Mon troisième – Texte: Jessica Archambault
J’ai souvent lu ou entendu qu’un deuxième ou un troisième enfant, bien qu’on l’aime autant, ce n’est pas comme le premier. Du déjà vu, donc, forcément, moins de magie. Plus de broue dans le toupet, donc moins de temps pour savourer et profiter… Encore une fois, la semaine dernière, je voyais passer sur mes réseaux sociaux une publication humoristique sur le sujet ; alimentation moins santé, moins de souvenirs, moins de critères pour choisir les jouets, la gardienne et autre. On y comparait les efforts et l’énergie attribués au premier, au deuxième et au troisième enfant.
Je ne suis pas d’accord. Du moins, ça ne reflète pas notre réalité.
Mon troisième est né en août. Nous étions, et sommes encore, dans une période intense de grands chamboulements : rénovations majeures, entrée à l’école de l’aîné, et j’en passe. Nous avons mille et une raisons d’être moins disposés, plus distraits… Mais ce petit troisième nous ramène à l’essentiel.
Il est vrai que nous sommes plus relaxes et que nous nous inquiétons moins facilement, mais ce n’est pas parce que celui‑ci passe inaperçu, c’est simplement parce que, forcément, au troisième, nous nous sentons plus en contrôle, nous avons plus d’expérience qu’au premier. Cependant, ses pleurs de bébé enrhumé me chavirent tout autant le cœur.
Mon bébé, si désiré, si attendu, par nous tous, ses parents et ses frères. Nous avons attendu (un peu), pour être raisonnables (un peu), mais nous avions si hâte qu’il se joigne à nous. Ses frères étaient si enthousiastes à l’idée d’avoir un bébé. Il n’a pas seulement fait sa place facilement, il a pris la sienne, tout naturellement. Une place qui l’attendait, comme s’il avait toujours été là. Il y a quelques ajustements logistiques, évidemment, mais qui nous semblent si mineurs. Il s’est joint à nous en douceur, avec ses câlins, ses sourires, son calme, sa douceur et ses rires.
Grâce à lui, on ralentit, on se pose, on savoure, on profite. Même si on est brûlés et que tout va vite autour de nous, que c’est le bordel… son visage qui s’illumine quand il croise notre regard, sa voix quand il gazouille… tous ces petits moments du quotidien avec lui rendent tout plus doux, plus lumineux, plus léger.
Notre troisième : bébé bonheur, bébé douceur. Il n’est pas moins spécial que ses frères. Il l’est à sa façon. Il n’y a peut-être pas la magie des découvertes du premier, mais il y a la magie des découvertes avec ses frères, de les voir prendre soin de lui, le faire rire, se préoccuper de lui. Surtout, on sait ce que ça implique, on sait ce qui passe trop vite, alors on veut profiter, savourer toutes les petites joies. On ne sait pas si ce sera notre dernier, alors on ne veut rien manquer.
La magie est là et on fait des réserves de doux et de beau. On se remplit le cœur au bord de l’explosion d’amour, grâce à notre troisième.
Jessica Archambault