
À la petite fille, fragile et brisée de mon enfance… Texte : La collaboratrice mystère
À la petite fille fragile, brisée, insécure et déprimée, j’aimerais te dire que je suis là , que je suis toujours là aujourd’hui, debout, forte et résiliente, quoiqu’un peu amochée et écorchée de la vie.
J’aimerais te dire que je sais que tu as peur. Je sais que tu es effrayée et triste d’être seule. Je sais que tu ne comprends pas pourquoi maman est malade et pourquoi elle ne peut prendre soin de toi. J’aimerais te dire que papa travaille trop, mais qu’il n’a pas le choix parce que la vie est dure et qu’il doit pouvoir payer la pension que la famille d’accueil exige. J’aimerais te dire que tu as raison ; que ces gens sont méchants, qu’ils ne t’entourent pas d’amour, ni de chaleur, ni de sécurité. Que leurs méthodes éducatives, elles ne sont pas « à jour » et que ce qu’ils te font subir est inacceptable.
Je voudrais que tu saches que c’est cruel que tu pleures ainsi tous les soirs. Que tu doives t’occuper de ta petite sœur, pour tenter au mieux de tes connaissances à 5-6-7 ans de la rassurer et de répondre à ses questions sur l’absence de vos parents, sur le sort horrible que vous subissez. Que toute cette violence physique et psychologique est affreuse et que tu ne devrais pas avoir à subir ces horreurs dévastatrices sur ton développement psychologique si important.
Je voudrais tellement que tu saches que, malgré tout ce que tu subis, tu es forte. Que je t’admire de tenir le coup aussi longtemps. Qu’en plus de vivre l’horreur là -bas, tu dois composer avec de l’intimidation à l’école et que je sais que tu en souffres doublement, à encore devoir vivre avec le rejet des autres.
Je te vois aller, je te vois grandir, un peu tout croche et tellement fragile… Je te vois encaisser les horreurs qui se succèdent les unes après les autres dans ta vie. Les conjointes (belles-mères) mesquines et hypocrites de ton père, les camarades de classe qui se moquent de toi à cause de ton apparence en te criant tous les jours que tu es « laide », que tu ressembles à un « rat d’égout », que tu es « tellement maigre que si on te serre dans nos bras, on va te casser comme un cure-dent ». Les supposées « meilleures amies » qui te trahissent, qui essaient de voler le peu de gens qui gravitent autour de toi. Le changement d’école en secondaire 4, l’intimidation qui se poursuit encore. Le premier amour de ta jeunesse, qui au fond est une relation toxique et malsaine pour toi. Les échecs, les déceptions, les mauvais choix, les erreurs de parcours, tout s’accumule pour toi, ma petite et grande fille brisée…
Je te vois maintenant ; aujourd’hui, tu es une jeune adulte. Tu vas à l’université, tu as deux beaux enfants, tu t’en occupes si bien. Tu donnes tout pour eux, tout le meilleur de toi-même pour que ta fille et ton fils s’épanouissent dans le bonheur, l’amour et la sécurité. Tout ce que toi, tu n’as pas connu parce que les gens t’ont brisée, sans même se rendre compte de toutes les choses dévastatrices qu’ils te faisaient vivre et avec lesquelles tu as dû composer toute ta vie.
Je veux que tu saches que le mot « résilience » prend tout son sens quand je te regarde. Qu’avec toutes les épreuves de la vie, tu as l’impression qu’une partie de toi demeure toujours brisée à l’intérieur, que tu es encore fragile par moment et parfois même insécure. Mais aujourd’hui, tu as choisi de ne pas être une victime de ton passé. Tu choisis d’être forte, de faire de ton mieux pour t’en sortir et pour enfin connaître le bonheur, pour enfin t’épanouir et vivre avec fougue, passion et joyeusement, comme tu le mérites vraiment.
Ne regarde pas derrière, ton passé n’a rien de bon à t’apprendre. L’avenir est plein de promesses, de succès, d’amour et d’épanouissement. Il est où le bonheur, il est là … juste devant toi.
La collaboratrice mystère