La dépendance affective – Texte: Ghislaine Bernard

Quel titre ! Depuis notre naissance, nous vivons tous des relations familiales, amicales et amoureuses, c’est un fait. Nous partageons notre vie ou des parcelles de celle-ci avec autrui, ce qui est de la plus simple normalité, voire nécessité. La plus grande relation qu’on devrait vivre est avec soi-même. Mais parfois pour diverses raisons, cette relation est difficile, même à certains moments, trop demandante. Car bien vivre avec soi est un défi de tous les jours. La confiance en nos aptitudes n’est pas toujours au rendez-vous, alors nous recherchons chez ceux qui nous entourent l’approbation, l’encouragement et surtout l’affection qu’on ne réussit pas à se procurer soi-même.

Vous allez me dire que c’est normal de rechercher chez les gens que l’on aime ces propulsions de positivisme et vous avez, à mon humble avis, raison.

Mais à quel moment l’affection devient-elle une dépendance ?

Je crois que dans la vie, il est tout à fait normal d’avoir des piliers sur lesquels nous appuyer de temps en temps. Là où, je crois, il commence à y avoir un problème, c’est lorsqu’une personne n’est plus « un » pilier, mais « LE » pilier. C’est de mettre toutes nos attentes sur une seule et unique personne. C’est de constater que cette personne ne fait pas partie de notre aventure, mais qu’elle « est » notre aventure. La seule, l’unique. Que sans cette personne, nous ne fonctionnons plus ou juste sur « l’automatique ».

Je crois aussi qu’il est normal et sain qu’à certains moments de notre vie, surtout à la suite de traumatismes affectifs, que l’on ait plus « besoin » de l’approbation des autres. Mais ça ne doit durer qu’un temps individuel à chacun et surtout ne pas perdurer en temps et intensité.

J’ai moi-même vécu des situations qui m’ont chamboulée au point de perdre totalement confiance en moi en toutes choses, et je sais que j’ai demandé, sans le savoir, beaucoup à mes gens. J’ai demandé en encouragement, j’avais constamment le besoin d’être rassurée, encouragée, félicitée. Cela est encore présent à certains niveaux, mais je ne dépends plus de ce sentiment d’insécurité. J’ai réappris à croire en moi plus qu’il y a quelque temps et chaque jour, j’apprends davantage.

Dans le passé, j’ai appris à me passer de tout, de tous. Puis je me suis effondrée, ce qui a eu l’effet contraire. Ce qui a pu à certains moments sembler être une dépendance affective aux yeux de certains. Mes insécurités, mes demandes non verbalisées d’encouragements et ce besoin de faire valider mes choix ont dû peser sur certaines personnes. Je remercie ces gens aujourd’hui, car ils m’ont redonné espoir en moi, ils m’ont remise devant ce miroir que j’évitais depuis si longtemps.

Lorsque vous percevez que tout repose sur les autres, posez-vous quelques questions :

Suis-je dépendant de l’avis de cette personne ou de ces personnes ?

Suis-je irrationnellement apeuré de perdre cette personne ?

Suis-je jaloux ?

Ai-je toujours besoin de son approbation avant de prendre une décision ?

Ai-je des comportements impulsifs ?

Est-ce que je tourne en rond constamment durant ses absences ?

Si vous répondez oui à plusieurs de ces questions, c’est que vous vous approchez, si vous n’y êtes pas déjà, de la dépendance affective.

Il existe des dangers relationnels à rester dans cet état, alors prenez-en conscience et sachez qu’il existe de l’aide pour sortir de cette dépendance. N’oubliez pas que l’amour est une construction qui prend pied dans le respect de chacun, dans le respect des individus et de leurs aspirations. Sortir de la dépendance affective est un apprentissage pas-à-pas qui demandera beaucoup d’efforts de votre part, mais aussi une certaine patience de la part de vos congénères. Mais déjà en prendre conscience en est le premier. Apprenez à reconnaître vos agissements de dépendance et à changer ceux-ci par des actions positives pour vous d’abord et avant tout.

Vous vous apercevrez rapidement que chaque jour est moins lourd qu’il n’y paraît, que vous n’avez plus autant « besoin » de l’approbation des autres. Que vous vous faites confiance dans vos décisions. Que les autres autour de vous vont percevoir ces changements et certains iront jusqu’à vous féliciter, mais vous ne serez plus en attente de ces félicitations. Vous allez les accueillir avec joie certes, mais même si elles ne viennent pas, cela ne vous freinera plus.

Reprenez les rênes de votre vie. Il est tout à fait normal d’échanger avec les autres, de consolider certaines décisions, d’avoir un partenariat décisionnel dans votre couple et vos relations interpersonnelles, mais vous n’en serez plus dépendant.

Si vous n’arrivez pas à dépasser cette dépendance, sachez qu’il existe de l’aide, que ce soit par suivi psychologique, thérapie ou même par accompagnement en relation d’aide alternative. Il existe énormément d’outils pour évoluer dans votre cheminement vers un mieux-être, vers votre indépendance affective, le tout, dans différentes approches qui vous rendront la force qui a toujours été la vôtre, même si vous l’avez oubliée pour des raisons tout à fait légitimes.

Soyez le maître de votre vie, ne marchez ni derrière ni devant les autres… apprenez à marcher à leurs côtés !

Simplement Ghislaine



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