Archives février 2022

Promesse d’amour — Texte : Liza Harkiolakis

Hier, huit mois après mon déménagement, j’ai défait et rangé la dernière boîte qui restait.

Hier, huit mois après mon déménagement, j’ai défait et rangé la dernière boîte qui restait. LA boîte « divers » qu’on finit toujours par oublier. Celle qu’on fait in extremis une heure avant que les déménageurs arrivent ; ramassis de fonds d’armoires, de tiroirs, et de dessus de comptoirs. Nos disparates, nos impossibles à jeter ou à classifier.

D’une fois à l’autre, c’est pas mal toujours les mêmes choses que je « pitch » dedans. À la différence que cette année, en plus des mini lunettes de soleil, mini chaussures à paillettes ; mini peignes à cheveux, mini bandeaux à cheveux, mini sacs à main, mini rouges à lèvres et autres mini gogosses et accessoires de poupées de ma fille, il y avait aussi des échantillons de peinture, des bouts de céramiques brisés et une lettre d’amour jamais envoyée.

Cette lettre, c’était ma promesse d’amour écrite pour mon chum. Assise par terre dans mon grand walk-in, comme dans une scène de film, je l’ai relue. Et j’ai pleuré. Pour plein de bonnes et de moins bonnes raisons. J’ai pleuré, car nous ne sommes plus en couple aujourd’hui et qu’encore, certains soirs, son corps et son odeur me manquent. Son humour aussi. Accepter un deuil ou une situation, même si elle est pour le mieux, ne nous rend pas moins nostalgiques.

Après cette lecture, je me suis demandé si les choses auraient été différentes si je lui avais donné la lettre. Si notre rupture était davantage liée au contexte difficile des derniers mois ou si nos besoins, nos attentes et nos façons d’aimer étaient simplement trop éloignés. La valse étourdissante des « Si on avait fait ceci » ou des « si j’avais fait ça » a recommencé. Je suis médaillée d’or des valses mentales. Des fois, j’en doute, des fois je regrette et des fois je reste coincée dans mes grands questionnements. Une chose pour laquelle je ne doute pas cependant, c’est que ma vision de l’amour a changé à ses côtés. Depuis lui, je n’aime plus de la même façon.

Avant, je voulais de grands vertiges, de l’indélébile. Avant, je likais ces longs textes poétiques qu’on voit passer sur les médias sociaux. Ceux qui martèlent qu’on « mérite » un amour qui nous lève de terre et qui efface nos blessures à grands coups de frissons. L’amour idéal, immuable qui chasse la noirceur et les démons, mais l’amour n’a pas ces fonctions et ce serait de mentir que de promettre que mon amour à moi fait ou fera tout ça.

« Mon amour n’arrivera pas à te faire oublier les blessures et les trahisons d’amour qui t’ont profondément marqué.

Mon amour n’arrivera jamais à remplir le manque ou la sensation de vide qui peut parfois t’habiter.

Mon amour, même s’il est puissant et sincère, ne sera jamais suffisant si tu n’as pas envie de le recevoir ou s’il ne correspond pas à ce que tu crois être bon pour toi.

Mon amour n’aura jamais la saveur de ton premier amour. Il ne se rapprochera jamais de celui que tu as ressenti quand tu avais 17 ans.

Mon amour ne te tiendra peut-être pas réveillé toute la nuit, mais peut-être qu’il t’aidera à t’endormir les dimanches soirs ou ça ne va pas.

Mon amour a 44 ans.

Il arrive plein d’espoirs, de désirs, de sincérité, mais il arrive aussi seconde main, reconstruit, réusiné.

Je ne chasserai pas tes démons, mais je resterai à tes côtés même quand ils y seront. Je ne te soulèverai pas de terre tous les jours, mais je t’accepterai comme tu es et même quand, malgré moi je te blesserai, j’essayerai de comprendre tes déclencheurs et mes erreurs afin que tu te sentes en sécurité. C’est cette promesse d’amour que j’ai envie de faire aujourd’hui. Un amour doux, loyal et vrai. Un amour qui s’installe et qui grandit ; un amour qui s’ancre et qui dure dans le temps. »

Aujourd’hui, mon émotion est passée et j’ai arrêté de pleurer. Je viens de relire cette lettre. Je suis en paix et remplie de gratitude pour ce qu’on a vécu et traversé. Lundi prochain, jour de la Saint-Valentin, je vais lever mon verre d’eau de puits aux moments doux qu’on aura eus et à tous les amoureux qui s’aiment. Et je remercierai la vie de m’avoir donné, tant de fois, la chance d’aimer avec autant de sincérité.

Liza Harkiolakis

Self love – Texte : Audrey Boissonneault

Tout a un début et se termine par une fin. Les pages défilent, les chapitres se suivent et les der

Tout a un début et se termine par une fin. Les pages défilent, les chapitres se suivent et les derniers mots arrivent. On dépose le livre avant d’en ouvrir un autre. On dit un dernier au revoir, avant de pouvoir saluer à nouveau. Il y a certains moments où l’on saute quelques phrases, mais les mots finissent par nous rattraper, un peu plus loin. Nous avons des préférences et ceux qu’on aimerait effacer. On relit sans cesse les bons et la difficulté survient au moment de les faire partir. On voudrait échanger les lieux, les réactions, les sentiments qui nous ont provoqués.

Puis, vient le moment où on accepte et on ferme les yeux en espérant tomber sur un meilleur exemplaire.

Je sais que ça fait peur, voir noir, ne pas savoir où l’on va se retrouver demain. Je sais que ça fait peur, revoir tous ces souvenirs en laissant reposer tes yeux, au moment de dormir. Parcourir chacune des sensations en revoyant les images de tes souvenirs. Je sais que ça fait peur, te diriger vers un chemin sombre sans savoir où tu vas atterrir, parce que c’est beaucoup plus facile de revenir sur ses pas lorsqu’on sait ce qui nous attend. Il le faut, la plupart du temps, nous le savons déjà, mais l’exécuter, c’est le réaliser, pour de vrai.

Si je peux me permettre, à toi qui lis ses mots, rappelle-toi chaque larme qui a coulé sur tes joues, dans la dernière année. Remémore-toi tous les efforts que tu as mis envers ta personne ou tes projets. Souviens-toi de tes poings serrant ta couverte le soir pour essayer de camoufler le son de tes pleurs, qui ne demandaient qu’à sortir. Revis chacun des commentaires qui t’ont blessé, qui t’ont ramené à zéro. Rappelle-toi tous ces mots, gestes, personnes qui t’ont détruit à leur façon.

Tu ne pourras, jamais, être parfait aux yeux de tous. Aussi fort que tu travaillerais, il va y avoir quelqu’un pour te reprocher quelconques éléments, faits ou gestes. Je sais que tu crois ne pas mériter le bonheur, que tout mauvais évènement se produit par ta faute et que tu n’apportes rien de bon autour de toi. Je sais que tu crois que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, dans plusieurs moments. Je sais que tu forces le sourire à s’afficher dans ton visage, mais crois-moi, ce moment n’est que passager.

Tu mérites de trouver le bonheur, les personnes qui te feront te sentir bien, mais avant tout, tu dois trouver la paix intérieure avec toi-même. Tu dois accepter le fait que tu ne pourras jamais plaire à tout le monde. Je suis loin d’être parfaite et je n’ai, certainement, pas tout compris à la vie, mais une chose qui m’est rentrée dedans lors de la dernière année, c’est qu’il faut apprendre à voir sa propre valeur. C’est la seule façon que tu arriveras à rester debout lorsqu’on voudra te guider vers le bas. Tu en vaux la peine, tu le mérites, tellement.

Sois passionné, trouve un nouveau passe-temps, occupe-toi et essaie de nouvelles choses. Lis un livre, commence à écrire des chansons ou des textes, trouve un sport qui va te faire rêver, fais de nouvelles recettes, dessine ou FaceTime avec ton ou ta meilleur(e) ami(e). Permets-toi de relaxer et d’écouter Netflix avant de faire une sieste d’après-midi. Sois ouvert à ce que ton mental aille mieux, entoure-toi de positif, mais n’accepte plus qu’on te traite de manière inacceptable. Sois égoïste, parce que si toi, tu ne t’aimes pas, qui va le faire ? Tu es la priorité dans ton histoire et ne laisse rien ni personne t’ôter le droit de vivre ta vie comme tu le veux.

Alors toi, qui comme moi, te sens seule et inutile par moment, avançons ensemble. Formons une équipe et promets-moi qu’un jour à la fois, on va avancer d’un tout petit pas. On met le point final à notre dépendance aux autres pour se sentir aimé, pour se sentir important. Il faut que tu saches que tu n’es pas seul, moi je suis là, dans le même combat, avec toi. Tu as, littéralement, tout pour réussir. Tu es fort(e), beau/belle, intelligent(e), travaillant(e). En fait, tu es sur la coche sur tous les points, tu dois juste y croire. La bataille va être longue et ardue, mais une fois sorti de là, rien ne pourra t’abattre comme tu as pu l’être, dernièrement.

Le jour où tu réaliseras ta valeur, ton authenticité, ta magnifique personne, tu vas accepter que tu ne t’entends pas avec chacun et que certains sont proches de toi. C’est l’acceptation qui rendra la tâche moins difficile.

Lâche pas et garde la tête haute parce que, moi, j’ai confiance en toi.

 

Audrey Boissonneault

 

Je crains de ne plus avoir autant de papillons – Texte : Audrey Boissonneault

Depuis ma tendre enfance, je rêvais de trouver l’amour. Je rêvais d’avoir un prince qui venait

Depuis ma tendre enfance, je rêvais de trouver l’amour. Je rêvais d’avoir un prince qui venait à la rencontre de sa princesse. Il y a bien longtemps que j’ai compris que la vie ne se construisait pas de cette façon.

J’ai toujours pensé qu’être en amour était un sentiment si intense à ressentir lors de nos relations. J’ai fréquenté plusieurs garçons dans ma vie, j’ai eu un attachement profond pour plusieurs d’entre eux. En ayant connu mon premier (vrai) amour au secondaire, j’ai assimilé que l’on pouvait avoir un intérêt énorme et éprouver des sentiments sans être en amour de la même façon, comme je l’ai été avec lui.

J’ai peur. Je suis apeurée de ne jamais arriver à retomber en amour comme j’y suis arrivée avec lui. Pourtant c’est tout ce que je demande, arriver à m’ouvrir, aimer comme jamais et avoir une complicité de fou. Avoir un amour grandissant chaque jour envers cette personne, voir les saisons passer et notre relation évoluer.

Je veux trouver celui qui me fera passer l’hiver aux creux de ses bras. Je veux aimer à en perdre la raison, je veux voir mes yeux pétillants de bonheur. Je veux qu’il m’aide à avancer ; je veux qu’il m’aide à me dépasser. Je veux sortir de ma zone de confort en découvrant ses passions. Je veux apprendre à vivre et à aimer le rituel de nos journées. Je veux qu’on se crée des souvenirs ensemble puis qu’on se batte pour notre couple.

J’ai envie de trouver ce garçon qui saura me faire sourire lorsque mon visage sera trempé par les larmes de découragement. Je veux celui qui me laissera être présente pour lui et qui ne craindra pas de se battre avec mon anxiété. Je veux celui qui a envie d’entendre mes peines et mes peurs. Les raisons pourquoi mes yeux n’arrivent pas à se clore le soir ou celles qui font que je me protège le cœur avec cette carapace invisible.

Je veux un homme qui sait que, même dans nos mauvaises passes, il préférera se disputer au lieu de s’enfuir. Je veux seulement trouver la personne qui respectera sa promesse de ne pas partir. J’ai envie d’avoir mon complice, ma moitié. J’ai envie de démontrer à cette personne à quel point il est important pour moi et que c’est avec lui que je veux continuer ma vie. Lui montrer chaque recoin de ma tête et passer des heures à l’écouter me raconter ses histoires. Imaginer un futur, mais aussi, le vivre avec lui.

Parce qu’au fond, je crois qu’avoir quelqu’un qui croit en nous est un des plus beaux cadeaux. Savoir qu’une personne est prête à t’accepter et t’accompagner dans la vie de tous les jours. Bons temps, mauvais temps. Une relation authentique et unique à soi.
C’est ça que je veux.

L’amour n’est pas un sujet à prendre au premier degré. Je crois que c’est une expérience qui vaut la peine d’être vécue avec la bonne personne. Quelque part, notre premier amour aura une place immense dans notre vie, notre passé. Le fait de ne jamais arriver à retrouver cette sensation me fait peur. Lorsqu’on est aimé et que l’on arrive à aimer, c’est à ce moment que l’on peut tout affronter.

Et moi,

Je veux trouver cette personne, celle que je vais chérir de tout mon cœur, afin de recoller chaque morceau qui aurait pu craquer. Toi et moi, ça ne sera peut-être pas un coup de foudre, mais si j’ai la chance de pouvoir m’ouvrir à toi, je te promets de faire mon possible pour briser la barrière qui m’entoure.

Je vais le trouver mon prince, même si pour une fois, c’est la princesse qui doit le chercher.

Audrey Boissonneault

C’est toi qu’il me fallait… Texte : Klaude Laflamme

Je me souviens quand je t’ai rencontré pour la première fois : tes clins d’œil, tes cheveux

Je me souviens quand je t’ai rencontré pour la première fois : tes clins d’œil, tes cheveux longs, ton petit look juste à toi…

Rapidement, j’ai été sous ton charme. Ton humour, ta simplicité et ta bonne humeur me faisaient du bien. J’avais besoin d’un ami comme toi dans ma vie. Un ami avec qui je pouvais être complètement moi !

Dès le départ, c’est comme si on s’était toujours connus, mes pensées rejoignaient les tiennes, tes mots pansaient mes peines, c’était simple et facile.

On n’était pas en mode séduction…

Moi qui ne voulais plus de l’amour, toi qui l’avais déjà.

J’ai souvenir d’être assise au bar à me faire courtiser par un de tes amis, je me rappelle cette fois où tu as franchi la porte et que mon cœur est parti en vrille… Ce soir-là, j’ai compris que tu étais l’homme de ma vie.

Moi, je croyais au coup de foudre, fort et flamboyant ! Je m’attendais à des feux d’artifice, de la musique dans la tête et des palpitations.

Je ne pensais pas que la fébrilité au son de ta voix, le sourire qui me montait jusqu’aux oreilles à ta vue et l’ennui les jours de silence étaient aussi des symptômes du plus beau.

17 ans se sont écoulés. Beaucoup de gens n’auraient pas parié sur nous, certains, plus proches, auraient tout misé !

Ensemble, on a créé quatre beaux humains, accueilli de grandes joies et traversé de fortes tempêtes. On est toujours là… plus beaux, plus forts et plus amoureux que jamais… Tu es ma personne préférée, mon meilleur ami, mon amant et mon amoureux !

Chaque fois que je te vois entrer quelque part, mon cœur part en vrille et il n’y a toujours pas de doute, c’est toi l’homme de ma vie.

 

Klaude Laflamme

Pour s’entendre il faut s’entendre – Texte: Nancy Pedneault

Jamais je n’aurais pensé qu’un simple bout de tissu pourrait autant changer ma vie. Le masque.

Jamais je n’aurais pensé qu’un simple bout de tissu pourrait autant changer ma vie. Le masque. Essentiel en ces temps de pandémie, je le sais, mais qui empêche les sons de parvenir à mes oreilles déficientes. Et je ne suis pas seule. Au Québec, 25 % de la population vit avec une déficience auditive (source ReQIS).

Être malentendante, ça ne paraît pas. C’est un handicap qui est invisible jusqu’à ce que je te demande de répéter. Et crois-moi, lorsqu’on me parle avec un masque, je fais répéter. Malheureusement, dans une même conversation, il est possible que je te fasse répéter plus d’une fois.

Je sais, c’est vraiment désagréable quand je te demande de répéter. Je sais, je ralentis le processus de communication. Tu as parfois envie de t’impatienter (et ça arrive que tu le fais) mais je t’en prie, résiste.

Pour moi, et pour toutes les personnes malentendantes, le port du masque a rendu notre monde flou. Les sons qui étaient autrefois faibles sont maintenant sourds ou même absents. Les mots que je lisais sur tes lèvres ont complètement disparu.

Parfois, en plus du masque, nous sommes séparés par un Plexiglas. C’est l’horreur ! Je cherche les sous-titres (comme dans ma télé) mais il n’y en a pas.

Je dois vraiment faire un effort pour t’entendre. Je mets toute mon attention pour comprendre les mots déformés qui sortent de ta bouche. S’il y a du bruit ambiant, c’est pire, c’est épuisant. Mon cerveau doit éliminer les sons superflus avant de saisir le message qu’il n’a pas entendu.

Il arrive que ma réponse n’ait ni queue ni tête, car il se peut que j’aie compris tout de travers. C’est que j’essaie, tant bien que mal, de mettre les mots que j’ai entendus ensemble. Je les assemble rapidement selon le contexte et j’essaie de faire une phrase logique. Parfois, je me trompe. Alors, j’ai l’air un peu perdue avec ma réponse hors sujet.

Je dois même t’avouer que parfois, j’évite les situations qui nécessiteront un effort de communication. Des fois, je reste chez moi, dans le silence, avec ma famille qui est habituée à ma surdité.

Désormais, si tu croises quelqu’un qui, comme moi, est malentendant, s’il te plaît, prends le temps qu’il faut et répète un peu plus fort. Essaie de ne pas avoir ce ton impatient que nous entendons trop souvent. Et surtout, rappelle-toi que c’est plus difficile pour nous que pour toi.

Un jour, les masques seront retirés et les mots reviendront sur tes lèvres. Je ne comprendrai pas parfaitement, mais la communication redeviendra plus facile. D’ici là, pour mieux s’entendre, il faudra parler plus fort.

Nancy Pedneault

Lettre à mon élève — Texte : Nancy Pedneault

Mon cher élève,   <span da

Mon cher élève,  

Depuis mars 2020, je te regarde aller. Je te vois changer. Je remarque que, comme moi, tu perds ta légèreté. Je sais qu’on doit faire tout ce qu’il faut pour préserver la santé de la population. Je comprends et toi aussi. Mais je dois t’avouer quelque chose, je m’ennuie. 

Je m’ennuie sincèrement de ton sourire. J’ai tellement hâte de te voir rire à mes blagues avec tes dents, pour vrai. Je m’ennuie de lire sur ton visage les différents sentiments que tu vis au cours de la journée.  

Si tu savais comme je m’ennuie de tes câlins sans peur de se donner la maladie. Je sais que toi aussi ; tu me le répètes souvent.  

Je m’ennuie d’entendre ta voix. Ta petite voix douce et délicate franchit difficilement le masque. Je ne t’entends pas bien. Je te fais répéter. J’ai tellement hâte de t’entendre clairement.  

Je m’ennuie de la légèreté. Tu sais, ce temps où ma principale peur était de ne pas t’avoir enseigné tout ce que tu dois savoir pour cette année scolaire. Je ne veux plus que tu aies peur chaque fois qu’un élève tousse ou ne se sent pas bien. 

Je m’ennuie de respirer dans ma classe, sans masque. Respirer, juste respirer. Je sais que toi aussi, tu en as tellement envie. 

Tu sais, mon cher élève, j’ai envie de retrouver ma classe d’avant. Celle où on peut rire et improviser. Cette classe où tu étais présent en vrai, pas en vidéo. Je ne veux plus avoir peur chaque fois que tu t’absentes.  

Bref, mon travail avec toi, celui d’avant la COVID, me manque énormément. Les « toutes autres tâches connexes » ont pris beaucoup de place depuis deux ans. Je suis maintenant pro du nettoyage, de l’aération, de la qualité de l’air, du lavage de mains, de l’enseignent en synchrone, en ligne, en vrai, en demi-groupe, dans d’autres groupes, etc. Mon temps et mon énergie pour toi s’amenuisent et cela m’attriste.  

J’ai envie de t’enseigner, comme avant. Je veux travailler pour toi. Je veux avoir le temps de te donner le meilleur service possible. Je veux être là avec toute ma tête et tout mon cœur.  

Aujourd’hui, je n’ai pas de moyen pour que ça change. J’ai juste besoin de te le dire. Parfois, le dire, ça fait du bien. 

 Alors pour toi, mon cher élève, je souhaite que la vie revienne à la normale, la vraie normale. Je te souhaite de rester un enfant, de rire, de t’amuser et surtout, d’apprendre sans souci.  

Mme Nancy 

 

Les allées de petits pyjamas — Texte : Nathalie Courcy

Il est plus que temps que je me trouve des bébés à catiner. Quand c’est rendu qu’à la pharma

Il est plus que temps que je me trouve des bébés à catiner. Quand c’est rendu qu’à la pharmacie, je m’ennuie d’acheter des paquets de couches… ça vous donne une idée !

Je suis la maman ultra choyée de quatre magnifiques enfants complices, heureux et en santé. Pas pire, pour quelqu’un d’infertile… Je suis trèèèèèès reconnaissante de ce que la vie m’a donné. Disons que je l’ai suppliée pas mal fort.

Ma fille aînée passera très bientôt de l’autre côté de la force (lire : vers l’âge adulte). Mon « bébé » vient d’avoir 9 ans. Mes ami.e.s, mes collègues sont parents d’enfants déjà grands ; sinon ils ont passé go réclamé 200 sur la parentalité. Mes voisins sont retraités (et partis en Floride). Je ne me souviens même plus de la dernière fois où j’ai bercé un mini bébé.

Donc là, je me retrouve avec mes hormones de préménopausée et un besoin intense de catiner, d’entendre des gagagougou et de me battre avec un pyjama à pattes pour le rentrer sur une petite jambe potelée pas de tonus. Vous devriez me voir fondre dans les allées de petits pyjamas au magasin… J’ai le goût de tricoter et de coudre des mini vêtements, des petits bonnets, d’acheter des toutous.

Bon. Je pourrais le faire pour des bébés inconnus, ceux qui sont malades ou dont la famille a de la misère à joindre les deux bouts. Mais t’sais, c’est pas juste le morceau de linge qui me fait capoter, c’est surtout le petit humain qui le porte !

Loin de moi l’idée de mettre de la pression à mes enfants, ils décideront si je deviens grand-mère et quand, ça ne relève pas de moi. Et non, je ne leur ferai pas sentir qu’ils me « doivent ben ça » ou une quelconque forme de pression culpabilisante et malsaine.

Quand j’aurai plus de temps et moins de risque de contaminer une pouponnière (mes enfants vont quand même dans trois écoles différentes dans deux provinces ; ça fait pas mal de souches de bibittes possibles), je ferai sûrement du bénévolat pour bercer les mini humains dans les hôpitaux ou pour donner du répit à des parents dépassés (idéalement, avant qu’ils soient dépassés). Je m’imagine très bien offrir aux familles de mon quartier des tranches d’une heure où j’« emprunte » leur bébé pour une promenade en poussette pendant que les parents font dodo (ou l’amour… auquel cas j’allongerais la promenade pour leur donner le temps d’une tite sieste après). Ça les aiderait, et ça calmerait (un peu !) mes hormones en plein délire ! Les leurs aussi !

Nathalie Courcy

 

À la femme de ma vie, ma maman. Texte : Audrey Boissonneault            

  12 mai 2019 Ma très chère maman, La perfectionniste en moi essaie, depuis quelques

 

12 mai 2019

Ma très chère maman,

La perfectionniste en moi essaie, depuis quelques jours déjà, de trouver les mots justes et à la hauteur de tout ce que tu m’apportes. Malheureusement, jamais je n’arriverais à trouver la précision pour décrire la perfection que tu es.

Non maman, tu n’es pas parfaite. Des défauts ? Comme on dit, la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. En revanche, ton rôle de maman, ça, tu as réussi à le jouer haut la main. Puis en fait, même si cela semble surprenant, je crois que c’est grâce à ces imperfections que tu as si bien réussi. Que ce soit avec ton sourire qui nous apporte du réconfort. Ton rire, quelquefois gênant. Ta voix, qui mériterait des cours de chant. Ton expérience personnelle, qui nous apprend à grandir. Ta compréhension, qui amène notre honnêteté ainsi que notre confiance. Puis l’affection. L’amour que tu nous donnes, l’amour que tu partages, celui que tu ne calcules pas, mais que tu offres abondamment.

Certains diront que nous avons été pourris, gâtés. Moi je dirais aimés et éduqués. Grandir au sein d’une famille avec des valeurs telles que la bienveillance, l’ouverture d’esprit, l’empathie, l’entraide, la simplicité, sans oublier la persévérance et le respect. Maman, tu prônes avec ardeur chacune de ses qualités. Tu apportes avec toi une énergie positive et rassurante. Toujours aux côtés de tes enfants, jamais d’abandon, seulement une grosse dose d’amour, de courage et d’espoir.

 

Tu es non seulement un modèle exemplaire, mais aussi ma meilleure amie. Jamais je ne serai aussi à l’aise qu’avec toi. Personne n’arrivait à me faire parler comme toi, tu sais le faire. Personne ne me comprend mieux que toi. Lorsque je vais mal, bien que tu sois toujours la première à être présente pour moi, tu es aussi la première à me réveiller. Tu es celle qui va tout faire pour ne pas que je me laisse abattre par le monde dans lequel on vit. Le plus dur dans tout ça, c’est de t’entendre nous répéter : « Faudrait que je pense un peu plus à moi, pour une fois » pis qu’à la place, tu finis toujours par nous faire passer en premier. On te le répète chaque année, mais maman, tu es un cadeau tombé du ciel, tu es un ange et une reine pour tes enfants. Je crois que tu nous as sauvé la vie, beaucoup plus qu’une fois et ça, on ne t’en remerciera jamais assez.

S’il y a bien une chose que tu m’as apprise au cours des années, c’est que peu importe à quel point la vie t’envoie des tempêtes, elle vaut, toujours, la peine d’être vécue si c’est pour la partager avec des êtres comme toi. Après avoir eu ta belle-fille, tu as eu trois enfants et crois-moi, chacun d’entre nous est honoré d’avoir eu la chance de tomber sur toi. T’es la prunelle de nos yeux, maman, t’es tout ce qui nous reste et j’te l’promets, nous, aussi, on sera toujours là pis maudit qu’on n’arrêtera jamais de prendre soin de toi.

On t’aime, maman.
Xxx

Audrey Boissonneault

 

Ma dépression ce n’est pas moi — Équipe Maïka

Lorsqu’elle nous habite, nous envahit, s’immisce en nous, elle prend tranquillement toute la pla

Lorsqu’elle nous habite, nous envahit, s’immisce en nous, elle prend tranquillement toute la place… Parfois, la porte lui est ouverte par des évènements, mais elle peut être là sans raison. Ces raisons que nous inventons, imaginons et qui justifieraient notre état… Elle est là, elle est notre ombre, elle nous habite, elle nous déchire. La dépression nous tient, nous retient. La souffrance est parfois telle que l’on a l’impression de devoir sortir de notre corps, de notre tête pour cesser cette indescriptible douleur. Nous sommes vidés, désespérés, absents, inconscients. Une journée est un fardeau, la traversée nous semble impossible. Les nuits sont courtes et remplies de questions, de peurs et d’inquiétudes. Le mal-être, c’est d’avoir littéralement mal d’être ! Cet être qui se fissure et se déchire de partout.

Voilà à quoi ressemblait ma dépression et pourtant…

J’ai deux fils et une famille extraordinaires, j’avais un amoureux exceptionnel. Une maison, un bon travail, un chien et un chat. J’avais tout pour être heureuse et pourtant…

Elle s’est invitée dans ma vie, en a pris la direction et en a fait un enfer. Des mois à tenter de ME survivre. De faux sourires, du maquillage, quelques blagues pour tenter de démontrer que je remontais la pente. Cette pente illogique, incompréhensible et terriblement ardue. Médecin, psychologue, rien ne m’aidait… Je savais que certaines personnes me trouvaient lourde, se sentaient impuissantes et prises au dépourvu. Des phrases revenaient : « Tu devrais retourner au travail, ça te changerait les idées ! » ou « Tu ne peux pas te laisser aller comme ça, tu as des enfants ! »… Quoi dire à part JE FAIS CE QUE JE PEUX ! Ces phrases remplies de bonnes intentions sont si difficiles à entendre… Si vous saviez toute la culpabilité qui nous habite en plus de cette douleur viscérale de l’être… Si vous saviez à quel point j’aurais aimé être capable de poursuivre ma vie « normalement » et me donner le coup de pied au derrière que d’autres auraient bien aimé me donner. Si vous saviez…

Mais je ne peux en vouloir à personne… Ils ne savent pas, ils ne le vivent pas et chacun vit la situation à sa façon… c’est aussi ça la dépression.

Si comme moi il y a quelques mois, tu souffres avec ou sans raison, il y a des ressources faites pour toi. Ne te limite pas à un diagnostic, tu N’ES PAS TA DÉPRESSION, tu es une personne qui souffre. Donne-toi du temps, sois indulgent face à toi-même, sois doux. Regarde et essaie, il n’y a pas d’échec, il y a des expériences. Tu trouveras LA bonne façon POUR TOI de traverser cette montagne. Je veux que tu saches que c’est possible d’en sortir et de vaincre cette envahisseuse : LA DÉPRESSION.

Marie-Christine Roy

 

Puis, un jour, tu te choisis… Texte : Audrey Léger

Tu remarques les plis près de tes yeux, tu te souviens des larmes que tu as versées, du pouvoir qu

Tu remarques les plis près de tes yeux, tu te souviens des larmes que tu as versées, du pouvoir que tu as laissé aux autres sur ta vie. Puis, ce jour-là, tu te choisis. Tu veux montrer que tu es une bonne personne, que tu mérites le bonheur… Puis, tu les entends encore, ces petites voix qui résonnent.

Si tu t’aimes, tu t’aimes trop. Si tu ris, tu ris trop fort. Si tu es fière, tu te penses bonne. Si tu te gâtes, tu dépenses trop…

I. JUST. DON’T. GIVE. A. FUCK.

Je suis qui je suis. J’aspire à beaucoup de belles choses. Je sais ce que je veux et ce que je vaux. Ce n’est que le début. J’ai envie de soutenir les autres et qu’ensemble, on puisse s’élever plus haut et briller de plein feu. Parce qu’on a LE DROIT !

Petite et belle communauté, de filles, de femmes, de mères, de belles personnes : partageons notre soutien, notre ouverture. Moi, j’nous trouve ben ben hot !

Audrey sans artifice

Dégénérative – Texte : Audrey Boissonneault             

  J’ouvre mes yeux, mes mains se dépêchent à couvrir ma bouche contre la toux qui s’Ã

 

J’ouvre mes yeux, mes mains se dépêchent à couvrir ma bouche contre la toux qui s’élève. Le chatouillement se fait aller dans la profondeur de mes bronches. La toux se fait de plus en plus forte et mes jambes se dépêchent de se poser sur le sol pour prendre la pompe qui se trouve à quelques mètres de mon lit. Une et puis deux bouffés. J’enfile mes bas chauds pour éviter que le froid se faufile tout le long de mon corps. Je m’installe à la table, la routine commence. Pilules, traitements, désinfection, pompes.

En inspirant le médicament, je n’arrive plus à détourner mes pensées. Chaque jugement, chaque mot, chaque insulte, je m’en souviens. À toi, la personne qui osait me dire que je me servais de ma maladie. À toi, celle qui disait que je me trouvais des défaites. À toi, celle qui disait que jamais je n’arriverais à trouver quelqu’un avec qui partager le restant de mes jours. À toi, cette personne qui m’a détruite. Si on se fiait à toi, la fibrose kystique n’est pas importante. On ne la voit pas physiquement, ça ne doit pas créer de vraie douleur. « Ça ne paraît pas qu’est malade », « A profite de sa maladie », « Ce n’est pas important, ça ne se voit même pas », « A devrait se calmer, ce n’est pas comme si a va mourir demain », « A l’aime ça parce qu’a se fait prendre en pitié », « C’est la préférée des professeurs, on le sait bien », « A fait rien de sa vie. », « Elle a toute son temps », « A travaille même pas pis elle chiale ». À toi qui as osé penser une de ces phrases. À toi qui as osé les dire. À toi qui penses que je vais bien et que j’aime être « malade ».

La fibrose kystique est une maladie dégénérative. Elle atteint les poumons et le système digestif principalement, bien que cela varie d’une personne à l’autre. Plusieurs organes peuvent s’ajouter à la liste. La fibrose kystique attaque l’organisme. Aucun traitement curatif n’existe. En ce moment même, je dois, déjà, avoir pris le double de vos respirations. Elle est la maladie mortelle la plus répandue chez les enfants et les jeunes adultes. Les infections chroniques et la constance de la maladie amènent une dégradation et une destruction des poumons et des capacités pulmonaires.

À toi qui oses prendre cette maladie à la légère. Qui oses affirmer que je suis heureuse d’avoir eu les gènes. À toi qui penses que vomir mes sécrétions me fait plaisir. À toi qui penses qu’être prise en pitié me rend confortable. J’aimerais te dire que tu as tort. J’aimerais te dire que, si j’avais eu la chance, jamais je n’aurais accepté cette maladie dans ma vie. J’aimerais te dire que même si je n’en ai pas l’air, j’ai mal. La gorge qui serre, l’air que je cherche, la toux qui m’irrite, les larmes de découragement ; je ne le souhaiterais même pas à mon pire ennemi. J’aimerais te dire que ce n’est pas ma faute si je n’arrive pas à travailler en allant à l’école et qu’au final, le verdict venait de mon médecin. J’aimerais te dire que tousser gruge mon énergie. Une nuit d’insomnie à tousser amène l’accumulation de fatigue. Le nombre d’heures que je dois dormir est essentiel à mon rétablissement. J’aimerais te dire que ce n’est plus un choix, c’est une roue qui n’arrête plus. Après chacune de ces années, on apprend, on comprend ce qui nous fait du bien ou non. J’aimerais te dire que c’est beaucoup plus que juste une condition défavorable. Cette maladie apporte tellement d’incompréhension. Elle apporte tant de douleurs invisibles, de questions sans réponse. Je ne suis pas heureuse d’avoir cette maladie, mais je suis fière de dire que je me bats depuis mon diagnostic. Je suis fière d’avoir surmonté chaque épreuve sur mon chemin, je suis fière de dire que je travaille fort pour continuer les routines et prendre soin de moi.

Un jour, sans que tu le réalises, je serais à mon plus bas. Cette journée-là, j’aurais, peut-être encore tes commentaires désagréables à écouter. Donc à toi qui n’acceptes pas la vérité, ce n’est pas parce que tu n’arrives pas à la voir que la douleur n’est pas présente. Le nombre d’heures passées à l’urgence, dans des rendez-vous rapprochés, hospitalisée, à me faire réveiller trois-quatre fois pour changer d’antibiotique, pour une prise de sang ou un taux de sucre, pour le cardiogramme ou même l’oxygène. J’aimerais te dire que ce n’est pas un choix d’apprendre à vivre avec et prouver à chaque personne que je vaux beaucoup plus que vos commentaires.

Audrey Boissonneault