des biens pires que moi… Au fond, personne ne peut se situer e-xac-te-ment au même endroit dans l’éventail des standards de propreté. Lui faisait briller les planchers de son appartement à la cire pendant que moi, j’empilais la vaisselle sale sur le comptoir jusqu’à ce que j’aie épuisé le stock de mes armoires. Dès le départ, nous savions que le ménage n’occupait pas la même place dans l’échelle de nos priorités.

Dans notre jeune foyer, la situation était fragile mais fonctionnelle. Mon Monsieur Blancheville était très autonome dans son désir de propreté. S’il voulait qu’une tâche soit faite, il la faisait tout simplement, sans rien me demander. Le partage du travail était complètement inégal au sein de notre couple. C’était comme avoir un esclave à domicile. Personne ne comprenait que je puisse m’en plaindre, mais je détestais le rôle de profiteuse qu’il me faisait jouer involontairement. Je n’avais jamais eu l’ambition secrète d’exploiter l’homme de ma vie, alors je pédalais fort pour m’améliorer et assumer ma juste part du ménage.

Puis, nous avons eu un premier bébé et j’ai quitté mon emploi pour prendre soin de notre progéniture pendant quelques années. Changer le monde, un enfant à la fois, était mon grand rêve. Mais ce rêve n’incluait pas l’entretien de la maison ou la préparation des repas! Mon amoureux me soutenait là-dedans et continuait à me traiter comme une reine. Il rentrait du travail, nous préparait à souper, partait une brassée de lavage et récurait la salle de bain de fond en comble. De mon côté, j’éprouvais une grande fierté à sortir quotidiennement me balader en nature avec mon petit trésor. Nos avant-midis au parc, à se faire des copains et à observer les écureuils, avaient bien plus de valeur à mes yeux que la propreté de la maisonnée. Pendant que je faisais la sieste l’après-midi avec mon bébé collé-collé, les graines oubliées sur le plancher de la cuisine invitaient les fourmis à venir se nourrir chez nous…

Bien vite, petit coco a grandi et m’a laissé plus de temps libre. Je savais qu’il était grand temps de régler ce manque d’équilibre qui teintait ma vie de couple d’un goût amer. Même si mon conjoint ne me faisait aucun reproche, je me sentais coupable. J’étais déterminée à devenir une partenaire exemplaire dans le partage des tâches ménagères.

Je me suis mise à en faire beaucoup plus. Et c’est là que j’ai rencontré mon plus grand obstacle : mon chum! Chaque tâche que j’effectuais lui permettait d’en faire encore plus. Tu as déjà fait l’époussetage? Fantastique, merci! Je vais frotter le micro-ondes alors. Sa liste mentale était sans fin! Et son souci de perfection, complètement démotivant. Le plancher n’était jamais assez propre! J’avais balayé après le dîner et refusé le festin aux fourmis du coin, il repassait le balai sans se questionner en rentrant du travail. Mon mari et son maudit balai… juste pour vous dire, je l’ai surpris à passer le balai le jour de notre mariage! Je ne pouvais même pas imaginer qu’on puisse penser aux planchers lors d’une telle journée. Lui ne pouvait tout simplement pas imaginer accueillir nos invités avec du sable sur le plancher… Mais on se mariait sur une plage!

Son faible niveau de tolérance face à la saleté est peu à peu devenu une grande source de frustration. Surtout lorsque j’ai réalisé qu’une maison nette n’occuperait jamais la première place sur ma liste de priorités. Les moments magiques en familles auraient toujours plus d’importance pour moi. Je le laissais trente minutes en tête-à-tête avec fiston et je retrouvais notre coco hypnotisé par la TV et mon chum, une guenille à la main. Voyons! Comment une tablette collante de frigo pouvait-elle l’empêcher de profiter d’un moment avec son fils qu’il n’avait pas vu de la journée? Je lirais des histoires aux enfants à travers les moutons de poussière sans même sourciller! Je me suis mise à souhaiter qu’on trouve un terrain d’entente qui nous conviendrait à tous les deux plutôt que de tenter de le rejoindre au sommet à tout prix. Il devenait de plus en plus évident qu’on devait travailler sur cet irritant quotidien.

J’ai finalement trouvé la recette magique après six ans de vie commune. Je n’ai rien inventé. J’ai fouillé sur Internet et trouvé un système d’organisation qui me convenait. J’ai profité de l’absence de mon chum pendant une mission humanitaire pour noter toutes les tâches que l’entretien d’une maison demandait. À son retour, nous avons convenu ENSEMBLE d’une fréquence qui nous semblait raisonnable pour effectuer les travaux. J’ai inscrit chaque tâche sur une petite fiche de carton et classé les fiches dans le dossier À faire approprié :

  • Tous les jours (ex : faire les lits, sortir la poubelle de la cuisine, remplir le lave-vaisselle) ;
  • Toutes les semaines (ex : laver les planchers, dépoussiérer les meubles, nettoyer les salles de bain) ;
  • Tous les mois (ex : récurer le four à micro-ondes, dépoussiérer les moulures, désinfecter les poignées de portes et interrupteurs) ;
  • Tous les trois mois (ex : faire briller les portes des armoires de cuisine, passer l’aspirateur entre les coussins du divan, dépoussiérer le support à épices) ;
  • Tous les six mois (ex : retourner les matelas, laver les vitres, dégraisser le four) ;
  • Tous les ans (ex : astiquer les luminaires, laver les rideaux, nettoyer les murs).

Chaque matin, je sortais les petits cartons de la journée et essayais d’en faire une bonne partie avant son retour du travail. En soirée, il m’aidait à terminer les tâches que je n’avais pas pu accomplir. Enfin, nous travaillions en équipe! C’était la solution parfaite pour me motiver à affronter la poussière tout en aidant mon chum à savoir quand s’arrêter dans sa dévotion au culte de la maison étincelante. Cette nouvelle méthode nous permettait enfin d’apprécier réellement les efforts de l’autre.

C’était il y a dix ans de cela et nous n’avons plus besoin de nos petits cartons maintenant. Le ménage est devenu une routine bien rodée chez nous et je suis heureuse de dire que le travail est partagé de façon équitable. Les bonnes habitudes sont restées. Toutefois, je n’ai pas jeté ma filière de ménage. Je la garde tout près pour quand nous aurons des ados à faire contribuer… Mouha-ha-ha-ha-ha!

Elizabeth Gobeil Tremblay

Et si on pensait aux enfants ?

Ma profession est malade. En cette semaine des enseignants, la pénu

Ma profession est malade. En cette semaine des enseignants, la pénurie n’a jamais été si intense. On se retrousse les manches, on se remplace entre nous, mais voilà, ça ne suffit plus…

Des collègues d’éducation physique se retrouvent titulaires de classe, des éducateurs enseignent l’anglais ; le manque de suppléants est criant. Je ne dénigre en rien mes collègues. J’ignore comment j’enseignerais les techniques de basket ou les stratégies de volleyball ! 😉 Je prendrais encore moins la place des éducateurs qui, chaque jour, prennent le relai et déploient des efforts inimaginables pour réaliser de grandes activités avec peu de moyens. Seulement, ces gens n’ont pas reçu la formation nécessaire pour assurer le suivi des enfants dans une classe. Ils font ce qu’ils peuvent et surtout, soyez assurés qu’ils font de leur mieux. Vraiment.

Sincèrement, jamais je n’aurais cru me sentir à ce point embarrassée d’être malade. Culpabiliser avec la gastro ou l’influenza, c’est assez plate merci. Ressentir un profond malaise lorsque notre enfant est malade, c’est désormais coutume. On passe notre journée à se confondre en excuses auprès de nos collègues qui nous ont gentiment dépannée.

Nous sommes face à un mur.

De béton.

Armé.

On fait quoi ? On continue de pleurer sur notre sort ? Serait‑ce bien utile ? Des solutions, il y en a très peu, mis à part s’entraider et se soutenir.

Pensons aux enfants. Ce sont eux les victimes de cette instabilité. La plupart des élèves traverseront cette tempête aisément. D’autres devront ramer un peu plus fort, perdant quelques plumes au passage. Certains, malheureusement, seront plus échaudés, n’ayant plus leur repère, leur point d’ancrage.

Pensons à ces enfants la prochaine fois que nous devrons prêter main-forte à un collègue. Unissons-nous en nous rappelant que notre correction peut bien nous attendre un peu et surtout, qu’on apprécierait que quelqu’un fasse de même pour nous.

Pensons à ces enfants qui n’ont pas demandé à être victimes de cette pénurie. Rendons le moment passé auprès d’eux constructif et agréable.❤️

Je crois encore un peu au père Noël et je suis convaincue que Mary Poppins existe quelque part… Si quelqu’un veut proposer une solution miracle, je vous écoute.😉

Eva Staire

Garde espoir

Je voula

Je voulais te dire, cher parent d’enfant timide, de garder espoir. De ne pas t’en faire… un jour ton enfant va prendre confiance et va s’envoler plus haut que tu ne l’aurais imaginé.

Je vais te raconter une histoire. L’histoire de ma fille.

Enfant, elle était terriblement timide. Maladivement timide…

Bébé, elle refusait le contact des gens, en dehors de son petit cercle de proches. Elle hurlait quand un inconnu lui adressait la parole. C’était un bébé à bras, collée, accrochée sur son papa et sa maman.

Quand elle était petite fille, tout ce qui sortait de sa routine l’angoissait au plus haut point, elle paniquait au moindre changement. Elle en a versé d’horribles larmes à son premier jour d’école… déchirant mon cœur de maman… Elle a pleuré pendant plusieurs semaines… Elle s’adaptait toujours doucement, en faisant le moins de bruit possible, essayant de ne jamais déranger…

Elle avait beaucoup de difficulté à aller vers les autres, petits ou grands, en dehors de sa bulle rassurante familiale…

J’avais de la misère à comprendre. J’ai été une enfant turbulente, proactive, leader, très active! Mon enfant m’envoyait une image à l’inverse de mon mode de fonctionnement. Je ne savais pas trop quel était mon rôle comme parent. La pousser, la forcer à aller vers les autres, ou respecter cette peur incontrôlable qu’elle avait tout le temps?

Nous avons décidé de la rassurer, toujours, tous les jours, par notre présence. Et nous avons décidé de la valoriser. De travailler son estime de soi, en étroite collaboration avec l’école…

Vers l’âge de huit ans… tout tranquillement… nous avons assisté à sa métamorphose… Ça s’est fait en douceur, par étapes. À force de réussites : à l’école, dans ses relations avec les autres, dans le sport, dans les loisirs, auprès de tous ceux qui l’aiment… ma fille s’est ouverte sur le monde…

À l’adolescence et en évoluant dans un milieu scolaire très dynamisant et valorisant… elle a pris son envol… elle s’est assise sur sa confiance et a escaladé bien des montagnes! Elle excellait non seulement dans le domaine scolaire, mais elle est aussi devenue le noyau de son cercle d’amis. Elle a gagné des concours, notamment, en écriture et en poésie, et elle a été amenée de nombreuses fois à prendre la parole devant des centaines de personnes, avec une assurance incroyable!

Jeune adulte, elle a participé à une simulation d’une assemblée de l’Organisation des Nations Unies (événement qui se déroule à New York), et elle a débattu sans aucune gêne, avec une passion intense et beaucoup de conviction! Elle vient de participer à un voyage humanitaire au Nicaragua auprès des populations démunies. Cette expérience l’a confortée dans l’idée qu’elle veut étudier en politique internationale afin d’avoir un impact réel dans la vie des gens et de participer à changer le monde!

Elle vit seule en appartement depuis qu’elle a dix-sept ans!

Elle a un réseau social très développé et n’a aucune difficulté à aborder les gens et à entamer des discussions enflammées!

Alors, cher parent :

Garde espoir.

Ne t’en fais pas.

Continue de lui tenir la main.

Aide-le à se relever quand il tombe.

Sois bienveillant.

Et… regarde-le sortir tranquillement de son cocon pour devenir le plus beau des papillons…

Ce petit timide, c’est la plus grande leçon qu’une vie peut t’apporter…

 

Gwendoline Duchaine

 

« On est des jumelles. »

Suite à

Suite à notre déménagement, ma plus jeune a commencé à fréquenter un nouveau centre de la petite enfance. Cette transition a donc amené son lot de rencontres. De nouvelles éducatrices, de nouveaux locaux, et bien sûr, de nouveaux amis.

Ma fille apprenait donc à connaître les nouveaux enfants avec qui elle partagerait son quotidien. Le soir, elle revenait en nous parlant d’eux : «Maman! Je suis chanceuse, moi! Dans mon groupe au CPE, y’a que des filles!» Ma petite princesse était aux anges. «Maman, j’ai tellement hâte de te présenter Dulcy. Tu vas voir, on se ressemble tellement elle et moi! Dulcy et moi, on est des jumelles!» Je trouvais ça fascinant de la voir s’intégrer si rapidement dans son nouvel environnement. La maman que je suis était bien fière de la voir s’épanouir et se faire des amis.

Un soir, dans le vestiaire, je remarque que le manteau de Dulcy est encore accroché sur le casier voisin. Ma fille s’emballe et me dit que je vais pouvoir enfin rencontrer sa jumelle! On arrive dans le local. Ma fille commence à me présenter les filles de son groupe, parce qu’effectivement, il n’y a que des filles cette année. Et avec le plus grand sourire du monde, elle prend Dulcy par les épaules et me la présente.

Dulcy est haïtienne. Elle vient d’arriver au Québec avec ses parents. Elle est noire. Ses cheveux bouclés sont domptés par des tresses. Elle ne peut pas être plus à l’opposé physiquement de ma fille, qui est blanche comme neige et a des petits cheveux fins et raides. À ce moment‑là, leur pureté à toutes les deux m’a éblouie. Amusée, je leur demande pourquoi elles sont des jumelles. Ma fille répond : «Dulcy, elle court aussi vite que moi!» Et Dulcy la complète : «Et en plus, on aime le poulet toutes les deux, on est pareilles!» Elles se tiennent par les épaules et se font un dernier câlin avant de partir.

Je suis partie ce soir‑là avec un sentiment incroyable de fierté. Ces enfants‑là, ils ont compris quelque chose que bien des gens ne saisissent pas encore. Parce qu’on s’en contrefout de la couleur de la peau du voisin. Ses traits physiques ne font pas de lui qui il est. On se définit par nos actes, nos choix, nos intérêts. Et apparemment, nos enfants de quatre ans pourraient l’enseigner à bien des gens…

Ces deux petites filles‑là, elles ont compris que si on a du plaisir ensemble et qu’on peut partager un bon repas en se parlant à cœur ouvert, ça s’appelle de l’amitié. Et que c’est tout simplement ça qui devrait rassembler tous les peuples de la Terre.

Plusieurs pessimistes vont dire qu’elles sont encore naïves, innocentes, et que la réalité les rattrapera en grandissant. Moi, je refuse de penser comme ça. Au contraire, je pense que ce sont ces enfants‑là qui feront grandir et changer notre société et pas l’inverse. Ce sont elles qui, en grandissant, montreront au monde que l’amitié n’a pas de couleur.

Je continue d’espérer que nos enfants jetteront à terre des barrières invisibles qui existent depuis trop longtemps. Je continue de rêver à leur avenir. Je veux imaginer des gens heureux, qui partagent un bon repas, peu importe où sont nés leurs ancêtres. Je veux imaginer une tablée diversifiée qui pourra fêter à la fois la fin du Ramadan, la fête du Québec, le Nouvel An chinois et Noël tous ensemble. Une tablée de gens qui prônent l’amitié et le respect des autres. Et surtout, je continue d’espérer un avenir où nos enfants devenus grands sauront se réjouir pour le voisin, juste pour partager son bonheur avec lui.

Parce que nos filles ont raison. Si on court aussi vite et qu’on aime le poulet, ensemble, on pourra changer le monde.

Joanie Fournier