La rêveuse de la gang

Je suis la rêveuse de la gang ; celle qui fabule en silence. Souvent, je me perds. Je m’imagine à la tête de l’entreprise de mon amie à récolter son succès. Diriger ses employés dans un environnement ouvert, zen et qui offre des vacances surprises dans le sud à ses employés. Une patronne vénérée qui habite dans un condo de luxe collectionnant les 5@7 et les soirées à la Fifty shades.

Puis, à d’autres moments, je me contente de petits rêves de banlieusarde. Je cherche le chalet parfait pour ma petite famille en passant des heures à raffiner mes recherches sur Centris, sachant pertinemment que mes assurances passeront lundi et que je n’ai toujours pas l’argent au compte. Le temps de ma recherche, j’ai oublié ce détail.

Et ça recommence. L’instant d’un après-midi, je cherche des formations pour m’ouvrir une compagnie. J’installerai des cils, je vendrai des produits qui changeront la vie des gens, j’exercerai mon métier au privé, je deviendrai prof de yoga. Je lis tout sur tout. Puis, paf! je sors de ma rêverie parce que mon homme me demande : « Qu’est-ce qu’on mange pour souper? » Je reviens sur Terre, il est déjà 18 h ce n’est plus le bon moment pour rêvasser.

J’ai toujours été ainsi. Quand j’étais plus jeune, je jouais à la mère avec mes poupées en m’inventant une vie de famille bien remplie entre les changements de couche et les boires de mes catins. Plus vieille, je me promenais dans mon village en suivant des gens pris au hasard, me faufilant dans les blocs appartements en les soupçonnant de crimes horribles.  

À l’adolescence, je couchais régulièrement avec Nick Carter. Ce gars‑là il m’en faisait vivre des affaires! Je me suis mise à écrire ce que je ressentais comme la fois où il m’avait regardée dans les yeux au Centre Molson alors que j’étais au dernier étage. Il me l’avait dit avec son regard que c’était moi la plus belle de la place. Ce petit cahier fleuri offert par ma mamie contient toute notre histoire à Nick et moi.

Cette semaine, j’ai écouté un reportage. L’instant d’après, je me voyais vendre ma maison, les voitures et plier bagage pour partir à l’aventure avec ma famille sur un autre continent. Pourtant, je l’aime ma vie, je ne changerais en rien ce qu’elle est. Je suis heureuse et comblée, mais c’est plus fort que moi. Je suis comme ça, je l’ai toujours été. Je me raconte des histoires qui me font rêver. D’ailleurs aujourd’hui, je suis une auteure à succès!

Julie De Pessemier



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