Un lendemain de veille avec des enfants
Être un parent, on va se le dire, c’est d’avoir un calendrier déjà hyper-chargé même quand on n’a rien de prévu. Parce qu’entre les horaires de boulot de papa et maman, il faut aussi jongler entre les pratiques de hockey du plus vieux, les cours de guitare du p’tit milieu et les spectacles de danse de la plus petite. Et même si ta soirée est exceptionnellement exempte de rendez-vous chez le dentiste, médecin et autres spécialistes, tu réalises que les simples tâches quotidiennes te meublent une soirée assez vite, merci !
Si bien que, quand tu reçois une invitation tentante et que tu es miraculeusement disponible, tu fais un beau X sur le calendrier et tu acceptes sans hésiter. Tu vas à ta soirée, tu rigoles, c’est le bonheur. Tu en profites, parce que malgré la fatigue accumulée, ça fait toujours du bien de sortir de la routine. T’as du fun. Mais c’est de la naïveté pure, tsé. Parce que tu sembles oublier un point primordial : le lendemain de veille. Le lendemain de veille avec enfants. Tam. Tam. Taaaaammmm.
Hein ! Avoue que tu l’avais pas calculé celui-là ! Ça fait que c’était vraiment cool, ta soirée de retrouvailles avec tes amis-de-longues-dates. Mais ce matin, tu payes le prix fort. Premièrement, t’as beau faire du déni, mais t’as plus vingt ans ! Avant, tu pouvais dormir deux/trois heures par nuit, manger de la poutine en te levant (ou une bonne vieille pizza directement d’la boîte dans le frigo), et tu partais quand même ta journée du bon pied ! Ce matin, le lendemain de veille ressemble plus à un gros coup de massue dans le ventre… T’as une migraine d’enfer, mais tu dois quand même te taper les épisodes de la Pat Patrouille avec le plus jeune qui te chante la chanson en boucle à deux pouces des oreilles. Y’a aussi ton estomac, qui se demande encore s’il a envie de garder ce qu’il a ingéré… ou pas.
Ça avait l’air d’une bonne idée pourtant, d’aller à l’enterrement de vie de garçon de Jo, ou au bachelorette de Marie. La réalité te rattrape ce matin. Parce que t’étais peut-être libre hier soir, mais t’avais omis de regarder que le lendemain (aka quelques heures après ton retour), tu devais aller à l’aréna pour le hockey du plus vieux. On va se dire les vraies affaires : Le bruit d’une rondelle qui heurte la vitre devant toi raisonne encore plus dans tes tempes qu’un marteau-piqueur en juin dans les rues de Montréal. Il fait frette, pis tu te demandes encore ce qui t’a pris de sortir hier…
Faque tu peux avoir autant de plaisir que tu veux. Tu peux ingurgiter plein plein plein de boisson. Tu peux rentrer tard (ou tôt, c’est selon…). Mais n’oublie pas que tes enfants, eux, ils se lèvent pareil aux premiers rayons du soleil (si t’as de la chance, j’veux dire). Ils vont avoir l’air de petits diables sur le redbull pendant que tu vas tenter de t’échouer sur le divan. Ils ne te laisseront pas une minute de silence, ni une heure de sieste. Ils vont quand même te demander de remettre quarante-six fois le chapeau à la poupée, de goûter à leur nouvelle recette de thé-qui-existe-même-pas et de faire Eugène parce-qu’elle-c’est-Raiponce-bon.
Ils vont aussi te bombarder à coup de câlins beaucoup trop forts et t’ensevelir d’amour, que tu le veuilles ou non. Pis tu vas te rappeler pourquoi t’es un parent. Pis tu vas assumer que ton lendemain de veille est pas mal plus dur à encaisser qu’avant, mais que tu ne reviendrais pas en arrière pour tout l’or du monde. Quoi que… peut-être juste pour un matin…