Les petits-enfants que tu n’as pas connus

Il y a maintenant douze ans que tu es partie, maman. Dans les heures qui ont suivi ton départ, je savais déjà que ce deuil serait suivi par d’autres. Parce que j’étais très jeune, mais assez vieille pour comprendre. Parce qu’à 27 ans, la vie, la vraie, commence.

Tu ne serais pas présente à mon futur mariage, et même s’il n’était même pas planifié à cette époque, ce constat m’avait peiné. Heureusement, tu avais eu l’occasion de côtoyer, pendant quelques années, l’homme qui partage toujours mon quotidien. Ça, c’est un grand soulagement pour moi! Je suis heureuse de penser que tu es partie en sachant que j’étais bien accompagnée et en sécurité!

Rapidement, j’ai réalisé que tu ne connaîtrais pas tes petits-enfants, NOS enfants. À cette idée, j’ai cru que j’en serais attristée toute ma vie. Ma sœur et moi n’étions pas rendues à l’étape de la maternité. Tu aurais été une mamie rigolote, c’est certain, et très « gâteau »!

Ma première grossesse et mon premier accouchement, je les ai vécus partagée entre deux sentiments : la joie de devenir mère à mon tour (le plus grand bonheur de ma vie), et la tristesse de ne pouvoir le partager avec toi.

J’ai eu tant de questions, maman, depuis la naissance des filles. Tant de questions auxquelles seule une maman peut répondre. Il n’y a qu’une maman pour se souvenir que son petit avait le hoquet, bien au chaud, dans sa bedaine… Tant de questions sans réponses. Les filles grandissent et des questions, j’en ai toujours.

J’ai des questions, mais aussi tant de bonheurs que j’aimerais te partager! À quelques reprises, il m’est arrivé d’avoir le réflexe de te donner un coup de fil : étrange sentiment…

Douze ans plus tard, je me surprends encore à envier mes amies. Elles ont la chance de pouvoir passer du temps avec leur mère. À l’aube de mes quarante ans, nos discussions seraient si différentes. Plus posées, plus réfléchies.

Expliquer à mes filles qui tu es est une tâche douloureuse. Elles sont encore petites pour comprendre. Elles savent que tu habites dans le ciel. C’est comme ça que je leur explique, pour le moment. Je leur parle de toi quand j’en ai l’occasion, le plus souvent possible.

Tu m’accompagnes d’une autre façon. Je le sens.

L’automne dernier, j’ai dû dire au revoir à mon gros Chummy, le beau labrador que tu as connu, le temps de sa première année de vie. Tu adorais ses grands yeux verts. J’ai compris, quelques mois après son départ, qu’à travers son décès, je revivais le tien. Tu aimais tant les animaux. Nous avons toujours eu un gros toutou dans nos vies.

Ce chien, c’était le dernier lien qui m’unissait à toi. Un lien qui transcendait la réalité. Un coup dur. Je ne m’en suis pas encore remise.

Ma vie continuera d’être parsemée de petits et de grands deuils, et d’évènements que je vivrai sans toi.

Ce texte, je l’écris en pensant à vous, mes amis, qui traversez les mêmes étapes. On se comprend si bien! Et au-delà du chagrin immense qui nous envahit lorsqu’on perd un parent, il faut savoir qu’on est capable de se relever et qu’on devient plus fort. Difficile à croire, mais c’est pourtant vrai.

Je t’aime maman.

xxx



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