Et si on se donnait le droit
Et si on se donnait le droit…
Le droit de vivre nos émotions et de les apprivoiser pour vrai. La bienveillance, ce n’est pas que pour les enfants ! La bienveillance, c’est aussi pour les adultes. Quand un enfant traverse quelque chose, on l’accompagne, on l’écoute. Quand c’est un adulte, on lui dit de se relever les manches, d’arrêter de se plaindre parce qu’il y a bien pire dans la vie.
Je me demande souvent pourquoi nous en sommes rendus là, humainement parlant. Je sais que ça paraît bien d’être positif devant la difficulté, d’être super zen avec le truck load de roches qui nous tombent dessus. C’est donc inspirant, et on est à l’ère où inspirer est important (trop ?).
Le problème dans tout ça, c’est que les gens ne se donnent plus le droit de ventiler et d’extérioriser par peur d’avoir l’air fatigants, faibles et pessimistes. Soyons honnêtes, ça paraît donc mal de se plaindre de nos jours.
Même si le problème de l’un est moins gros que celui de l’autre, l’individu qui se trouve en difficulté ne veut qu’une oreille pour être écouté. Si on fait le choix de ne pas être cette oreille, on peut juste continuer gentiment son chemin et souhaiter bonne chance. La psychopop à 5 $ et teintée de jugements, ce n’est pas nécessaire.
C’est normal qu’il y ait des humains pour qui notre tolérance est proche de zéro. Dans ce cas, il faut seulement user de son humilité et reconnaître qu’on n’a pas envie d’être à l’écoute de cette personne. C’est mieux de se retirer et de référer ailleurs plutôt que d’être impatient et d’avoir la switch à bitch facile. On ne connaît ni l’histoire ni l’émotion de cette personne, alors on ne peut juger ce qu’elle ressent.
Switch à bitch : Quand on donne des conseils passifs agressifs afin de faire ressentir à l’autre des sentiments négatifs face à sa situation ou à lui-même.
Après tout, quand ça fait mal, ça fait mal ! On a bien le droit de vivre sa tempête intérieure. C’est tellement sain de mettre des mots sur ce qui fait mal, de prendre le temps de s’apitoyer un peu. Ben oui, s’apitoyer ! Se donner un petit temps pour se regarder le nombril, juste un peu, afin de faire une introspection de la situation et de la meilleure façon de la gérer.
Refouler ses émotions, c’est nocif pour l’esprit. Le problème c’est que maintenant, les gens refoulent plus. Ça dérange trop la société, parce que ce n’est pas beau de chialer, parce que c’est tellement plus cute de danser sous la pluie.
Mais moi, j’ai envie de vous dire :
S’il pleut fort, vous avez bien le droit de vous arrêter pour prendre le temps de constater que c’est frette, désagréable pis que vous allez friser. Vous danserez plus tard ! Entourez-vous bien, vivez ce que vous avez à vivre et surtout, prenez le temps de le faire. Ce n’est pas mieux quand on refoule et qu’on ajoute des roches à notre sac parce qu’un sac trop plein, ça finit par blesser physiquement et mentalement.
Pis hey, et si on se donnait le droit ?
Marilyne Lepage
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