« T’es ben autiste ! » Partie 2 : J’suis ben autiste ! Texte : Alexane Bellemare

 Il y a deux ans, j’ai écrit un texte dénonçant la stigmatisation des troubles neurologiques et mentaux et l’utilisation de ces mots comme insultes, notamment les expressions liées au trouble du spectre de l’autisme. Ce texte était intitulé « T’es ben autiste ! ». Deux ans plus tard, je me suis fait diagnostiquer avec le trouble du spectre de l’autisme. On comprend donc que dans mon texte original, lorsque je parlais du fait que cette stigmatisation du TSA me faisait me sentir mal à propos de moi-même à cause des similarités, ce n’était pas pour rien !

Mon premier texte était, et est toujours, un texte très important à lire pour continuer à penser aux mots que l’on dit et pour se souvenir de comprendre un mot avant de l’utiliser. Toutefois, deux ans et un diagnostic plus tard, je crois qu’il est important d’aller plus en profondeur contre la stigmatisation de l’autisme et ce qui est nuisible à la communauté.

J’ai passé 18 ans sans que les gens croient que j’étais autiste, pas que ça les empêchait de me trouver étrange, alien ou freak, et c’est le cas pour énormément de filles autistes. Les recherches et récoltes de données sur le TSA ont été menées presque exclusivement sur des garçons, alors que le TSA se présente de façon très différente chez tous les autistes, mais particulièrement entre les filles et les garçons. Si on combine cela à plusieurs facteurs comme la tendance plus élevée des filles à masquer leurs traits pour être acceptées socialement, on comprend que les filles autistes sont drastiquement moins diagnostiquées que les garçons, et lorsqu’elles sont finalement diagnostiquées, c’est souvent à l’âge adulte.

Ne dites donc pas à une fille qui vous dit qu’elle est autiste qu’elle n’a « pas l’air autiste ». Premièrement, c’est un trouble neurologique, ça n’affecte pas le physique et les gens autistes peuvent avoir l’air de n’importe quoi. Deuxièmement, ne croyez-vous pas que la personne autiste sait plus ce qu’est le TSA que vous ?

La meilleure chose à faire pour s’éduquer sur le TSA et apprendre à respecter la communauté autiste est d’écouter les gens autistes. Sur les réseaux sociaux, le #actuallyautistic est une mine d’or d’informations, d’anecdotes et d’explications qui viennent directement de gens autistes. La clé pour s’éduquer à propos d’une communauté dont on ne fait pas partie est d’ÉCOUTER. Le parent, le frère, la sœur d’un enfant autiste va plus savoir ce que c’est, oui, mais jamais autant que l’enfant autiste. Souvent les proches d’un autiste vont même avoir des façons de parler très infantilisantes des autistes et aux autistes. Je remarque très souvent que les gens parlent aux gens autistes comme si on était des enfants/bébés ou même des animaux de compagnie, et ce même à l’âge adulte. Je peux vous dire que se faire parler comme si on ne comprenait rien et que l’on n’était pas conscients des choses est un des pires sentiments. Même si la personne est non verbale, elle comprend quand même les choses.

Écouter les gens autistes lorsqu’ils disent de ne pas soutenir l’organisation Autism Speaks car c’est une organisation haineuse.

Écouter les gens autistes lorsqu’ils disent que de « soigner » l’autisme est impossible parce que c’est la façon dont le cerveau est formé, et donc que vouloir « guérir l’autisme », c’est de l’eugénique.

Écouter les gens autistes lorsqu’ils disent de ne pas utiliser la pièce de casse-tête comme symbole à cause de sa popularisation par Autism Speaks et ses significations nuisibles, entre autres qu’il manque une pièce aux gens autistes. Utilisez le symbole de l’infini arc-en-ciel à la place !

Écouter les gens autistes lorsqu’ils disent de cesser d’utiliser des étiquettes de fonctionnement (high functioning et low functioning) pour décrire vos proches autistes. Le spectre n’est pas une ligne qui va de plus autiste à moins autiste ; c’est plus comme une roue où chaque aspect du TSA peut aller de plus présent à moins présent et c’est différent pour tous. Les niveaux 1 et 2 dans différents aspects utilisés lors du diagnostic décrivent les besoins de soutien additionnel. Le fait qu’une personne autiste semble mieux fonctionner que d’autres à vos yeux (parce que ce que vous percevez ne veut pas dire que c’est toute la vie de la personne) ne veut pas dire qu’elle est moins autiste ou que ses besoins de soutien ne sont pas valides.

Écoutez et apprenez.

 

Quelques articles bien intéressants :

https://autisticmama.com/do-not-support-autism-speaks/

https://www.medicalnewstoday.com/articles/325574

https://maikadesnoyers.com/on-jase/tes-ben-autiste%E2%80%89/

Alexane Bellemare



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