J’ai eu peur de te perdre, mon homme – Texte : Joanie Fournier

Mon amour, il y a quelques semaines, tu as eu un accident au travail. Je t’ai accompagné à l’urgence de l’hôpital. Je t’ai tenu la main entre chaque examen. J’ai pleuré avec toi et je t’ai soutenu de mon mieux. Je t’ai accompagné ensuite dans ta guérison et escorté pour tous tes rendez-vous de suivis médicaux. Les semaines ont passé ; tu es vite sorti de danger et nos craintes se sont envolées. Les mois ont passé ; tu as repris le boulot et le train-train quotidien.

Mais, même si j’étais à tes côtés à chacune des étapes, il y a une chose que je ne t’ai pas dite… J’ai eu peur de te perdre. J’ai vraiment eu peur de t’avoir perdu en fait. Je sais que tu es l’homme de ma vie, je sais que je te veux dans la mienne. Mais l’idée de te perdre a semblé tout à coup si réelle, si possible.

Je sais que cet accident aurait pu t’être fatal. Je sais que tu aurais pu avoir des séquelles toute ta vie. Je sais que j’aurais pu ne jamais te voir rentrer après ce soir-là. Et le sang me glace juste à y penser. Parce que j’ai passé les derniers mois à te rassurer que tout allait bien se passer et que tu allais t’en sortir indemne. Je devais être le pilier pour toute notre famille. Mais maintenant que tu es remis sur pied, je me permets de te dire que j’ai vraiment eu peur de te perdre.

Je n’ai pas envie de border mes enfants, sans toi, le soir. Je n’ai pas envie d’attaques de câlins des enfants dans notre lit, si tu n’y es pas. Je n’ai pas envie de souper, sans pouvoir partager les anecdotes de ma journée avec toi. Je n’ai pas envie d’accompagner notre fille dans ses devoirs de maths, parce que je ne le ferais pas aussi bien que toi. Je ne suis pas aussi bonne que toi pour battre sans pitié les enfants aux jeux de société. Je n’ai pas envie de regarder le feu de foyer à l’extérieur, sans toi à mes côtés qui me vole toutes mes guimauves. Je ne veux pas élever mes enfants chaque jour sans ton sens de l’humour, ton énergie, ta force et ta patience. Je ne veux pas d’une vie sans toi.

Mon homme, j’ai eu peur de te perdre. Je ne sais pas comment je pourrais faire tout ça sans toi. C’est toi qui cours à quatre pattes pour faire le cheval avec bébé sur le dos. C’est toi qui conduis jour et nuit pour aller en Floride. C’est toi qui construis les plus beaux bonshommes de neige. C’est toi le meilleur pour combattre les monstres sous les lits des enfants. C’est toi la plus belle fée des dents, le plus vaillant des pères Noël et le plus dévoué des Lapins de Pâques… C’est toi le meilleur. Je ne pourrais pas vivre sans tes patates grecques et ta sauce hollandaise au déjeuner…

Tu es toujours là pour me dire que je suis belle, même quand je pleure parce que je ne trouve pas mon crayon en plein cœur de mes SPM… Tu es toujours là pour me dire que je suis forte quand j’ai envie de tout laisser tomber. Tu es toujours là pour me trouver sexy même après avoir mis au monde nos enfants. Tu es toujours là pour m’aimer… même quand je ne suis plus sûre de savoir qui je suis et si je mérite de l’être. Je ne veux pas d’une vie sans toi. Et mieux encore, je ne veux personne d’autre que toi dans la mienne.

Faque là, tu as recommencé à travailler. Tu vas porter un casque sur le chantier, même si tu trouves ça niaiseux parfois. Tu vas conduire prudemment, même si tu dois arriver en retard. Tu vas me faire la promesse de revenir en un seul morceau le soir. Pis t’es mieux de respecter cette promesse. Parce que j’ai eu un tout petit aperçu de notre vie sans toi… et plus jamais je ne veux avoir aussi peur de t’avoir perdu.

Je t’aime, mon homme.

Joanie Fournier

 



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