J’ai dit « non » – Texte : Audrey Boissonneault

J’aimerais pouvoir t’en vouloir plus que ce que j’arrive à faire. J’aimerais pouvoir ôter

J’aimerais pouvoir t’en vouloir plus que ce que j’arrive à faire. J’aimerais pouvoir ôter ma culpabilité et l’incompréhension face à certaines parties de l’histoire. J’aimerais pouvoir arrêter de m’inquiéter, parce qu’en aucun cas je devrais. J’aimerais détruire les émotions floues qui me parcourent. Bien être en retard sur ce sujet, j’ai préféré fermer les lèvres afin que ma voix tremblante ne dise rien ; je vous ai protégés et j’ai accepté vos actes avant même d’être capable de les digérer.

À toi qui n’arrives pas à contrôler tes gestes. À toi qui ne comprends pas la signification du simple mot : NON. À toi qui prends le corps des femmes ou des hommes en tant qu’objet. À toi qui t’autorisais à toucher ces parties de mon corps. À toi qui me harcelais psychologiquement. À toi qui m’as demandé de te faire confiance. À toi qui m’as manipulée jusqu’à tant qu’un oui sorte de ma bouche. À toi qui as joué avec ma naïveté. À toi qui t’es servi une partie de moi-même.

À moi, qui craignais de dire non. À moi, qui n’osais pas m’affirmer. À moi, qui ne voulais pas déplaire. À moi, qui appréhendais d’être seule. À moi, qui avais la chienne des impacts possibles. À moi, qui n’ai jamais osé crier de me lâcher.

Je n’ai jamais réussi à comprendre comment on pouvait faire ça à une personne que l’on « respecte », que l’on « aime ». En fait, c’était deux choses inexistantes. Je n’arrive toujours pas à comprendre le pourquoi. J’espère que vous vous êtes contentés de moi et qu’aucune autre personne n’a dû subir le même sort, quelle que soit la façon. Et si par malheur, oui, j’espère qu’elle a eu le courage de vous crier haut et fort d’enlever vos mains ainsi que vos paroles inappropriées.

Ma tête n’a aucune idée si vous avez réalisé vos actes. Mon cœur sait que de nombreuses cicatrices s’y trouvent encore. J’ai choisi de vous pardonner, pour réussir à avancer alors que de mon côté, le questionnement reste présent. Mes mains moites et mon regard vitreux ne peuvent s’empêcher de repenser à ces moments. Le serrement à la poitrine me rappelle que je n’oublierai jamais ces images.

Mes lèvres se sont entrouverte pour te dire, non. Plusieurs fois, alors que mon regard disait, déjà, tout.

Audrey Boissonneault