Un beau gros TABARNAK!
Lorsque j’étais enfant, jurer à la maison était clairement défendu. Idem pour ma maisonnée, je n’accepte aucunement les mauvais mots et je tente par tous les moyens de montrer le bon exemple. Malheureusement, lorsque nous sommes parents, plusieurs situations font en sorte qu’on a juste envie de lâcher un beau gros « TABARNAK! »
Que l’on se cogne le petit orteil sur le bord du lit ou bien qu’un enfant renverse son verre de lait lorsque vous venez tout juste de laver votre plancher, les occasions pour laisser glisser un « tabarnak » se présentent bien plus souvent que nous le voudrions.
Vous avez votre journée dans le corps. Vous avez de la difficulté à continuer, mais vous n’avez pas le choix, il faut faire la routine du soir. Vos enfants font un vacarme de fou, le téléphone sonne et là, un enfant crie « Mammaannnnn! » ou « Papaaaaaaa! » Ni vu ni connu, vous fermez le tiroir à ustensiles sur votre petit doigt, avec beaucoup plus de force que vous ne l’auriez espéré. Et là, sans même que vous ayez le temps d’y réfléchir, surgit du plus profond de vous-même le meilleur « tabarnak » de tous les temps!
Mais là, vous vous en voulez. Votre progéniture vous regarde avec le même regard que si vous étiez le Père-Noël en G-string. Vous dites honteusement : « Désolé! » Mais en réalité, ça vous a fait un bien fou! Vous avez la subite envie de gambader autour de l’îlot de cuisine en criant : « Câlisse de tabarnak d’esti de câlisse de sacrament! »
Mais non, franchement! Les mamans et les papas ne font pas ça! Parce que les mamans et les papas montrent le bon exemple. Et même si vous êtes vraiment polis, que vous dites un sacre aux six mois, vos enfants se rappelleront CE moment. De CE mauvais mot, et l’air de rien, ils le garderont en mémoire. Vous savez pourquoi? Pour pouvoir le dire dans un lieu public ou dans la pire des occasions qui soit. Juste pour vous faire honte! Oui, oui! Juste pour que vous ayez l’air de parents indignes.
Lorsque mon fils était âgé de deux ans, il a décidé de dire le seul et unique SHIT de sa vie, en jouant aux autos dans le bureau du pédiatre. Les yeux comme des trente sous, je regarde mon fils et je dis : « Pardon? » Bien sûr, il ne l’a jamais répété. Mais je crois fermement qu’il avait planifié sa vengeance le jour où j’ai arrêté de l’allaiter. Il a dû se dire : « Ah! ouin, tu m’enlèves mes boules? Check ben ça maman, j’vais te faire chier moi aussi! » Mais bon, ça, c’est ma théorie!
Mon conjoint et moi sacrons en anglais. Mon conjoint est anglophone et les « Holy shit », « Fuck » et (mon préféré) « Mother fucker » me font un bien fou! Ils sont beaucoup plus traîtres par contre. Plus courts, ils se faufilent n’importe où lors d’une conversation. Surtout lors d’un appel pour le travail à mon conjoint. À la fin de chaque appel, mon conjoint se fait dire par notre fils de sept ans : « Papa tu n’as pas très bien parlé! »
Le bon côté, c’est que mes enfants ne sont pas encore parfaitement bilingues. Alors, lorsque j’ai laissé échapper un « Mother fucking shit » et que mon fils m’a demandé ce que j’avais dit, je lui ai répondu : « Ma mère mange des chips! » Et ça a passé comme dans du beurre. Je l’avoue honteusement, j’en étais fière!
Alors, lorsque mes enfants ne sont pas là, oui, je me lâche lousse. Je peux paraître vulgaire parfois, mais au fond, je le fais pour le bien de mes enfants!
*Et je me dois de mentionner cette anecdote trop mignonne d’une collabo. Lorsque son fils a lâché un « FUCK », elle lui a tout de suite expliqué que c’était un mauvais mot en anglais. La réponse de son fils : « Oh! Désolé, maman, maintenant je dirai MORSE! »
Geneviève Dutrisac