J’ai peur
J’ai déjà lu quelque part qu’on ne peut connaître véritablem
J’ai déjà lu quelque part qu’on ne peut connaître véritablement ce qu’est la peur… qu’une fois qu’on devient parent. C’est une des choses les plus tristement justes qu’il m’ait été donné de lire dans ma vie.
J’ai peur.
J’ai peur des ballons qui s’échappent dans la rue. Du conducteur possiblement ivre dans la voiture qui arrive dans la voie opposée. Des plaques de glace qui bousillent des vies.
J’ai peur de l’intimidation, dans chacune des formes qu’elle peut prendre.
J’ai peur des catastrophes naturelles. Des super bactéries résistantes aux antibiotiques.
J’ai peur des fous de dieux qui ne trouvent rien de mieux à faire que de décharger leur haine à grands coups d’arme automatique au milieu de foules terrorisées.
J’ai peur des grands maux soudains qui viennent te faucher en quelques semaines. Ou moins. Peur de ne plus être là. Peur qu’eux ne le soient plus.
J’ai peur des mégalomanes narcissiques qui ont les clés du monde dans une main et le bouton rouge de la prochaine Guerre mondiale dans l’autre.
J’ai peur des esprits dérangés qui pourraient poser leurs mains sales sur mon petit monde à moi. Qui pourraient m’enlever mes bébés pour toujours. Ou me les retourner, brisés à tout jamais.
J’ai peur de la culpabilité de ne rien avoir pu faire. Peur de la culpabilité de l’avoir fait, pour le pire.
Peur de ça, peur de bien plus encore.
J’ai peur de tout, tout le temps.
Mais je suis une maman.
Alors je lève la tête.
Je garde le menton haut et j’avance en me répétant que tout ira bien, même quand la peur vient me chatouiller le ventre de ses longs doigts glacés.
Pour que mes enfants grandissent, les yeux confiants.
Pour que chaque jour, ils voient le beau et fassent le bien.
Et pour que le monde fasse un peu moins peur quand ils seront à leur tour parents.
Mais certains jours, c’est plus facile à dire qu’à faire.
J’en ai bien peur.
Zabethe Boucher