Ton petit casque et toi

Quand je suis tombée enceinte de toi, mon deuxième garçon, je m’étais juré d’aller voir un ostéopathe. Question d’éviter bien des problèmes que ton frère a eus. Tu avais à peine deux semaines de vie que j’étais déjà dans ce petit bureau, très zen, à détendre ton petit corps. J’y suis allée régulièrement, mais plus le temps passait, plus nous remarquions, l’ostéopathe et moi, que ta tête devenait plate, malgré nos efforts. Un doigt, ensuite deux, et puis trois pour terminer à quatre collés pour déterminer l’étendue des dégâts.

À la maison, nous avons tenté de minimiser les dégâts. Nous te mettions sur le ventre, nous faisions travailler ta tête, regarde à droite, regarde à gauche et on recommence. Je voulais à tout prix éviter que tu aies à porter ce FAMEUX casque. Tu sais celui qui fait que les gens nous regardent de travers et que les plus « game » te demandent : « mais de kessé c’est ça c’t’affaire-là ? ». Finalement, nous n’avions plus choix si nous voulions retrouver ta petite tête ronde et ne pas avoir les conséquences de ce problème appelé plagiocéphalie.

La journée où nous sommes allés faire le moule, j’avais une boule dans la gorge, jusqu’à ce que tu aies un « genre » de bas de nylon sur la tête. Je te trouvais mignon même avec ce truc étrange. Ensuite, quand j’ai eu les choix des couleurs et des motifs, je me suis dit que les casques n’étaient pas tous laids. Il y avait un peu d’espoir de limiter les dégâts visuellement.

La semaine a passé et ton casque est arrivé. La dame te l’a mis sur la tête et au début, j’ai eu un petit pincement. Je trouvais que ça ne te ressemblait pas. Que tu avais l’air d’avoir une tête énorme. Il faut savoir aussi que je n’ai pas pensé qu’au côté esthétique de la chose. Je craignais également ton inconfort, surtout que nous étions en plein été. Une canicule avec un casque sur la tête, ça ne doit pas être génial. En plus, nous partions en vacances. Le médecin m’a dit que tu devais le porter 23 heures sur 24. Mais, que j’avais le droit de te l’enlever quand nous allions dans l’eau ou dans le sable. C’était déjà un petit soulagement. Un petit gars de six mois à la plage qui a un casque fatiguant sur la tête, ça aurait pu faire une drôle d’explosion.

Au début, je remarquais tous les regards curieux. Les gens qui comme moi avant d’avoir des enfants, ne connaissaient pas trop l’utilité de ce casque. Par la suite, ça a passé, je les ai ignorés et je me suis concentrée sur ton sourire qui me faisait craquer et sur ton bien‑être. Tu ne semblais pas inconfortable et ça me soulageait. Tu ne chialais pas plus, ton humeur était la même. Tu continuais ton développement comme un enfant avec le vent dans les cheveux.

J’ai même, un jour, apprécié ce casque, quand tu as commencé à faire ton petit cascadeur. Tu voulais te lever, mais quand tu tombais, le casque amortissait la chute (ne vous inquiétez pas, aucune grosse chute n’a été enregistrée, je ne me suis pas servi de ce casque comme un équipement de protection !) Les semaines ont passé, ta tête s’améliorait et tout semblait bien aller. Le seul petit problème a été une irritation sur ta tête. Un petit « spot » était rouge. Rien de grave ni de traumatisant.

Aujourd’hui, je suis contente d’avoir fait ce choix. Ta tête est redevenue ronde ou presque. Tu n’as aucune séquelle d’avoir eu ce truc sur ton coco. Sauf peut-être celle qui est de toujours vouloir avoir un casque sur la tête. Un casque de hockey, de pompier, de swatt, de construction, un chapeau ou une casquette.

Alors si toi qui lis, tu es un parent qui voit que son enfant aura besoin de ce petit casque, ne t’inquiète pas, tout va bien aller et le temps passe vite. Puis, comme un médecin m’a dit, ce n’est pas plus dérangeant pour eux d’avoir un casque que d’avoir une couche !

Karine Larouche



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