Archives mai 2022

J’ai hâte de vieillir – Texte: Joanie Fournier

J’ai hâte de vieillir. Je profite de mes petits pendant qu’ils sont petits, et j’espère en p

J’ai hâte de vieillir. Je profite de mes petits pendant qu’ils sont petits, et j’espère en profiter tout autant quand ils seront grands. On me répète qu’ils ont tellement besoin de leur maman maintenant. Moi, j’espère qu’ils auront envie d’avoir encore besoin de moi plus tard. On me répète qu’un jour, ils partiront de la maison. Moi, j’espère que je serai la bienvenue dans leur demeure.

J’espère tellement que je ferai toujours partie de leur vie… En fait, j’espère même plus que ça. J’espère partager leur vie. Je veux être cette maman qui sera là quand ils en auront besoin. Adolescents, je veux qu’ils pensent à m’appeler à 3 h du matin parce qu’ils ont trop bu pour conduire. Je veux qu’ils me textent de ramener plus de condoms à la maison en finissant ma journée de travail. Je veux les accompagner à leurs premières entrevues de jobs et rester dans l’auto. Je suis prête à fournir le café avant de les laisser sortir de l’auto. Puis, à offrir mes bras s’ils sentent que l’entrevue ne s’est pas bien passée.

J’ai hâte d’être assise sur le siège passager, pour leur apprendre à conduire, même si je ferai probablement quelques presque-crises de cœur en chemin. Je veux être cette maman qu’ils viennent voir pour réviser un examen d’histoire, pour pratiquer un texte de théâtre, ou pour avoir des trucs en rédaction de texte. Je veux être présente s’ils ont envie de me parler, de poser des questions, de philosopher sur tout et sur rien.

Je préfère qu’ils fument leur premier joint avec leurs amis à la maison. Je préfère savoir qu’ils ne sont pas bien loin et qu’ils viendront demander de l’aide s’ils en ont besoin. J’ai envie que les premières expériences se passent sous mon toit, en toute intimité, confiance et sécurité.

Je ne serai pas une mère collante, qui rentre dans leur appartement n’important quand, qui débarque avec des plats préparés ou qui appelle à toute heure du jour. Je veux qu’ils aient envie de m’appeler, je veux qu’ils aient envie de partager leurs dimanches soirs avec moi. Je veux qu’ils s’ennuient de manger mes bons petits plats.

Je veux leur offrir de repartir avec une poche de linge à laver. Je veux leur offrir ma présence s’ils la souhaitent. Je veux qu’ils sachent que je serai toujours là, s’ils m’appellent. Je veux garder leurs enfants toutes les semaines. Je veux mettre ma vie sociale de retraitée sur pause pour qu’eux puissent encore en avoir une. Je veux connaître mes petits-enfants et les voir grandir. Je veux les prendre dans mes bras, les bercer et leur apprendre les berceuses de l’enfance de leurs parents.

Je veux que tout ce beau monde vienne chez nous et qu’ils s’y sentent comme chez eux. Je veux que mes petits-enfants dorment dans le lit d’enfance de leurs parents. Je veux qu’ils jouent avec le même vieux train en bois ou la tondeuse qui fait des bulles. Je veux qu’ils restent coucher toute la gang dans la maison de leur enfance et qu’ils aient encore l’impression que leur chambre leur appartient. Je veux être là quand mes petits-enfants se lèveront et que le père Noël aura passé… Je veux qu’ils aient envie de nous inviter à passer les vacances avec eux.

J’espère que je serai une grand-mère ni trop, ni pas assez. Impliquée, quand ils le voudront. Engagée, autant qu’ils le souhaiteront. Présente, autant qu’ils le demanderont. Je veux qu’ils me posent la question « Es-tu disponible pour garder les enfants demain? On aimerait aller souper en amoureux… » de façon rhétorique. Parce que je veux que ce soit évident que la réponse sera toujours oui. Je veux faire partie de leur vie. Je ne veux pas m’imposer, mais je veux rester disponible pour eux.

J’espère que je serai une belle-mère aimante et compréhensive. J’espère que je serai capable d’être ouverte à leur génération, à leurs valeurs et à leurs choix. J’espère que je serai une mère présente et pas étouffante. J’espère que je serai une grand-mère impliquée.

Je veux que mes petits-enfants me racontent leur vie. Je veux qu’ils me parlent de leurs amis, de leurs jouets préférés et de leurs couleurs favorites dans l’arc-en-ciel. Je veux les connaître, réellement. Et je veux qu’à leur tour, ils aient aussi envie de m’appeler pour me poser toutes les questions du monde.

J’ai hâte de vieillir. Je trouve cet avenir prometteur, et magnifique. Et si la vie me donne la chance de le vivre, je promets d’en profiter chaque jour, jusqu’au dernier.

Joanie Fournier

 

 

La parole tue à petit feu, mais elle fleurit aussi après la pluie – Texte : Eva Staire

Je vais commencer ce texte par un souhaite très fort, le souhait de donner l’espoir qu’il peut

Je vais commencer ce texte par un souhaite très fort, le souhait de donner l’espoir qu’il peut réellement avoir une lueur au bout d’un fucking long tunnel. Je n’aurai pas la langue dans ma poche. Ça va être cru par moments, mais c’est promis, la pluie éteint le feu.

  • Habille-toi, mets-toi une veste. Si tu te fais violer, ce ne sera pas de ma faute.
  • As-tu vu la paire de boules qu’elle a pour son âge ?

Je n’étais qu’une enfant lorsque j’entendais ces phrases à mon égard.

  • Tu es tellement laide et grosse, parle-moi pas !
  • Viens ici, j’ai besoin d’un étui à crayon pour mon stylo, dit-il en le mettant entre mes seins.
  • Est-ce que je peux monter le mont Everest ?
  • Tiens, une paire de ciseaux, ça va être plus facile pour te couper les veines.

J’avais 12-13 ans lorsque les jeunes de mon âge me criaient ses paroles lourdes de conséquences.

J’ai longtemps cru que les gens avaient raison. J’essayais d’être discrète en leur présence pour ne pas les déranger. Difficile d’être discrète avec ma shape. C’est ce que je me disais. Ils avaient tous réussi à jouer dans ma tête. Je n’arrivais plus à voir des ciseaux sans penser à faire glisser la lame sur mon poignet. Me préparer pour l’école était interminable. Je me changeais pas moins de dix fois avant de choisir comment j’allais m’habiller. « Ah non, trop décolleté, trop moulant, trop coloré… » Je me demandais toujours ce que les autres allaient penser de moi. L’intimidation peut être invisible à l’œil nu, mais n’est pas pour autant indolore pour la personne qui la subit.

À l’âge de 13 ans, j’ai eu la chance de rencontrer un garçon merveilleux. La phrase qu’il aimait me répéter régulièrement c’est « On s’en fout des autres ». J’ai pris du temps pour vraiment assimiler ses mots, mais cette phrase a fini par résonner très fort en moi. Enfin des paroles qui fleurissent et non qui m’affaiblissent.

Encore aujourd’hui, dix ans plus tard, il lui arrive de devoir me rappeler de m’en foutre. Je ne suis pas guérie de toutes les blessures qui m’ont été infligées, mais il y a plusieurs cicatrices qui me rappellent d’où je viens. J’ai appris à respecter la femme que je deviens et à choisir ceux qui méritent de jouer un rôle dans ma vie.  C’est lorsque je regarde mes trois enfants dans les yeux que je vois de la lumière. Oui, oui, d’la lumière au bout du tunnel. Ce tunnel que j’ai finalement réussi à traverser en gardant mon souffle beaucoup trop longtemps. Je respire enfin la liberté et je commence à fleurir.

Et toi, en quelle fleur souhaites-tu grandir ?

Eva Staire

Ce soir d’angoisse posttraumatique — Texte : Jessica Thériault

Ce soir, c’est un soir difficile. Un soir d’angoisse épouvantable, un soir où je n’ai pas en

Ce soir, c’est un soir difficile. Un soir d’angoisse épouvantable, un soir où je n’ai pas envie de dormir sachant que demain arrivera trop rapidement.

Je m’explique, demain est le jour que papa et moi nous repoussons depuis tant de temps, par peur, par angoisse. Demain, notre garçon doit ENCORE passer un test pour son avenir.

Il y a 5 ans, notre superhéros a dû subir une chirurgie qui s’est passée plutôt drôlement. Il a fait un arrêt respiratoire de 7 minutes devant nos yeux de parents qui ne savaient comment réagir sauf par l’hystérie et l’incompréhension.

Ce petit bout d’homme va mieux aujourd’hui, je vous l’assure. Il réussit à être détestable à ses heures, oui, oui ! Mais il y a 2 ans, son ophtalmo nous a dit qu’il devait être opéré à nouveau. (Je vous laisse imaginer le sentiment).

Je vous épargne les crises de larmes, les incompréhensions, les paniques, les remises en question.

Nous allons dans un hôpital de la Montérégie pour ne pas la nommer, notre enfant fait le préopératoire… Trois rendez-vous pour qu’au final, on nous retourne au Children’s Hospital de Montréal.

« Dossier trop compliqué », « Pas évident à évaluer », ce qui voulait dire au fond : « On ne veut pas être responsable de son état trop complexe ».

Vive la covid, je crois être une des seules à le vénérer, parce qu’elle m’a donné un peu plus de temps pour me faire à la situation.

Après consultation avec son ORL au Children’s, ils obligent d’avoir un test d’apnée avant opération. T’sais, le test que lorsqu’il a fait quand il avait 3 semaines et qu’on nous a dit qu’il devrait rester à l’hôpital avec toutes ces maudites machines « pluguées » pour le bien-être de notre enfant jusqu’à ce qu’on l’opère puisque c’était dangereux pour sa vie.

Demain soir, c’est ce nouveau rendez-vous préop. Ce rendez-vous qui me rappelle que mon fils a failli mourir dans mes bras, ce même rendez-vous qui pourrait me dire que mon fils ne doit plus être opéré, mais qui pourrait lui causer des problèmes ophtalmiques.

J’angoisse avec le fait de revivre tous ces évènements, ceux qui me repassent en tête jour après jour.

À quel point l’angoisse devrait être présente ?

Aucune idée. Ce que je sais, c’est que l’angoisse, ce n’est pas une partie de plaisir, et que l’on devrait focaliser sur le présent et non sur le passé et l’avenir.

Demain, je passerai cette soirée par obligation, mais pas sans angoisse ni appréhension. L’angoisse sera là, mais une angoisse positive.

D’une maman qui essaie de ne pas trop y penser, mais pour qui, malheureusement, le choc posttraumatique est trop grand.

Jessica Thériault

Les bons plis de la pandémie — Texte : Nathalie Courcy

J’avais pensé intituler ce texte « La fin du télétravail » puisque plus ça va, et plus l

J’avais pensé intituler ce texte « La fin du télétravail » puisque plus ça va, et plus les bureaux des centres-villes se rempliront à nouveau. Les routes sont déjà plus occupées. Depuis deux ans, je traversais la ville en 15 minutes top chrono. Ça m’en prend maintenant le double.

J’ai depuis peu le « droit » de retourner dans mon lieu de travail, selon certaines conditions, certains jours de la semaine, avec certaines précautions et avec certaines permissions. Un droit, avec un gros bémol. N’y retourne pas qui veut !

Mais est-ce que j’ai vraiment le goût de mettre un point à mon télétravail ?

Le 13 mars 2020, quand tout a fermé, j’étais déjà en télétravail temporaire depuis deux mois. Je bénéficiais d’un accommodement très raisonnable, et surtout médical, pour travailler à partir de la maison. Je voyais la fin de ma période accordée arriver et j’angoissais. Je m’apprêtais à prendre un rendez-vous pour prolonger le télétravail. Juste de penser retourner dans le trafic et dans les horaires gérés au quart de tour et j’étouffais. Je n’étais pas prête. Pas du tout. Zéro pis une barre.

Et là, arriva ce qui devait changer la face du monde : un gros méchant virus.

Je me suis retrouvée comme tout le monde avec beaucoup moins de kilométrage et de lunchs à faire, et beaucoup plus de gestion de temps d’écran. Un moindre mal.

Depuis le début, je dis à mes enfants qu’on fait partie des privilégiés de la pandémie (et j’admets aussi la partie plate de la patente !) On était tous ensemble. On est en santé. Personne ne travaille dans le milieu de la santé ni dans le milieu de l’éducation. Ni dans les commerces qui ont fermé (à part ma plus vieille, qui n’a pas tant de factures à payer pour survivre, disons). Ni dans la sphère politique.

On en a profité pour se coller, s’aimer, se cultiver, marcher en famille, lire en famille, jouer en famille, manger en famille, grandir en famille.

On en a profité pour prendre de bons plis, des habitudes qui dureront plus longtemps que le confinement. Plus de douceur dans nos communications (on est mieux de bien s’entendre si on veut s’endurer 24 heures par jour !) Plus de services rendus, question de répartir les responsabilités. Plus de gratitude pour les petites choses de la vie et surtout, pour les gens qu’on aime. Moins de chialage inutile. Plus de liberté d’être soi. Moins de « trop de bruits ». Plus de calme. Moins de surstimulation. Une hypersensibilité remisée. Des anxiétés en vacances.

On ne s’est pas mis à faire du pain de façon frénétique (pas facile, faire du pain, pour les familles sans gluten !) On a continué à faire le jardin qu’on fait depuis toujours. Chacun a développé ses talents, ses intérêts, sa personnalité.

Chaque fois qu’on avait le « droit » de sortir, d’aller dans les musées, de visiter grand-maman, de voir des amis, on l’a fait. Là, j’ai le « droit » de retourner au bureau. Mais entre vous et moi, tant que je n’en aurai pas le « devoir », je crois bien que je vais continuer de consolider mes bons plis de pandémie et travailler en pantoufles, avec ma musique, mon chauffage, mes heures adaptées, mon temps gagné, et mes enfants et mon amoureux à proximité.

Nathalie Courcy

Une maman différente pour chaque enfant – Texte: Joanie Fournier

J’entends souvent les mamans autour de moi s’inquiéter à l’idée d’avoir un deuxième enfa

J’entends souvent les mamans autour de moi s’inquiéter à l’idée d’avoir un deuxième enfant. Parce que c’est vrai que quand on a un enfant unique, on jongle tellement pour en connaître chaque facette, pour l’outiller, pour l’accompagner, pour le stimuler. On est débordée. On l’aime tellement qu’on se dit que c’est juste impossible d’aimer quelqu’un d’autre autant… Et on s’inquiète à l’idée de mettre un enfant au monde qu’on pourrait risquer de ne pas aimer autant que le premier. On a l’impression que notre premier bébé a fait gonfler notre cœur et qu’il y prend toute la place.

Et quand j’entends ce discours, ça me fait sourire. Je ne peux pas m’empêcher de me revoir, il y a dix ans, dans la même situation. J’avais peur de devoir diviser mon amour entre mes enfants. J’avais peur de devoir aimer moins mon grand, pour pouvoir aimer plus le petit. Comme j’avais tort… Quand mon premier bébé est né, j’ai appris ce que l’amour était. Mon cœur a appris à aimer comme il n’avait jamais aimé avant. Et à chaque naissance ensuite, il a doublé, triplé et quadruplé de taille pour les aimer encore et encore plus.

Il y avait une autre chose pour laquelle j’avais tort : je disais que j’allais être égale et juste pour chacun de mes enfants. C’est sûr que je suis égale quand on pense aux cadeaux de fêtes ou aux activités qu’on fait avec chacun d’eux. Mais là où je me trompais, c’est que je ne suis pas la même mère pour chacun de mes enfants. Parce que c’est impossible de l’être et que je me mentirais à moi-même si je pensais l’être.

Quand j’ai eu mon premier bébé, j’ai eu tout mon temps pour lui. J’étais jeune, énergique et pleine de naïveté. Oui, j’avais l’avantage d’avoir tout mon temps pour lui seul. Pour le cajoler, le bercer, le stimuler et jouer avec lui. Mais la vérité, c’est que la jeune mère que j’étais apprenait aussi jour après jour comment devenir une mère. J’étais naïve, j’avais plein d’objectifs irréalistes et d’idées arrêtées sur la maternité. Je manquais d’expérience, mais j’avais tout le temps devant moi pour apprendre avec mon enfant.

Quand j’ai eu mon deuxième bébé, je trouve que ça a été de loin la marche la plus grande à remonter. J’étais encore jeune, naïve, mais j’avais encore de l’énergie. J’apprenais à jongler entre leurs besoins comme une pieuvre, quitte à m’oublier là-dedans. J’essayais d’être la jeune mère cool et en contrôle, celle qui arrive à tout faire. Mais j’avais encore tant de choses à apprendre…

Quand j’ai eu mon troisième bébé, j’ai arrêté le temps. J’ai arrêté de faire passer les besoins de tout le monde avant les miens et j’ai commencé à penser à moi. J’ai appris à dire non et j’ai considéré que mes besoins étaient aussi importants que les leurs. Puis, ce bébé spécial m’a tant fait cheminer. J’ai arrêté de lui enseigner des choses et d’essayer de lui faire suivre mon rythme à moi. Ce bébé m’a appris plus de choses que j’ai pu lui en enseigner. Ces apprentissages sont arrivés avec des deuils, des obstacles et des murs à franchir. J’ai dû donner plus de mon temps à ce troisième bébé. En échange, il m’a appris la vie.

Quand j’ai eu mon dernier bébé, je n’avais plus rien de la mère naïve et effacée des années passées. J’ai appris à prendre le temps, à profiter de chaque instant. J’ai arrêté de jouer à l’organisatrice d’activités et j’ai appris à les observer pendant leurs jeux. Je joue beaucoup moins avec mon quatrième bébé que j’ai pu jouer avec ma première. Mais ce n’est pas parce que j’ai les bras pleins, au contraire! C’est justement parce qu’il a ses grands frères et grandes sœurs pour jouer avec lui, pour le prendre par la main, pour le consoler quand il tombe, pour lui enseigner tellement de choses. Ce dernier bébé m’a appris à prendre du recul et à apprécier ma vie avec eux.

Je ne me sens plus démunie. Je ne cours plus partout. Je reste assise au souper et je mange mon repas chaud. Je savoure mon café le matin, assise et tranquille. Je suis devenue une maman avec du lâcher-prise. Je reste persuadée d’être la meilleure mère que je peux être, et ce, chaque jour. Même si mon meilleur n’est pas le même tous les jours. Mais une chose est certaine, j’avais tort de penser que je serais la même maman pour tous mes enfants.

Parce que l’humain évolue, vieillit, mature. Une mère, c’est un être complexe et en continuel changement. Et la seule chose qui ne change jamais, c’est le changement en lui-même.

Joanie Fournier

Bonne fête des Mères, maman ! Texte : Eva Staire

Chère Maman, En cette journée de la fête des Mères, voici pour toi un petit texte que je port

Chère Maman,

En cette journée de la fête des Mères, voici pour toi un petit texte que je porte dans mon cœur depuis longtemps. Je ne l’ai pas écrit avant parce que j’avais peur de ne pas trouver les bons mots, de te gêner ou de ne pas arriver à bien m’exprimer.

Ma peur, cette peur qui m’habite depuis toute petite, je t’en ai parfois voulu de ne pas l’écouter. Je t’ai boudée, j’ai voulu fuguer, j’ai crié et je t’en ai fait à toi aussi, de la peur et de la peine. Je ne comprenais pas du haut de mon adolescence à quel point tu me donnais plus que ce que tu avais reçu. À quel point toi, petite, tu as dû te débrouiller seule à travers une enfance pleine de tourmentes, de violence et d’abus de toute sorte. Ni à la maison ni à l’école, tu ne pouvais trouver la sécurité. Pas que tu manquais d’amour ou que tes parents étaient des monstres, mais comme plusieurs femmes de ton époque, tu as dû prendre en charge trop de responsabilités trop tôt.

À coup de caractère et de débrouillardise, tu as trouvé ton chemin vers l’autonomie. Tu t’es trouvé un homme pour te faire une vie loin de la violence. Ne partant de rien, vous avez fini par voyager, vous avez rêvé et vous m’avez eue, puis mon frère. À nouveau, tu t’es retrouvée à sacrifier une partie de ta vie pour prendre soin de nous. Je sais maintenant que tu ne voulais pas reproduire ce que tu avais vécu, tu voulais que nous vivions notre vie d’enfant, que nous poursuivions nos rêves.

Aujourd’hui je veux saluer ta force et ton courage. Celui d’avoir coupé le cycle de la violence, celui de m’avoir donné ce que tu n’avais pas reçu, celui de m’avoir permis d’être moi-même avec toute mon intensité, mes craintes et mes tourbillons d’émotions. J’ai une enfance pleine de bons souvenirs, avec de l’amour à profusion.

Et ce n’est pas fini, car la lignée continue et quand je te vois être encore plus douce et sensible avec tes petits-enfants, je comprends maintenant tout le chemin que tu as fait et que tu continues de faire. Merci d’être toujours là pour nous et de nous entourer de ton amour. Je t’aime de tout mon cœur pour toute la vie, comme dirait ta petite-fille.

Et là je t’entends déjà penser : pourquoi écrire ça publiquement ? Eh bien, parce qu’en te saluant, je salue également toutes les mères qui ont eu à se battre pour garder leur individualité et qui, pour ne pas refaire vivre ça à la génération suivante, ont tout donné à leurs enfants. Grâce à vous, nous pouvons maintenant donner ce que nous avons reçu et continuer d’adoucir les lignées intergénérationnelles pour faire un monde plus doux.

Bonne fête des Mères !

Eva Staire

 

S’impliquer, ça fait du bien ! Texte : Roxane Larocque

La Semaine de l’action bénévole me pousse à réfléchir à l’aspect essentiel de cet apport c

La Semaine de l’action bénévole me pousse à réfléchir à l’aspect essentiel de cet apport collectif. Idéalement, l’implication bénévole, ça fait du bien à tout le monde ! Autant à celui qui donne qu’à celui qui reçoit. Ça peut prendre plein de formes aussi : encadrées par un organisme ou spontanées, régulières ou sporadiques, bref il y en a pour tous les goûts !

L’implication bénévole, c’est bon pour la santé mentale collective. D’un point de vue personnel, il a été démontré que de faire du bénévolat contribuait à diminuer le stress et à diminuer l’isolement, et qu’il contribuait à l’épanouissement personnel. Or, d’un point de vue collectif, cela me semble tout aussi juste. C’est intéressant de sortir un peu de la vision du bénévole qui offre son temps et son expertise généreusement comme un sauveur. De mettre en lumière sa contribution, certes, mais aussi et surtout de mettre l’éclairage sur la nécessité collective de son apport dans une société où les inégalités de toute sorte sont encore présentes.

Le bénévolat c’est une relation, une implication qui change le vécu de celui qui reçoit, mais également de celui qui offre. Le bénévolat, c’est le tissu social collectif qui s’épaissit, le filet de protection qui retricote ses trous pour prendre soin des plus vulnérables. Or ce tissu social nous est commun : prendre soin de l’intégrité de tous, c’est aussi prendre soin de soi. Personne n’est à l’abri d’un jour crouler sous le poids des facteurs de risques qui s’accumulent et entraînent un déséquilibre, une vulnérabilité.

C’est intéressant de comprendre ce qu’on apporte aux autres par le bénévolat, mais également ce qu’on répare en nous en le faisant. Qu’est-ce qui fait qu’on s’implique pour une cause en particulier ? À quel besoin ça répond pour nous ? Il y a certainement des échos de notre passé : un membre de la famille qui a souffert d’une maladie pour laquelle vous vous impliquez maintenant, un manque de soutien à l’enfance que vous voulez éviter de faire vivre maintenant aux enfants plus vulnérables, une intolérance à l’injustice sociale que vous voudriez voir disparaître, l’impression d’avoir une voix, de participer à un changement social, etc. Bref, la Semaine de l’action bénévole, c’est aussi un beau moment pour mettre en lumière tous les bénévoles qui ont surmonté des épreuves, des angoisses, des injustices et qui en font quelque chose de plus grand, de plus doux pour le bien commun.

Merci à tous ceux qui s’impliquent à petite, moyenne et grande échelle. Vous faites assurément une différence, aussi petits vos gestes d’implication soient-ils. Aujourd’hui plus que jamais, votre implication est essentielle !

Roxane Larocque

Ça fait un an papa — Texte : Nancy Pedneault

Ça fait un an papa, que tu n’es plus là. Honnêtement, je croyais que ce serait plus facile, que

Ça fait un an papa, que tu n’es plus là. Honnêtement, je croyais que ce serait plus facile, que le mal s’adoucirait plus rapidement. En fait, c’est l’ennui qui l’a remplacé.

Ça fait un an, papa, que j’essaie d’effacer les images de la douleur que j’ai lue dans tes yeux. Je les chasse pour les remplacer par de bons souvenirs, mais elles sont là, elles s’accrochent.

Ça fait un an, papa, que je n’ai pas entendu ta voix. Elle résonne encore dans ma tête. Ton rire surtout. Souvent, je t’entends me réprimander gentiment (surtout de m’habiller chaudement). Je répète tes mots, tes expressions, pour ne pas les oublier.

Ça fait un an, papa, que je ne peux plus te poser mille et une questions sur tout et sur rien, juste pour me rappeler l’étendue de ton savoir, de tes connaissances générales. Parler de la météo, des astres, de la politique internationale… On en aurait long à se raconter.

Ça fait un an, papa, que je n’ai pas mangé en ta compagnie. Tu sais, ces repas où tu me racontais des histoires du temps où tu étais petit ou que tu travaillais. J’aimais ça ! Je voyais ces visages, j’entendais les rires. Je me rends compte qu’il y a plein d’habitudes, à table, que tu m’as laissées en héritage. Ça me fait sourire.

Ça fait un an, papa, que je ne reçois plus tes précieux conseils sur tout et sur rien. Heureusement, j’ai emmagasiné tous ceux que tu m’as donnés au fil des années. Je les utilise encore et même que parfois, je dis que tu avais raison (ça, ça t’aurait fait plaisir !)

Ça fait un an, papa, que je ne t’ai pas dit que je t’aime. C’est faux, je te le dis encore chaque jour, mais je ne vois plus le sourire gêné que tu m’offrais en guise de réponse.

Ça fait un an papa, et je m’ennuie.

Je t’aime.

Nancy Pedneault