Le Café Central
Frampton, un petit village d’origine irlandaise en Beauce. Environ 40 minutes de route des ponts de Québec et un décor majestueux avec ses collines ainsi que la beauté des forêts et des montagnes qui accompagnent les routes pour se rendre dans ce beau village parsemé de magie.
Oui, c’est là que j’ai grandi. Sur la terre de mon grand-père qui avait un moulin à scie autrefois, en plus de mettre sur pied une compagnie d’autobus scolaires.
Ma grand-mère, elle, avait ouvert un restaurant dans un autobus qu’elle a dirigé pendant six ans et qui se nommait, je crois, La Patate. Par la suite, elle a fait construire son restaurant en plein centre du village à côté de l’église. C’est devenu le Café Central.
Elle a tenu ce restaurant pendant 38 ans. C’était comme le cœur du village. Il y avait deux petites salles à manger ainsi qu’un grand comptoir. Les jeunes pouvaient se divertir en jouant aux arcades ou manger de la crème glacée molle. Les bonbons, chips, chocolats, etc., étaient présents pour satisfaire toutes les demandes. On pouvait également louer des vidéos. Bref, il y avait de tout.
Dehors, il y avait aussi de longs bancs en bois devant le restaurant, où les gens pouvaient s’asseoir et échanger sur la rue principale. Sans oublier les pommiers du voisin Turcotte à l’arrière, où les jeunes allaient cueillir les petites pommes vertes et dures pour faire la guerre des pommes. Bien sûr, il ne faut pas oublier la fameuse haie de cèdres des Turcotte qui servait de tortures aux jeunes qui voulaient faire partie du groupe.
Ce restaurant était ouvert presque 24 heures sur 24 les fins de semaine. C’était le centre de rencontre pour tous les gens du village. Lorsque les bars fermaient, les gens allaient manger au restaurant. Il servait aussi pour les sorties de familles! Beaucoup de familles se réunissaient à cet endroit pour déguster la bonne cuisine de ma grand-mère.
C’était également l’endroit idéal pour les jeunes filles du village pour obtenir un emploi d’été ou de fin de semaine. Moi à treize ans, je travaillais au restaurant chez ma grand-mère le dimanche soir et j’étais fier. Je m’occupais des commandes au téléphone et au comptoir ainsi que du comptoir de crème glacée.
Le Café Central était comme le cœur du village. C’était le centre des nouvelles. Si tu voulais être au courant de ce qui se passait, tu devais aller passer un peu de temps au Café Central.
Le jour où ma grand-mère a vendu son restaurant, tout a changé. C’était un homme d’une grande ville qui l’avait acheté. Dès les premières semaines, l’atmosphère avait changé.
Après un an, l’acheteur avait déclaré faillite. Pourtant, ma grand-mère avait tenu ce commerce pendant 38 ans. Voilà la différence : Grand-maman était toujours disponible pour avoir une bonne relation avec sa clientèle et ses employés. De plus, elle était extrêmement dévouée. Souvent, elle travaillait jour et nuit. Si elle a réussi dans la vie, c’est grâce à son courage et à son dévouement.
Bravo grand-maman!
Depuis, j’ai l’impression que Frampton a perdu son cœur. J’ai l’impression que Frampton a perdu le centre de sa force, car tout se passait là, dans ce restaurant. Aujourd’hui, ce cœur n’est plus là comme avant. Les gens sont plus sur leur téléphone ou leur ordinateur, mais dans ce temps-là, on avait seulement à marcher quelques pas pour se rendre au Café Central et on avait beaucoup plus de plaisir!
Mais ce n’est pas juste à Frampton que c’est comme cela. Partout, on dirait que les nouveaux moyens de communication ont remplacé le coeur des villes et des villages. Mais jamais, ils ne remplaceront les souvenirs.
Carl Audet