Trouver un prénom, va-t-on y arriver?
Je ne fais pas partie de celles qui ont toujours su qu’elles voulaient être mamans. Je ne savais pas non plus le nom de mes futurs enfants hypothétiques. Adolescente, j’avais rêvassé un peu sur le sujet, mais rien qui n’avait tenu la route.
Quand nous avons décidé de devenir parents, mon mari et moi, on a un peu parlé de nos choix de noms. L’enfer! On ne s’entendait sur aucun nom. Il n’aimait pas mes choix et je n’aimais pas les siens. On a mis le sujet de côté le plus longtemps possible.
À travers nos différents, on s’entendait sur une chose : on trouvait ça difficile de nommer quelqu’un qu’on ne connaissait pas encore. Le visage, les traits, le caractère. À quoi bon s’obstiner si de toute façon, en faisant sa rencontre, le nom ne lui va pas du tout? En plus, les deux fois, on ne connaissait pas le sexe de notre enfant.
De mon côté, je me suis rappelé les enseignements d’une sage-femme qui m’a formée en périnatalité. Elle avait mentionné le fait que les bébés s’organisent pour venir nous livrer le nom qu’ils aimeraient. Bon, ça, on y croit ou on n’y croit pas. Pour elle, le bébé passe par des personnes significatives ou par une suite de coïncidences nous guidant vers le prénom choisi ou nous faisant écarter un prénom non désiré par bébé.
Nos bébés ont dû nous trouver un peu longs à comprendre les messages, parce qu’ils n’ont reçu un prénom qu’à leur deuxième jour de vie. On a pris le temps de faire connaissance et durant ce temps, on les appelait bébé, bébé d’amour, petit loup ou tout autre surnom affectueux du moment. Je me revois parler à mes bébés : comment tu aimerais t’appeler, toi? Es-tu un (insérez ici les multiples prénoms essayés) ou plus un (insérez ici de multiples prénoms supplémentaires)? Et puis, tout à coup, c’était l’évidence. Nous appelions nos familles : bébé a un nom!
Je ne saurai jamais si ce sont mes enfants qui sont venus me porter leur nom, mais pour la petite histoire, nous avons choisi le nom de mon fils en entendant mon père citer des prénoms de l’arbre généalogique qu’il était en train de construire après l’annonce de ma première grossesse. Mon père et mon fils s’aiment comme ce n’est pas possible, alors je trouve ça touchant que le nom vienne de lui, sans même que ce soit volontaire de sa part.
Pour ma fille, nous avons choisi un prénom que nous avions mis de côté après deux messages reçus. Un de la part d’une amie que j’étais allée voir autour de ma 36e semaine de grossesse parce que ça ne me tentait plus d’accoucher. Le genre de chose qui arrive quand tout à coup, tu sens la fin approchée et que le vertige est un peu grand. Elle m’a gentiment reçue et a partagé avec moi le récit de naissance de sa plus jeune. Après, j’étais réconcilié avec ce beau moment. L’autre est une amie significative qui nous aide beaucoup concrètement avec du matériel de bébé, mais aussi psychologiquement parce qu’elle est un modèle parental qui nous inspire beaucoup. Les deux ne se connaissent pas et nous ont écrit à quelques heures d’intervalle. La première avait rêvé que bébé avait un prénom et nous l’avait partagé et la deuxième l’avait suggéré en nous questionnant à savoir si bébé avait son prénom. Le pire, c’est que c’est un nom qui n’est pas commun du tout. Ça nous a rappelé un prénom auquel on avait déjà pensé, mais qu’on avait oublié. On a ajouté un « a » à la fin et voilà, nous avions un prénom gagnant.
J’adore ces petites histoires derrière le prénom de mes enfants. Des petites phrases dites sans savoir qu’elles allaient nous inspirer autant. Je suis persuadée par contre que mon mari vous dirait que nos enfants n’ont pas eu de noms pendant deux jours non pas parce qu’on ne savait pas comment les nommer, mais parce que c’est moi qui n’étais pas capable de me brancher. Moins spirituel, mais tellement vrai. Et vous, le choix des noms, ça s’est passé comment?
Roxane Larocque