Archives avril 2022

Papa, maman : j’ai réussi ! Texte : Ghislaine Bernard

Bonjour papa, bonjour maman. Vous m’avez donné la vie et bien plus encore. Nous n’avons pas

Bonjour papa, bonjour maman.

Vous m’avez donné la vie et bien plus encore. Nous n’avons pas toujours été en bons termes. Nous avons vécu des bons et des très mauvais moments, mais nous avons vécu ! Aujourd’hui, j’ai quarante-deux ans. Vous n’êtes plus là ni l’un ni l’autre pour le vivre avec moi. J’aime à penser que vous êtes là, quelque part. Que vous avez appris qui je suis, ce que je suis. Mes peines, mes combats et mes joies, mes victoires.

Vous n’êtes plus là pour que je puisse vous crier haut et fort ma fierté, pour que je reçoive la vôtre.

Papa, on s’est très peu connus, pratiquement pas. Mais je crois que si les choses avaient été différentes, nous aurions pu avoir une relation père-fille vraiment épanouissante. Je ne peux pas refaire le passé, je l’ai accepté maintenant, papa. Toute ma vie, tu as manqué à celle-ci, mais aujourd’hui j’ai envie de te parler.

Maman, il n’y a pas si longtemps, je pouvais encore entendre ta voix. Je pouvais te voir, te serrer dans mes bras. Notre relation a été tumultueuse par moment, ne sachant pas trop laquelle de nous deux était le parent… Mais maman, tu es partie l’été passé et j’aurais voulu te partager ce que je viens de réaliser.

Mes parents, vous deux, qui chacun à votre façon avez fait du mieux que vous pouviez avec la personne que vous étiez. Vous aviez vos démons, vos propres combats. Je n’ai pas toujours compris ceux-ci et j’ai encore moins accepté certains. Mais je sais, autant dans mon cœur d’enfant que j’étais que dans celui de la mère, de la femme que je suis aujourd’hui, je sais que vous m’aimiez. Vous pour moi, vous souhaitiez le meilleur.

Alors voilà, aujourd’hui, je vous écris, à tous les deux, en même temps ! Même si je n’ai aucun souvenir d’un tel moment. Même si aucune photo en ce monde n’existe de nous trois réunis : je ressens le besoin de vous parler, ensemble.

Papa, maman : j’ai réussi !

Je suis une maman comblée, amoureuse d’un homme merveilleux en tout point de vue. Mais surtout, la fillette, l’adolescente révoltée, blessée et colérique que j’ai été est du passé. Je suis une femme qui s’accomplit jour après jour. Malgré tous nos déboires, vous avez contribué à développer de la femme qui vous écrit cette lettre et dont je suis fière !

Aujourd’hui, j’ai été diplômée !

Je suis une professionnelle dans le domaine qui a géré toute ma vie : la santé mentale.

Je comprends tellement de choses maintenant, j’ai fait la paix avec beaucoup d’autres. Oh, il me reste du chemin à faire, mais j’y suis !

Tous les deux, vous m’avez donné une valeur inestimable, qui aura toujours été ma plus grande force, pour laquelle je vous remercie : celle de ne jamais abandonner.

 

Simplement, Ghislaine

La maternité, un droit donné à toutes… malheureusement non ! – Texte : Annie Corriveau

Avec toute cette controverse cette semaine à propos du départ d’une enseignante en congé de mat

Avec toute cette controverse cette semaine à propos du départ d’une enseignante en congé de maternité, je me devais de mettre mon petit grain de sel !

Toutes les femmes n’ont pas cette chance de pouvoir porter un enfant. Plusieurs aimeraient tellement connaître cette joie, ce bonheur de sentir grandir ce petit être en soi. Une grossesse, c’est comme gagner à la loterie. Certaines vont gagner le gros lot plusieurs fois et certaines autres jamais. Une grossesse, ça ne se décide pas comme ça, c’est un hasard. Ça peut se planifier, oui, mais ça n’arrive pas quand on le décide mais quand ça arrive.

Quel que soit le métier que tu pratiques, tu as le même droit que chaque femme à la maternité. Que tu sois policière, comptable, secrétaire, enseignante, chaque femme est libre de porter la vie. Le débat de cette semaine ne devrait pas être sur ce droit, mais bien sur les causes du manque d’enseignants en ce moment.

Le problème du manque d’enseignants n’est vraiment pas causé par les femmes qui deviennent enceintes. C’est un problème de société, tant qu’à moi. C’est certain que pour un enfant, changer d’enseignant à chaque deux mois n’est vraiment pas l’idéal, mais il est où le vrai problème ? Qu’en est-il des vraies raisons ?

Je suis maman. La vie m’a choyée avec deux beaux enfants en santé et j’en suis reconnaissante chaque jour. J’ai aussi été enseignante. J’ai enseigné un an le français au secondaire et je vais vous dire pourquoi j’ai quitté. Et là, je vous parle en toute sincérité et en connaissance de cause. Vous croyez que les enseignants sont chanceux parce qu’ils ont tout l’été de congé, qu’ils ne travaillent pas les jours fériés, qu’ils ont plein de journées pédagogiques. Allez passer ne serait-ce qu’une semaine dans une école à faire toute la planification, la recherche de matériel, s’assurer que chacun de vos élèves a accès aux ressources auxquelles il a droit, à gérer les plans d’interventions, l’enseignement, la correction, l’aide aux devoirs, la récupération. Vous pensez sincèrement que ces sept semaines de vacances sont exagérées. Une année scolaire pour un enseignant, c’est comme un marathon. Tout le monde franchit la ligne d’arrivée, pas tous à la même vitesse, pas tous avec la même énergie. Une seule année m’a permis de constater à quel point être enseignant est une vocation.

Et oui, j’avais un contrat encore cette année comme enseignante. Oui, j’ai dû me désister de mon contrat car je me suis trouvé un autre emploi. Est-ce que ça m’a brisé le cœur d’abandonner mes élèves en pleine année scolaire ? TELLEMENT ! Alors de dire que c’est sans émotion qu’une enseignante quitte en congé de maternité, OUF… Personnellement, ça m’a brisé le cœur, mais encore là, pour quelle raison ai-je quitté ? Le salaire, la charge de travail, l’essoufflement. Une année, une seule année et jamais au grand jamais je ne vais critiquer les raisons pour lesquelles un enseignant ou une enseignante quitte en pleine année scolaire.

Ce problème, il faut vraiment le régler en société. La profession enseignante n’est tellement plus valorisée aujourd’hui. Il faut vraiment se poser des questions. Connaître les raisons du pourquoi. Qui se doit de régler ce problème ? Moi, vous… non, malheureusement !

Annie Corriveau

Être une maman sans s’oublier — Texte : Stéphanie Dumas

Dans chaque maman, il y a une femme. Lorsqu’on devient mère, notre vie est transformée à tou

Dans chaque maman, il y a une femme.

Lorsqu’on devient mère, notre vie est transformée à tout jamais. Nous devons répondre aux besoins de ce petit être qui devient notre priorité. Ce petit être qui devient le centre de notre univers. Les enfants sont ce que nous avons de plus précieux. Nos enfants dépendent de nous, mais nous avons aussi besoin d’eux.

Par contre, nous devrions toutes essayer de ne pas nous oublier dans ce tourbillon qu’est notre quotidien. Oui, je sais, il y a tant à faire que nous repoussons toutes au bas de la liste les moments que nous nous réservions pour nous au premier imprévu.

Quand avez-vous pris un moment pour vous la dernière fois ?

Je ne parle pas d’une vingtaine de minutes dans le bain ou pour regarder votre cellulaire dans la voiture, mais d’un vrai moment pour faire une activité et décrocher de votre rôle de maman ?

Pourtant, nous ne devrions pas repousser ces moments aussi facilement. Nous devrions mettre un peu plus l’accent sur ces instants pour notre bien-être et même celui de nos enfants ou de notre famille. Si nous pensons à nous et que nous sommes heureuses, nous serons en mesure d’offrir une meilleure version de nous à ceux qui sont le centre de notre vie. Il faut savoir miser sur soi.

Si vous le pouvez, demander l’aide de vos proches pour vous offrir des moments de répit pour vous. Même s’ils sont peu fréquents, ces moments sont bénéfiques. Une maman ne devrait pas toujours passer en dernier. Une maman, c’est la personne qui compte le plus pour ses enfants. Cette maman est aussi une personne à part entière avec des rêves, des aspirations et des besoins. Une maman a besoin de temps pour elle. Elle a besoin d’une vie sociale, d’amour, de réconfort, de temps pour elle-même. Elle mérite également de pouvoir se poser et prendre du repos. Une maman a besoin de douceur et de tranquillité pour refaire le plein d’énergie.

Entre mamans, soutenons-nous pour nous offrir du temps pour nous.

Stéphanie Dumas

À ces enfants forts et résilients – Texte Stéphanie Dumas

Vivant depuis peu l’expérience de la banque mixte, je suis quotidiennement touchée par la force

Vivant depuis peu l’expérience de la banque mixte, je suis quotidiennement touchée par la force et la résilience des enfants se trouvant dans cette branche. La banque mixte relève du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ). Les enfants placés dans cette catégorie ont peu de chance de retourner dans leur famille biologique. Ils sont donc placés dans des familles d’accueil à long terme. Ces enfants sont considérés comme ayant un « haut potentiel » d’adoption. Cela peut être possible lorsque l’enfant a vécu un certain temps dans la famille et que l’on conclut qu’il ne pourra pas retourner vivre avec ses parents biologiques.

Mon expérience personnelle fait en sorte que je suis régulièrement impressionnée par la combativité des enfants face aux obstacles que la vie a placés sur leur route alors que bien souvent, ils étaient encore nourrissons. D’autres, plus âgés, constatent que quelque chose se passe sans pour autant être en mesure de mettre des mots sur les événements. Dans tous les cas, ces enfants démontrent une grande force face aux événements.

Étant moi-même touchée par cette réalité, je n’ai pu que constater la capacité d’adaptation et la confiance que peuvent démontrer ces enfants malgré les expériences vécues. Ils sont en mesure d’adopter un nouvel environnement en plus des parents d’accueil qui ouvrent leur foyer et surtout leur cœur. Certains ont traversé de grandes tempêtes et ont été témoins ou même victimes d’actes violents qui peuvent les marquer à jamais. Néanmoins, ils ont une force de vivre et une résilience que certains adultes ne possèdent pas.

Évidemment, ma propre expérience est avec un enfant en bas âge et tous les groupes d’âge viennent avec des défis différents en plus d’une histoire propre à chacun des enfants. Mais, une chose est certaine, ces enfants touchent le cœur et l’âme de ceux qui ouvrent leur porte.

Que l’enfant reste pour un court, moyen ou long moment, il devient une partie intégrante de la famille qu’il joint. Même lorsque ce dernier est arrivé il y a quelques semaines seulement, c’est comme s’il avait toujours été là. Il évolue et s’adapte à son nouveau foyer et aux personnes qui partagent désormais sa vie de manière impressionnante. Il ne reste plus qu’à faire notre place dans son cœur pour qu’il nous ouvre les portes du sien. C’est alors que débute une belle histoire.

Stéphanie Dumas

Les fins heureuses – Texte : Arianne Bouchard

Quand j’étais petite, comme la plupart des enfants, je lisais religieusement des contes de fées.

Quand j’étais petite, comme la plupart des enfants, je lisais religieusement des contes de fées. J’avais beau lire et relire les mêmes histoires sans cesse, jour après jour, j’étais toujours émerveillée quand arrivait la fin heureuse. Parce que c’était toujours ça, une fin heureuse.

Et puis j’ai grandi.

J’ai malgré tout continué de lire des contes de fées, mais j’ai été forcée de réaliser que tout cela n’était que de belles histoires pour aider les enfants à s’endormir tranquillement le soir. Dans la vraie vie, on se rend vite compte que le bien ne triomphe pas toujours et que chaque prince ne trouve pas forcément sa princesse.

Dans la vraie vie, on croise bien souvent des pirates, si on peut qualifier ainsi tous les gens peu recommandables de ce bas monde. Le prince, même si on le croise, ne nous remarque pas toujours au premier regard comme dans un coup de foudre et parfois même, il ne nous remarque jamais. Dans la vraie vie, il suffit de bien plus que de perdre sa chaussure à une soirée pour retrouver son prince destiné. Petit conseil : ne pas perdre votre chaussure du tout en fait, car dans le monde dans lequel on vit, un inconnu ne fera pas le tour du monde ni même du village pour vous la rendre, et elle sera perdue à tout jamais. Dans la vraie vie, prisonniers de la plus haute tour, on le restera, car personne ne viendra nous sauver, déjà qu’on a trop la flemme d’ouvrir la porte à notre Uber Eats quand il arrive. Dans la vraie vie, les gens ne tomberaient pas amoureux de la Bête pour sa forte personnalité, son charisme sous-jacent et sa tendresse enfouie, non. La Belle serait probablement plutôt une arriviste plus intéressée par son château et ses richesses, que de vraiment découvrir qui se cache derrière cette apparence peu flatteuse. Au final, elle ne le remarquerait pas et elle vivrait sa vie dans le déni, comme toutes ces filles et leur « Papa en sucre ».

Dans notre réalité, j’ai beau parler aux oiseaux, ils ne me répondent pas. De plus, j’ai horreur des souris, alors quand bien même elles voudraient me confectionner une jolie robe, elles ne seraient pas les bienvenues chez moi. Je serais également prête à parier que si j’embrasse un crapaud, ce n’est pas un prince que je vais trouver, mais fort probablement toutes sortes de maladies.

Et pourtant, je continue de lire des contes de fées et d’écouter des films de princesses en espérant qu’à force d’y croire, ça devienne vrai. Je ne suis pas idiote, seulement un peu rêveuse. Et puis peut-être que Walt Disney avait raison quand il a dit que « le meilleur moyen de réaliser l’impossible, c’est de croire que c’est possible ».

Je voudrais tellement que l’amour puisse bel et bien rompre toutes les malédictions et qu’ensemble nous trouvions la force et le courage des preux chevaliers, pour prendre les devants, stopper les guerres et faire régner la paix autour de nous. J’espère qu’à force d’y croire, on pourra rétablir les fins heureuses.

Oui, j’ai grandi, mais j’ai toujours mon cœur d’enfant même si au travers de mes aventures dans le monde d’adulte, j’ai perdu mon innocence et que j’ai croisé la route du mal trop de fois pour faire comme s’il n’existait pas, comme je l’ai fait avec les monstres sous le lit. Et pourtant, même après avoir croisé le mal tant de fois, je ne peux pas m’empêcher de voir le verre à moitié plein et d’avoir foi en l’avenir. J’ai confiance en moi, j’ai confiance en ceux que j’aime et même si je ne peux pas fermer les yeux sur les atrocités qui se passent chaque jour, j’ai espoir qu’un bon jour, les querelles cesseront et que nous pourrons vivre tous ensemble en harmonie. Dites que je suis stupide, mais dans la vie, j’ai appris à toujours viser la lune, pour toujours au moins retomber parmi les étoiles !

Mais bon, même si la vie n’est pas tout à fait un conte de fées et que je ne suis pas vraiment une princesse, j’ai trouvé mon prince et je compte bien avoir ma fin heureuse.

Arianne Bouchard

 

Quand la fertilité devient un cauchemar sans fin… et qu’on t’enlève ta liberté de choix – Texte : Marie-Élisabeth Ménard

En juillet 2019, tout juste avant mes 25 ans, j’ai mis au monde mon quatrième enfant. Belle, ple

En juillet 2019, tout juste avant mes 25 ans, j’ai mis au monde mon quatrième enfant. Belle, pleine de vie, de santé, de curiosité. Avec un papa si attentionné, si aimant ! Le bonheur !

L’accouchement a été parfait. Facile, sans problème ni blessure. La maman va bien et le bébé aussi. Tout va pour le mieux. Mon conjoint et moi avions décidé depuis longtemps que ce serait la petite dernière, que plus jamais je ne porterais d’enfant dans mon ventre. C’était notre décision pour la famille, MA décision pour moi-même. Je n’en pouvais plus. La grossesse avait été pénible physiquement, et surtout mentalement.

Je venais de terminer ma première année de technique et je commençais mes stages en août, lorsque mon bébé allait avoir tout juste deux mois. Le gynécologue m’a demandé quelle contraception je voulais pour la suite. Je lui ai répondu (dossier à l’appui) que les contraceptifs ne fonctionnaient pas. Je suis tombée enceinte deux fois sous contraception, après plusieurs rejets violents de toutes sortes avec ou sans hormones. Sans faire de détour, j’ai demandé la ligature des trompes, qui me semblait adéquate. Il m’a dit non, sans me laisser m’expliquer sur mes motivations. Il m’a dit non, sans connaître ma vie ni mes sentiments dans la situation. Il m’a simplement dit non. Voici ses arguments, et les réponses que j’ai eues à lui donner :

Tu es trop jeune : WHAT?!? Quatre enfants à 25 ans, et je suis aux études, ce n’est pas assez pour toi ? Il m’en faut combien, ou quel âge devrai-je avoir pour arrêter d’être enceinte ? … Je suis tombée enceinte à 17 ans, et on me disait déjà trop jeune pour AVOIR un enfant ; 8 ans plus tard, je suis trop jeune pour arrêter d’en faire… Humm.

Si jamais tu regrettes et que tu en veux d’autres : JA-MAIS. Je suis épileptique, c’est risqué chaque fois que je tombe enceinte, chaque fois que je ne fais pas mes nuits (et Dieu sait à quel point on ne dort pas avec des enfants…). Les grossesses sont de plus en plus difficiles et épuisantes, en plus de l’école, des autres enfants, de la vie et des imprévus… JA-MAIS.

Et ton chum lui, s’il en veut d’autres : On peut adopter, devenir famille d’accueil, avoir une mère porteuse, peu importe… Je ne veux plus en avoir en moi. Mon corps doit me revenir et m’appartenir un moment donné… C’est aujourd’hui ce moment. Je n’en veux simplement plus. À la limite, il ira voir ailleurs, JE M’EN FOUS. Ce n’est pas sa décision, plus après quatre…

Le médecin m’a même gentiment proposé l’abstinence. (J’ai bien failli lui sauter à la gorge !)

Vous auriez dû me voir à cet instant. Déconfite, déconstruite, en pleurs, inconsolable. De mes 17 ans à mes 25 ans, je n’ai connu que ça, les grossesses, les accouchements et les nuits blanches. J’ai quatre enfants ; imaginez les maladies, les nuits à l’urgence, les imprévus de garderie, d’école, de rendez-vous, de blessures, et j’en passe. Le coût de la vie qui ne fait qu’augmenter, les cours de sport, le parascolaire, les fêtes et autres… Je ne pouvais pas imaginer qu’une personne ne se fie QU’À mon âge pour déterminer si j’étais prête ou non à mettre fin à ma fertilité incontrôlable. Moi qui me suis battue pour ma liberté et mon indépendance jusque-là, c’est toi, l’homme gynécologue de 60 ans, qui vas décider de l’avenir de mon corps ? Je ne pouvais y croire. Je suis sortie du bureau hors de moi et en pleurs. Mon chum ne savait pas quoi me dire ni quoi faire pour apaiser ma souffrance. Parce que oui, c’était une souffrance terrible, que je ressens encore aujourd’hui. J’avais envie de crier à l’injustice. Mais je suis sortie, la tête basse et le cœur en miettes.

Quatre mois plus tard, en novembre ou en décembre, j’ai un drôle de feeling, que je ne connais que trop bien. Le test est positif. Je suis de nouveau enceinte. Lorsque j’appelle mon conjoint pour le lui dire, ma voix est bloquée dans ma gorge. Rien ne sort. Je suis paralysée par la colère, la rancune, l’amertume, la peur. J’ai peur. On n’en veut pas, de cette grossesse-là. On suit donc la procédure pour une IVG. Je ne suis ni pour ni contre l’avortement. Je pense que ça doit exister, pour le choix de la femme qui s’inflige cette opération. Parce que ce n’est pas qu’un sujet ni un jeu. C’est une opération où on nous enlève la vie du ventre. C’est un choix que l’on s’impose pour diverses raisons, mais la première et la plus importante, c’est quand c’est pour soi-même que l’on prend cette décision. Dans tous les cas, ça fait mal. Mal au corps, mal au cœur et mal à l’âme. (Encore en écrivant ces lignes, je pleure, parce que le mal est encore là malgré le soulagement.)

Dans le processus, j’apprends que j’attends des jumeaux cette fois. Je ris jaune, parce que c’est du délire. Le destin est parfois chiant, mais là, je le trouve incompréhensible. Je redemande aussitôt la ligature. La gynécologue, une femme cette fois, n’argumente pas et fait tout en son pouvoir pour me l’obtenir. Et elle réussit. C’est un soulagement de me faire soutenir, entendre, comprendre par quelqu’un. Enfin.

Lorsque je rencontre les professionnels dans le cadre du processus, je largue ma colère envers le système et envers celui qui m’a causé tout ce que je vis juste parce qu’il me trouvait « trop jeune » ou qu’il a pensé à mon chum avant moi. Les personnes présentes me comprennent, m’écoutent patiemment et soulagent comme elles le peuvent ma douleur à l’âme. Elles sont extraordinaires. L’opération a lieu. J’en sors, soulagée, mais vide. J’ai un deuil à faire. Celui de mon IVG, mais aussi celui de ma fertilité. Un deuil officiel de grossesse, de recommencement, de renouveau. Et ça me va. J’étais prête pour ce deuil depuis longtemps, et il me convient.

Neuf mois plus tard, je me sens toujours mal. Depuis mon opération, j’ai des douleurs au bas-ventre. Je me sens bizarre, je sais que quelque chose ne va pas. Après les prises de sang, une nouvelle grossesse est confirmée. Oui, oui, neuf mois après ma ligature, je suis de nouveau enceinte. (Moins de 1 % de chances, qu’ils disent… fallait que ça me tombe dessus !) Et elle est viable, donc pas ectopique. Quelle chance ou quel malheur ? … J’en ris. J’en pleure. Je fais tout ce que je peux pour ne pas devenir folle. Je ne comprends plus rien. Je n’en peux plus. Je veux disparaître. Je veux démolir quelque chose, plusieurs choses. Je ne sais plus. À quel point la vie voulait que je sois enceinte pour me faire ça ? Devais-je le garder ? Parce que rendu là, croyez-moi, c’est un miracle. De mauvais goût, mais tout de même un miracle.

Je me suis questionnée à ne plus savoir comment réfléchir. Si vous saviez comment j’ai pleuré ! Je n’avais plus de larmes, et à la fin, je riais comme une personne qui a perdu l’esprit. Je n’étais plus personne. Je me sentais simplement comme une machine à bébés. Avec ou sans mon consentement, la vie et la médecine s’en foutaient, tant que je faisais des bébés. Je me suis fait opérer à nouveau. Deuxième IVG et deuxième ligature en neuf mois en plus d’un accouchement, tout ça dans la même année.

Tout ça parce que le gynécologue a dit non à MON choix, qu’il a eu cette emprise sur MON corps et sur MA vie.

Tout ça parce que le système de santé, SUR CETTE QUESTION, ne prend pas en compte la vie de la femme ni son avis.

Tout ça parce que, finalement, je n’ai jamais eu le pouvoir sur moi-même.

Tout ça parce que c’est injuste.

Tout ça parce que j’avais envie de vivre ma vie et qu’on ne m’a jamais donné le choix de le faire comme je le voulais et QUAND je le voulais.

Tout ça parce qu’on ne m’a pas écoutée au départ, lorsque j’ai dit non.

N’est-ce pas une des premières bases du consentement ? Sur le plan médical, n’ai-je pas le droit de profiter de mon corps comme bon me semble ? N’est-ce pas mon droit fondamental de décider si, oui ou non, je veux porter des enfants ? Peu importe mon âge, que j’aie ou non des enfants, que je fasse quoi que ce soit de la vie… n’est-ce pas mon droit fondamental de femme, d’humain de décider de ce que je fais de mon corps ?

Le système doit changer. Le système doit écouter ses patients, et non les détruire. J’ai vécu l’enfer, je ne suis pas la seule ni la pire.

Je veux que ça change, pour les autres qui vivent encore ou qui vivront un cauchemar comme le mien, par manque de choix, par manque d’écoute et par manque d’humanité.

Je veux que le droit des femmes et le consentement soient pris en compte dans le système de santé. Ce n’est pas normal qu’on se batte de tous les côtés pour ces aspects et que, lorsqu’on demande d’avoir le pouvoir sur notre corps, un médecin, un système, décident à notre place.

C’est injuste.

Soyez fortes. Soyez confiantes. Battez-vous pour la liberté de votre propre corps.

 

Marie-Élisabeth

Mon mal imaginaire — Texte : Arianne Bouchard

Je suis née avec un mal imaginaire, une maladie invisible. Du plus loin que je me souvienne, j’ai

Je suis née avec un mal imaginaire, une maladie invisible. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours physiquement souffert. Migraines, crampes, douleurs musculaires, étourdissements, nausées et fatigue chronique.

Quand j’étais enfant, les crampes et les spasmes étaient tellement intenses que déjà, je me tordais de douleur. Mes parents croyaient que c’était de simples poussées de croissances. Pourtant, en grandissant, les crampes, la douleur, comme l’ami gênant qui s’incruste, ne sont pas parties.

On ne me croyait pas. Les médecins ne trouvaient pas la source de ma douleur. Médecin de famille, chiropraticien, urgentiste et divers spécialistes, personne ne savait ce que j’avais, mais moi, je savais avec certitude que ça n’allait pas. J’avais beau ne rien avoir connu d’autre, je voyais comment les autres gens étaient et je savais que quelque chose n’allait pas chez moi.

J’avais mal, tout le temps mal.

Ce n’est qu’à l’âge adulte qu’on a enfin posé un diagnostic sur mon mal imaginaire : fibromyalgie.

Comme tout le monde, je me disais « c’est quoi ça ? Qu’est-ce que ça mange en hiver la fibromyalgie ? Est-ce que c’est grave ? Est-ce que ça se guérit ? Maintenant que je sais, est-ce que je vais pouvoir enfin vivre ma vie comme les autres, sans limitation ? » À toutes ces questions, et bien, la réponse est NON.

Ce n’est pas grave. On n’en meurt pas. Ça joue sur le moral, ça te donne envie de t’arracher la tête et t’as mal à en crever, mais ça ne te tue pas. Par contre, et ça, c’est pas pour aider le moral, ça ne se guérit pas. En fait, ça ne se traite pas vraiment non plus. Les médecins donnent des antidouleurs pour atténuer la vivacité du feu brûlant qui se propage sous la peau, mais encore là, ils ne peuvent pas toujours atténuer la douleur et surtout, ils ne peuvent jamais définitivement l’éteindre.

Quand je parle de feu sous la peau, c’est plus qu’une figure de style, c’est une réalité. Chaque jour, j’ai l’impression que mon corps est en flammes. Ça me brûle, ça me donne envie de crier et ça m’épuise. Ça me prend toute mon énergie juste pour vivre ma vie avec un semblant de normalité. C’est certain, il y a des jours où la douleur se tolère et d’autres où elle me frappe de plein fouet. Ces jours-là, je me sens prisonnière de mon propre corps. Comme si je me noyais dans les flammes de l’enfer, sans jamais arriver à remonter à la surface. Chaque jour est différent pour l’intensité, mais chaque jour se ressemble avec ma douloureuse colocataire.

Au-delà de la douleur, ce qui ne me rend pas la tâche facile, c’est tous les autres et le jugement qu’ils portent sur moi. Je suis malade, je souffre, mais personne ne peut le voir. Ce n’est pas comme une plaie ouverte qui saigne, c’est un mal que les yeux ne peuvent voir, mais que toutes les fibres de mon corps sont condamnées à ressentir. J’ai toujours l’impression qu’on ne me croit pas. J’ai toujours l’impression que les gens pensent que j’exagère. On m’a dit tellement souvent « C’est dans ta tête ! » Croyez-moi, dans ma tête, il y a bien des choses, mais si je pouvais, il n’y aurait sûrement pas de place pour elle, Madame Fibromyalgie !

C’est un mariage toxique, où je suis condamnée à vivre avec mon bourreau pour le meilleur et surtout le pire. N’importe où, n’importe quand, c’est comme une bombe à retardement. La douleur peut survenir à tout moment et de bien des façons.

Migraines, fièvre, spasmes, sueurs froides, fatigue chronique, troubles du sommeil, troubles de la digestion, troubles de concentration, sautes d’humeur, douleur, anxiété, dépression et sensibilité au toucher. C’est comme si mon corps tout entier était un géant ecchymose. Il y a encore bien d’autres symptômes, mais on n’y passera pas la journée !

À première vue, je n’ai peut-être pas l’air malade, je n’ai peut-être pas l’air de souffrir, mais chaque jour est un combat. La douleur ne disparaît jamais complètement, j’ai simplement appris à vivre avec.

Pour finir, je vous laisse avec une petite réflexion. Vous ne croyez pas en ma maladie parce que vous ne pouvez pas la voir. Pourtant, elle est comme le vent. On ne peut la voir, mais je peux la sentir. Le vent serait-il donc imaginaire ?

Arianne Bouchard

Viens que j’te serre dans mes bras, ti-gars ! Texte : Sophie Barnabé

J’suis assise devant ta copie d’examen, crayon rouge à la main. J’essaie de me concentrer, ma

J’suis assise devant ta copie d’examen, crayon rouge à la main. J’essaie de me concentrer, mais dans ma tête, ta voix retentit. Cette question que tu m’as posée à la fin du cours de mercredi… « Madame, depuis que j’suis plus sur le bord adulte, c’est tough… la pandémie, la guerre… y’a-tu toujours quelque chose du genre qui se passe, mais je ne le réalisais tout simplement pas avant aujourd’hui parce que j’étais trop petit pour m’en rendre compte ? »

Ti-gars, depuis dix-huit ans, tu grimpes l’échelle un barreau à la fois, sans jamais regarder en bas ni derrière toi. Il y a deux ans, on t’a obligé à ralentir la cadence. T’avais pas ton permis, jamais pris de brosse ni fait l’amour… Bon… peut-être que oui, mais ces aventures d’adolescence ne sont qu’un sursis sans souci… Il te restait encore un bout de pied dans l’enfance et tu vivais tout ça avec insouciance.

Pendant ces deux ans, encabané, t’as vieilli. T’as pris conscience que la vie ne se limite pas à ton nombril. Il y a deux ans à peine, pour l’ado invincible que tu étais, un virus était un simple prétexte pour manquer une journée d’école. Tu réalises maintenant que l’ennemi est parfois sournois. Qu’il y a plus fort que toi. À l’école, on t’apprend à écrire des textes pour partager ton opinion et pourtant, même bien exprimée, elle amène à la division. Tu réalises qu’il y a deux ans à peine, tu rêvais de vieillir pour gagner en liberté, mais que parfois, plus t’es vieux, plus le déploiement de tes ailes devient périlleux. Et puis, comme si ce n’était pas assez, à l’aube du retour à la liberté, tu découvres que « poutine », ça donne des brûlements d’estomac, ça goûte moins le bonheur qu’avant… Le jaune et le bleu ne te font plus simplement penser aux couleurs de la marque de tes jouets Pokemon, non… tu les perçois différemment maintenant…

Ti-gars, depuis deux ans, t’es passé de l’adolescent insouciant au jeune adulte de plus en plus conscient. Entre l’actualité fracassante, les réseaux sociaux et leurs images choquantes, tu te demandes aujourd’hui si c’est toujours comme ça la vie. Tu réalises que lorsqu’on est petit, on enrobe les mauvaises nouvelles de sucre d’orge, on nous rassure en nous berçant tendrement… Plus tu vieillis, plus tu deviens conscient… Tu te poses des questions à répétition.

Et là, t’es venu me voir… Habituellement, à la fin d’un cours, tu me demandes à quand la remise de tel ou tel travail, si je suis dispo pour une période de récup… J’ai toujours réponse à tes questions… Pourtant, même si habituellement, je suis bonne pour t’expliquer les choses, je ne trouve pas les mots pour t’en convaincre. Le secret d’une belle vie ? Qu’elle soit remplie, je crois. Juste de beau ? La vie c’est comme un gâteau… Il y a de bons ingrédients et de très mauvais. Parfois, on le savoure et parfois il nous écœure… Peu importe, c’est ça un gâteau ! Pareil pour la vie. Parfois elle est bonne, parfois elle nous écœure. Peu importe, c’est ça la vie ! La vraie vie, c’est rempli de beau et de laid, c’est doux et c’est rough. C’est triste et c’est heureux… C’est tout ça, une vie !

La vie c’est parfois s’attendrir devant le rire d’un bébé, c’est avoir le goût de vomir devant certaines injustices. La vie, c’est aussi se sentir bien après avoir fait le ménage de sa chambre, se sentir beau après s’être fait couper les cheveux et pogner les nerfs après ces p’tits cheveux qui restent collés et nous piquent dans le cou. La vie, c’est se questionner à savoir si on mange des toasts ou des céréales le matin, c’est rêver de se marier même après la rupture qui nous a tant fait pleurer. La vie, c’est perdre son temps sur TikTok et c’est goûter à des huîtres pour la première fois. La vie c’est perdre espoir à la vue d’un hôpital bombardé pour ensuite se raccrocher au masque qu’on pourra bientôt enlever. La vie, c’est se faire friend zone par la p’tite brunette d’à côté et choisir un prof pour se confier…

La vie, c’est accueillir chaque événement, chaque émotion et se coucher le soir en disant que t’as appris quelque chose, que t’as été choqué devant une nouvelle, que t’as vibré au son d’une chanson. Si tu te couches le soir heureux, c’est que tu vis. Si tu te réveilles anxieux, c’est que tu vis. Si tu pognes un fou rire dans un salon funéraire, c’est que tu vis. Si tu trembles en faisant l’amour, c’est que tu vis. C’est comme ça la vie !

Je n’ai peut-être pas les bons mots pour te rassurer, j’aurais envie de te serrer dans mes bras, mais j’peux pas. Si je te dessine un bonhomme sourire à l’encre rouge, tu comprendras… Assure-toi que ta vie soit remplie et fais-lui confiance comme tu l’as fait avec moi mercredi… Merci de me faire confiance ti-gars, tu contribues à ma belle vie remplie…

Sophie Barnabé

Le jour où j’ai ouvert la toile… Texte : Valérie Marcoux

Cette semaine, j’ai ouvert la toile de ta chambre, celle qui gardait ta chambre sombre, comme mon

Cette semaine, j’ai ouvert la toile de ta chambre, celle qui gardait ta chambre sombre, comme mon intérieur. Celle qui faisait en sorte que nous devions allumer le plafonnier… toujours.

Cette toile elle est habituellement fermée. Elle permettait à tes deux grands frères de dormir à tout moment lorsqu’ils étaient bébés, pour nous permettre de diminuer la luminosité si nous voulions les endormir en plein jour.

Cette fois, elle est restée fermée même si tu n’étais pas dans ton lit, parce que c’était des jours sombres pour nous ; parce que j’étais triste et en colère ; parce que je ne voyais pas pourquoi une chambre qui ne t’entendrait jamais gazouiller pourrait être lumineuse…

Puis, cette semaine, j’ai ouvert la toile. J’ai laissé entrer la lumière naturelle. Et j’ai trouvé ta chambre plus belle ainsi.

Tranquillement, j’ai déplacé des objets, empilé tes souvenirs trop peu nombreux et rangé quelques trucs que tu n’utiliserais jamais, comme ta coquille et le petit coulou que ta grand-maman t’avait réparé.

Aujourd’hui, j’ai défait ton lit. J’ai enlevé le coussin décoratif qui commençait à s’empoussiérer, j’ai détaché le contour de lit que ta mamie avait pris soin de bien installer. J’ai retiré le drap qui ne te réchauffera jamais.

J’ai pleuré, je t’ai parlé. Mais je l’ai fait dans une chambre lumineuse, ensoleillée, parce que tout est plus beau quand on y laisse entrer la lumière, même une chambre vide…

Texte composé en mai 2021, quatre mois après le décès in utero de notre Zachary, à 37 semaines de grossesse.

Valérie Marcoux

Vivre sans regrets – Texte : Stéphanie Dumas

Devenu adulte, on prend parfois le temps de penser à la vie que nous avons menée jusqu'à présent

Devenu adulte, on prend parfois le temps de penser à la vie que nous avons menée jusqu’à présent. On ressasse les événements marquants qui ont parsemé notre vie et qui nous ont parfois transformé afin de faire de nous la personne que nous sommes aujourd’hui.

Personnellement, j’aime aussi me dire que je ne dois pas avoir de regrets face à ce que j’ai fait ou pas. J’ai fait des choix, comme nous en faisons tous, mais j’ai vécu. Plus jeune, il m’est arrivé de rentrer au petit matin. Mon cadran sonnait alors déjà pour m’annoncer le début de la nouvelle journée. Même si j’étais fatiguée à ce moment-là, je ne regrette pas d’avoir vécu ces instants ni les folies que j’ai pu faire dans ma jeunesse.

Maintenant que je suis une adulte, je repense à tous ces petits ou grands événements et cela me fait sourire. Il y en a d’autres qui me mettent les larmes aux yeux évidemment. Néanmoins, je vis ma vie en étant heureuse des années qui sont passées, et ce, même si je me dis souvent qu’elles sont passées trop rapidement. C’est comme si le temps défilait de plus en plus rapidement depuis quelques années. La trentaine est arrivée et depuis, les journées passent en une fraction de seconde.

Le travail occupe le plus grand nombre d’heures dans une journée pour la majorité d’entre nous et la vie de famille occupe le temps restant ou presque. Nous devons chercher pour trouver des moments pour nous retrouver en tant que personne. C’est parfois tout un défi.

Malgré tout, il faut être heureux de la vie menée jusqu’à maintenant, des choix et des décisions prises qui font maintenant de nous qui nous sommes et de ce que nous avons réalisé. Il ne reste qu’à continuer d’avancer pas à pas sans regarder derrière…

Stéphanie Dumas

Survivre à ta rupture – Texte : Arianne Bouchard

Ça y’est. C’est fini. Vous vous êtes quittés. Deux âmes entrelacées à jamais séparées. S

Ça y’est. C’est fini. Vous vous êtes quittés. Deux âmes entrelacées à jamais séparées. Sentiments dévastateurs, comportements destructeurs, pourquoi était-il l’élu de ton cœur ? Tu te poses probablement des tonnes de questions. Tu es probablement en train de faire une crise existentielle à remettre en question tous tes choix de vie.

Il y a plus de sept milliards de personnes sur cette terre, et pourtant, tu es tombée amoureuse de lui. Tu lui as ouvert ton cœur, tu lui as montré tes faiblesses, et lui, qu’est-ce qu’il a fait ? Il s’est joué de toi ! Ma belle, j’aimerais te dire que ton chagrin s’estompera aussi rapidement qu’il est parti, mais ce serait te mentir. Tu vas avoir besoin de temps, et le temps lui-même va avoir besoin que tu lui donnes un peu de laisse. Tu seras peut-être tentée de noyer tes chagrins à coup de bouteilles de vin, mais sache que ça ne sert à rien, les vrais chagrins savent nager. Oublie ton ex. Comme il y a un « X » dans le mot ex, justement, fais une croix dessus ! Tu ne peux pas te contenter de ramasser les morceaux de votre relation et tout réparer cette fois-ci, car comme on se blesse à ramasser les bouts de verres cassés, tu vas te blesser à réparer ce qui ne peut pas l’être.

Tu vas recommencer à vivre. Tu vas recommencer à sourire et puis un jour, sans crier gare, tu vas même retomber amoureuse. C’est beau l’amour, cette sensation que le temps s’arrête, le souffle coupé et les papillons qui te terrassent le ventre tellement tu es toute chose quand il est là. Tu vas connaître cela à nouveau, je te le promets. Tu vas trouver cet homme merveilleux qui va ruiner ton rouge à lèvres plutôt que ton mascara. Celui qui ajoutera de la vie aux années et peut-être même qu’il te donnera l’impression d’ajouter des années à la vie, par votre amour profond et éternel.

Je sais que ta souffrance est immense. N’y a-t-il pas plus grand chagrin que de savoir que celui qui fait couler tes larmes est le seul à pouvoir les sécher ? Je voudrais tellement trouver les mots pour te réconforter. Je voudrais tellement trouver les mots pour amoindrir ta douleur et la remplacer par une brise d’infinie douceur. Sèche tes larmes, ma belle, car à trop pleurer pour avoir perdu ton soleil, tes larmes t’empêcheront de voir les étoiles. Et même si parmi ces étoiles, tu ne trouves pas la tienne, n’oublie jamais que c’est peut-être finalement la lune qui t’est destinée.

Tu vas y arriver. Tu vas passer au travers. Tu es une fille forte et incroyablement résiliente. Tu dois faire face à la vie, comme elle vient, au jour le jour.

Inspirer. Expirer. Résister. Ne pas pleurer. Voilà ton nouveau mantra.

Ne gaspille pas tes larmes pour un homme qui n’en comprendra jamais la valeur. Protège ton cœur de son sourire charmeur et continue d’avancer. Ne fais pas de toi une prisonnière. Ne retourne pas dans ta cellule. Tu dois profiter de chaque instant de liberté et ne pas replonger dans cette relation qui t’a tant volé.

Je me dis que ça prendrait peut-être un videur pour ton cœur, pour ne pas laisser entrer n’importe qui. Ce n’est pas un buffet à volonté où chacun peut prendre ce dont il a besoin, à l’excès, et se casser après avoir fait le plein. L’amour, c’est beaucoup plus complexe que cela et c’est pourquoi certains se méprennent tant. Ce n’est pas donné à tout le monde d’en comprendre les subtilités, surtout que malheureusement, il n’y a pas de mode d’emploi pour cela. Et même s’il y en avait un, qui aurait réellement pris la peine de le lire ?

Je sais que tu te dis que peut-être que finalement vous n’auriez pas dû tomber amoureux. Vous auriez peut-être dû tout simplement vous aimer. Tout ce qui tombe se brise et l’amour n’en est certes pas l’exception. Peut-être que finalement, les fins heureuses n’existent que dans les contes qu’on raconte aux enfants. Avec l’amour, même s’il rime avec toujours, il suffit que l’un le délaisse pour qu’il rime avec tristesse. Tout chagrin d’amour commence par une belle histoire, où tu rencontres quelqu’un et tu te dis « il est différent » avec un dénouement cynique où tu te dis « il est comme tous les autres ».

Mais non. Arrête de faire ta drama queen, sèche tes larmes et lève la tête bien haute, car c’est maintenant que tu reprends le contrôle de ta vie.

Arianne Bouchard